CONNEXION
  • RetourJeux
    • Tests
    • Soluces
    • Previews
    • Sorties
    • Hit Parade
    • Les + attendus
    • Tous les Jeux
  • RetourActu
    • Culture Geek
    • Astuces
    • Réalité Virtuelle
    • Rétrogaming
    • Toutes les actus
  • RetourHigh-Tech
    • Actus JVTECH
    • Bons plans
    • Tutoriels
    • Tests produits High-Tech
    • Guides d'achat High-Tech
    • JVTECH
  • RetourVidéos
    • A la une
    • Gaming Live
    • Vidéos Tests
    • Vidéos Previews
    • Gameplay
    • Trailers
    • Chroniques
    • Replay Web TV
    • Toutes les vidéos
  • RetourForums
    • Hardware PC
    • PS5
    • Switch
    • Xbox Series
    • Overwatch 2
    • FUT 23
    • League of Legends
    • Genshin Impact
    • Tous les Forums
  • PC
  • PS5
  • Xbox Series
  • PS4
  • One
  • Switch
  • Wii U
  • iOS
  • Android
  • MMO
  • RPG
  • FPS
En ce moment Genshin Impact Valhalla Breath of the wild Animal Crossing GTA 5 Red dead 2
Etoile Abonnement RSS

Sujet : La Trahison du Héros

DébutPage précedente
12
Page suivanteFin
Carnavale Carnavale
MP
Niveau 10
23 septembre 2008 à 18:46:35

Au lendemain de la défaite de l'équipe de France de football au Mondial 2006, Zinédine Zidane, qui avait été porté aux nues comme le Champion (au sens fort du terme), le héros du Mondial à fonction messianique, avait agi de manière honteuse en répondant par la violence physique aux insultes du footballeur italien Matterazzi.

Une icône tombe.

Au lendemain de la Révolution Française, le Général Bonaparte prend la tête du pays et, après avoir apaisé les ardeurs populaires, s'est lancé dans une campagne où l'héroïsme, la gloire, et le courage, étaient des mots qui redevenaient valeurs, espoirs, projets d'une nation nouvelle. Mais le temps passe, les conquêtes se succèdent et Bonaparte devient Napoléon Ier, restaurateur sournois d'une certaine forme d'Ancien Régime, en instituant l'Empire. Déception pour les futurs Romantiques du 19e, qui avaient misé tous leur espoir sur cet homme.

Une icône tombe.

Certains journalistes traquent aujourd'hui en permanence les mille et un détails, faits et gestes, qui pourront contribuer à entacher légèrement, voire dégrader, et même jusqu'à détruire, l'image des "héros" modernes, personnalités singulières qui sont censées porter les valeurs, les préférences, les idéaux d'un peuple, ou d'une partie du peuple.

Ainsi tombent, tombent, tombent, les petites marionnettes : stars people (Britney Spears), politiques (Sarkozy), sportifs (Laure Manaudou), personnalités de toutes sortes...

Toutes ces observations pour en arriver à la réflexion suivante : j'ai l'impression que nous ne cessons d'être en quête de l'icône, de la figure providentielle qui réunirait et synthétiserait toutes les perfections que nous ne sommes pas, et que, face au dévoilement de l'humain dans le héros (en fait divinisé), on éprouve comme un sentiment de trahison, ce qui peut expliquer en partie la manque de foi dans les valeurs qu'on peut retrouver comme une certaine tendance actuelle...

Qu'en pensez-vous ?

Pasfou Pasfou
MP
Niveau 10
23 septembre 2008 à 20:29:39

A la base, une icône, c'est une peinture, une image.

L'image reste (Zidane marquant deux buts de la tête ; Manaudou remportant ses médailles...).

Elle est simplement remplacée par d'autres images postérieures (Zidane donnant un coup de boule ; Manaudou en pleurs dans les bras de Nelson Montfort).
C'est dû au fait que la vie n'est pas une image, un instant arrêté artificiellement, mais un film continu.

Une seule solution pour que l'image soit figée, que l'icône ne soit pas remplacée : la mort.

ex.: James Dean ; Marilyn Monroe (à comparer avec Brigitte Bardot, qui a vieilli) ; Ayrton Senna.

Par ailleurs, l'icône subsiste dans une version réactualisée.

L'égérie d'une marque, devenue trop vieille, est remplacée par une plus jeune.
Manaudou est remplacée par Bernard.
etc....

