Il faut savoir une chose, c'est que lors de mon adolescence entre 17 et 20 ans environ, j'éprouvais de la honte à ne rien faire le soir du nouvel an. Je subissais en effet l'écrasante pression sociale des gens de mon âge que je côtoyaient au lycée qui pour eux nouvel an = soirée entre nombreux potes avec alcool qui coule à flot et fin de la soirée au petit matin. Le regard de mes parents comptait aussi pour moi, je n'osais pas leur dire que je n'avais rien de prévu et donc que je passe la soirée et donc le nouvel an seul dans ma chambre comme le puceau asocial et harcelé au lycée que j'était.
Alors en cette fin d'année 2011 (j'avais alors 19 ans), vers les deux dernières semaines de décembre et alors que j'était en terminale et que les vacances de Noël avaient commencée, je redoutait le 31 qui approchait et que j'allais passer seul. Il me fallait un plan. Que j'invente que j'avais quelque chose de prévu à mes parents qui le soir du 31 recevaient des dizaines d'invités pour fêter le nouvel an.
Il était hors de question pour moi (rien que d'y penser me terrifiait) d'être seul dans ma chambre comme une merde avec mes parents qui cri mon prénom en bas pour que je vienne dire bonjour aux invités dont l'un d'eux m'aurait forcément dit "tu passes pas la soirée avec des amis" ? J'aurais été foudroyé de malaise et de honte.
Non, il était hors de question d'être à la maison ce soir la, mais que faire alors ? Températures froides dehors et bien sûr aucun plan pour m'inviter chez quelqu'un, j'allais devoir passer la nuit dehors pourtant alors il me fallait un plan.
Ce plan a germé dans mon esprit quelques jours avant la date fatidique. Il fallait que je parte vers 19h00-20h00 en faisant croire à mes parents que je vais rejoindre des potes, et en partant je prend discrètement les clés de voiture de mon père pour me cacher dedans toute la nuit. En y repensant 12 ans plus tard le plan était bon et cohérent, le seul risque résidait à ce que mon père se rende compte que ses clés ne sont plus la, qu'il aille voir à la bagnole et qu'il me voit dedans, allongé sur la banquette arrière (ce qui heureusement ne s'est pas produit, j'imagine pas le malaise innommable qui m'aurais poursuivi durant des décennies).
Le soir du 31, j'ai maintenu mon plan, et j'ai pris ses clés avant de partir. Il n'avait rien remarqué. J'ai fait croire à mes parents que je rejoignait des potes alors que je me suis immédiatement réfugié dans sa voiture. Le temps m'a paru interminable. J'avais un peu de vodka au fond d'une petit bouteille en plastique, sans doute avais-je prévu de me souler la gueule pour somnoler et moins voir le temps passer.
Je me souviens avoir regardé des vidéos sur mon tel, puis vers... 02h00 ? 03h00 ? J'en ai eu marre et suis rentré, en prétextant à mes parents que la soirée était finie.
Au final tout s'est déroulé comme prévu. J'ai réussi à passer la soirée dehors, esquiver les invités et passer pour un yeslife devant mes parents alors que j'ai passé la soirée caché dans la bagnole du paternel. Il ne s'est d'ailleurs pas rendu compte que les clés de sa voiture n'étaient plus la, je les avaient remise discrètement dans la coupelle à clés en rentrant. Je me souviens que mon père s'était étonné que je rentre seulement à cette heure la, mais il est passé à autre chose dans la minute qui a suivi et ne m'a jamais posé de questions.
La morale de cette histoire effarante ? J'avais le cerveau mangé par la pression sociale et tout ces gens (mes parents compris) qui te font croire que le 31 ne se fait pas autrement qu'avec des potes de l'alcool de la fête etc. Passer la soirée seul dans sa chambre était vu comme une honte absolu par mes camarades scolaires, et mes parents (surtout mon père) auraient pu être dans le jugement aussi. C'est donc pour ça que j'ai échafaudé ce plan choquant, guidé par la façon de pensée des autres en me persuadant qu'ils avaient raison, qu'à 19 ans il était anormal et honteux de ne pas faire de soirée entre pote.
Pourquoi j'écris ce souvenir ? Je ne sais pas vraiment. Surement parce qu'il m'a marqué et qu'il symbolise bien une époque très compliquée pour moi ou j'était incapable d'avoir ma propre personnalité et ma propre façon de penser.