La rencontre a lieu dans un immeuble discret du quartier de Shinagawa, dans le sud de Tokyo. Assis dans un canapé, dans une pièce tout en longueur située au dernier étage, Masatoshi Kumagai, l'un des "parrains" les plus puissants de la mafia japonaise - ceux que l'on appelle les yakuzas -, a accepté de parler de son business. Autour de lui, ses hommes de main, tout de noir vêtus, semblent sortir d'un film de Takeshi Kitano. L'un d'eux, nuque de taureau et regard dur, a un doigt coupé - une pratique courante chez les yakuzas. Lorsqu'il a commis une faute grave, le gangster se tranche une phalange, l'enveloppe dans un linge et l'offre à son patron en signe de contrition.
Il est exceptionnel qu'un chef mafieux lève ainsi le voile sur ses activités. Pourquoi l'a-t-il fait pour L'Expansion ? Parce que notre façon d'aborder le sujet - sous un angle économique - lui a plu. Pas de sensationnalisme ici : les yakuzas sont bien une réalité économique dans l'archipel, avec plus de 80 000 hommes regroupés en "familles", à la manière des mafias siciliennes. Le clan Inagawakai, dont Kumagai est l'un des boss, est une véritable entreprise criminelle. Sans doute l'homme veut-il aussi rétablir certaines vérités. Il le dira plusieurs fois durant l'entretien : "Il y a beaucoup de fantasmes et d'exagération médiatique" autour des yakuzas. On les voit toujours plus forts, toujours plus riches. "C'est plutôt la tendance inverse", affirme-t-il. Selon lui, les 22 clans yakuzas recensés au Japon sont en déclin. La "faute" à l'Etat nippon, qui, dit-il, a déclaré la guerre à la mafia il y a deux ans.
Rappel des faits : le 17 avril 2009, le maire de Nagasaki est assassiné en pleine rue par un yakuza. Qualifié de "défi à la démocratie" par le Premier ministre de l'époque, ce crime scelle la rupture du "contrat" qui liait l'Etat et les yakuzas. Pour comprendre comment une telle tolérance a pu exister, il faut revenir quelques décennies en arrière. Après la Seconde Guerre mondiale, d'abord, lorsque l'Etat japonais recourt aux yakuzas pour lutter contre les gangs chinois et coréens qui gangrènent le pays. Dans les années 60, ensuite, quand la pègre brise les grèves ouvrières avec la bénédiction du parti conservateur.
L'Etat étant neutralisé, la "pieuvre" nippone peut déployer ses tentacules. Racket, jeux, trafic de shabu (amphétamines), prêts usuraires, prostitution... Les mafias s'enrichissent. En 2004, un économiste, Takashi Kadokura, évalue leur trésor de guerre à plus de 6 milliards d'euros ! Adulés, admirés, les yakuzas s'affichent dans les soirées de la jet-set, l'argent coule à flots. Trop d'arrogance ? En 1992, une loi, dite "antigang", est votée pour réduire l'influence et la visibilité des yakuzas. Mais il faudra attendre dix-sept ans pour qu'elle entre en vigueur.
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/la-mafia-japonaise-cherche-un-nouveau-business-model_261536.html
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http://lexpansion.lexpress.fr/economie/la-mafia-japonaise-cherche-un-nouveau-business-model_261536.html?p=3
Intéressant
Mais je comprend toujours pas qu'il ait accepté d'ouvrir ses portes aux journalistes, il s'attend à quoi ?
"Il n'y a plus vraiment de frontières entre le monde légal, celui des traders, et le monde illégal, celui des yakuzas."
Qu'est-ce qui a changé ?
Les 2 sont des criminels.
Normal des anciens membre des yakuzas se sont reconvertis dans le monde du business ou bien de la politiques, c'est pareil avec la triade ils se sont adaptés mais ça veut pas dire qu'ils ne sont plus pour autant corrompus, c'est pourquoi il les met au même niveau.
Il y a pas longtemps Arte a diffusé un documentaire sur les yakusas où ils suivaient le parcours d'un jeune, le deal était que les journalistes ne filment pas leurs activités illégales
Ce passage est assez énorme :
"Quel type d'individu recrutez-vous? Et comment les jaugez-vous?
De jeunes voyous, principalement. Ce n'est pas moi qui les embauche directement, ce sont mes hommes. Après, j'observe ces nouvelles recrues, je regarde la façon dont elles saluent, dont elles servent le thé. Je juge leurs aptitudes. Je vois tout de suite les futurs "chasseurs" - ceux qui sauront développer le business. Parfois, nous avons des problèmes avec nos jeunes. Ils n'ont pas la même mentalité que nous. Quand ils font une grosse bourde, ils s'enfuient. Ce n'est pas une attitude digne. Le pis, c'est que, lorsque nous les rattrapons et que nous les passons à tabac pour les remettre dans le droit chemin, ils vont voir la police pour nous dénoncer ! Nous, quand nous étions battus par nos aînés, nous leur criions "Merci beaucoup" à la fin. Les jeunes ne respectent plus les règles."
Sa gang a aidé les sinistrés lors du tsunami en distribuant 100 tonnes de bouffe.
C'est comme le reportage qui nous montrais un parrain russe a Nice(il est pas caché) bien aux chaud quand il devrait être en prison.
J'ai explosé au commentaire de XKCD
"Dans les années 60, ensuite, quand la pègre brise les grèves ouvrières avec la bénédiction du parti conservateur. "
Certains sur le forum se rêvent déjà yakuzas.
Mais il paraît que dans certains cas, ils ont de l'utilité, par exemple ils servent de police de proximité dans certains quartiers, permettent de conserver la tranquilité, renseignent les passants... Enfin ça reste des gangsters.
J'ai presque la larme à l'oeil
C'est triste de voir un groupe criminel se paupériser à ce point.
imthere l'escroc capitaliste ne pouvait passer à côté d'un article aussi sensationnel que minable, focalisé sur le pognon.
"quand la pègre brise les grèves ouvrières avec la bénédiction du parti conservateur. "
on dirait une méthode sarkozyste