L'icône symbolise le modèle, l'objectif. Elle produit des effets didactiques. En engendrant le rêve, elle incite à se dépasser, au nom de la foi que l'on éprouve à l'égard du modèle.

Le pouvoir de l'icône est limité par le carcan humain qui a servi de base à cette dernière (lorsque la personne retombe, on se rappelle qu'elle est humaine, et le pouvoir incitatif de l'icône diminue également d'intensité).
L'icône n'en demeure pas moins formatrice.

Pasfou Pasfou
MP
Niveau 10
23 septembre 2008 à 20:48:35

En outre je pense que, dans un monde idéal, l'icône devrait toujours tomber d'elle-même, indépendamment de toute déchéance.

Une plante n'a besoin d'un tuteur que pendant sa croissance.

Un adolescent a besoin d'une référence ; un adulte, lui, n'a en théorie plus besoin d'une référence. Il marche de ses propres pas ; il a arrêté de suivre les traces du Père pour suivre son propre chemin.

Le besoin d'icône est peut-être le symbole d'une société restée adolescente.

Diakonos Diakonos
MP
Niveau 10
24 septembre 2008 à 18:19:58

Une plante ne finit jamais de grandir.
Un humain, c'est pareil, il a besoin de références jusqu'à sa mort.
Ensuite, le système crée énormément de références qui étouffent et/ou désorientent l'homme vers un but qui lui échappe.
D'ou la difficulté de trouver un équilibre : la politique change tout les 4 ans (voir moins) en France.
Les références sportives aussi tout les 4 ans...
Le monde de la musique est plus variable mais peut on vraiment les qualifier de références... du moins, valable ?

Qu'est ce qu'une bonne référence ?

Pasfou Pasfou
MP
Niveau 10
24 septembre 2008 à 20:11:38

A un certain stade, une plante est assez grande et forte pour pouvoir pousser droit d'elle-même.

Un humain, c'est pareil (il peut avoir des références, mais il n'a plus besoin d'une Référence, au sens de modèle).

Voilà quel était le sens de mes propos.

katoey- katoey-
MP
Niveau 9
25 septembre 2008 à 03:21:34

Moi, j'aime Renaud. :coeur:

Evidance Evidance
MP
Niveau 8
25 septembre 2008 à 14:18:58

Ce qu'on considère comme un héros peut être perçu en psychanalyse comme l'idéal du moi sublimé ( je vous renvoie à la notion j'ai la flemme ) donc d'une certaine façon lorsque ce héros tombe c'est nous même qui tombons. C'est là dessu que joue des trucs comme Shrek ou Hancock, c'est un peu une façon de dire acceptez vous comme vous êtes ^^. Zidane en 2006 c'était pas un joueur de foot, c'était l'allégorie d'une France qui gagne, un idéal du moi à grande échelle tout comme Hitler en Allemagne... Je pense que c'est pas forcément une " bonne " chose, bien que je mets pas du tout au même niveau ces deux monsieurs.

Diakonos Diakonos
MP
Niveau 10
25 septembre 2008 à 16:45:00

Joli pensée Evidance.
Je pense que tu fais mention de Hegel (mais je peux me tromper)

Pasfou, a ce niveau là, on peut ajouter les catastrophes climatiques qui peuvent tout détruire... et le fait que les plantes peuvent vivre plus longtemps que nous.

Ensuite, c'est vrai que ces idées, ça renvoie à la philosophie des Lumières... et à Sartre, plus récemment.

Si on remonte plus loin, ce besoin de Héros et/ou ce désir de se détacher de ces modèles de référence, c'est quasiment biblique.

Pasfou Pasfou
MP
Niveau 10
25 septembre 2008 à 17:05:28

Une icône est-elle un héros ?

Certains adoraient le veau d'or, en avaient peut-être des icônes. Pourtant, à ma connaissance, le veau d'or n'a jamais été un héros.

Par ailleurs, le héros classique meurt. Par exemple, Hector ou Achille.
Le héros peut s'exprimer aussi dans son sacrifice, dans sa chute.

[Et nous ne tombons pas nécessairement avec lui.]

Diakonos Diakonos
MP
Niveau 10
25 septembre 2008 à 18:39:05

Tu as raison, je me détourne de l'idée de Héros.

et l'épisode du veau d'or, ce n'est pas vraiment ce que je pensais.

Non, l'histoire de la Bible, le fil rouge, c'est l'histoire du choix de l'homme, de suivre les principes de Dieu... ou ses propres principes. Et la chute vient rapidement dés que l'homme choisir d'être son propre chef. (et donc de la légitimité du Créateur à diriger Sa création).

et ton idée du Héros dans le sacrifice, c'est presque Jésus Christ, hoho.

revenons à la philosophie :
L'énoncé de pousse à une autre réflexion.

Un Héros est-il universel ?

Zidane a fait figure de héros en 1998... mais... lors de la défaite contre les italiens, il a chuté certes...
Zidane est connu dans le monde entier (même au Japon, cf ma femme).
Pourtant, il est relié à la France. Et pour les Italiens, c'était comme une cible à abattre, si j'ose dire.
Que doit on en penser ?

Carnavale Carnavale
MP
Niveau 10
25 septembre 2008 à 18:58:22

Ne nous éloignons pas trop du débat, j'aime l'explication d'Evidance sur le rapport de la masse au héros, le héros comme idéal d'un moi sublimé.

Mais ce que je veux dire c'est qu'on vit toujours dans la nostalgie de l'homme qui porterait la masse, qui fédèrerait, produirait l'unité, laisserait discerner un espoir pour soi. Le héros est modèle et lorsque le modèle contredit ce qu'il est par une action incompatible avec l'idéal qu'il représente (ou du moins celle qu'on s'est construite) il casse cet élan positif, et redevient homme, commun parmi les communs.

Aussi, un personnage comme le président de la République qui se distingue par sa fonction des autres citoyens est, dans la configuration actuelle, un peu pensé comme le substitut d'un Roi - car je suis convaincu que nous, Français, vivons dans le désir de l'homme fort, ce à quoi Sarkozy a pu sembler répondre lors de sa campagne.

Dès lors, lorsque le Roi, qui dans l'Ancien Régime, ne pouvait être approché, touché, ou alors en de rares occasions, et par des âmes choisies, se commet ou se complaît dans des situations qui effleurent le domaine du trivial, de la relation amoureuse, du terrain sentimental et familial en somme, où tout un chacun, depuis la fillette de maternelle qui connaît les premiers émois amoureux jusqu'aux vieillards lassés par l'inconstance du coeur (désolé pour les clichés), peut avoir un avis, émettre un jugement, et même surtout des opinions, alors le Roi redevient homme.

Pourquoi Louis XVI a-t-il été détesté lorsqu'on a découvert sa fuite lors de la Révolution Française ? Parce qu'il avait trahi le symbole qu'il représentait (et qui était déjà sérieusement remis en cause par le siècle), et parce que surtout il anéantissait tout espoir de sauver la monarchie et ce qu'elle promettait d'idéaux, surtout si elle avait été renouvelée, modernisée, par sa tranformation en monarchie parlementaire. Avant sa fuite, le Roi avait encore une certaine popularité (bon, la Reine, beaucoup moins), mais fuir, c'était trahir le symbole.

Attention de ne pas confondre icône (image symbolique, riche en significations, porteuse de valeurs) et idole : le veau d'or était une idole, une image païenne factice sans signification à laquelle les Juifs de l'histoire ont voué temporairement une adoration aveugle.

Dès lors, il peut être intéressant en effet de distinguer le héros icône (Zidane, Napoléon), et le héros idole (star people, ou de la chanson, Britney Spears...). (A noter qu'un héros icone peut aussi être un héros idole : Zidane en est un bon exemple).

Mais dans les deux cas, ces héros signifient, évoquent, renvoient à des valeurs, des images, qui ont un impact sur la personnalité de ceux qui leur reconnaissent leur statut. Et par conséquent, déroger au modèle qu'ils créent de leur personne, c'est trahir et décevoir ceux qui y ont prêté foi.

Et cette désillusion peut alimenter en partie un certain cynisme désabusé, généralisé.

Pasfou Pasfou
MP
Niveau 10
25 septembre 2008 à 22:34:39

Juste une question : à quelles valeurs vous renvoie un "héros" "icône" comme Zidane ou Napoléon ?

Moi, quand je pense à Zidane, instinctivement, les idées qui me viennent à l'esprit sont "grand footballeur" (pas une valeur, juste son accomplissement), "black blanc beur" (simple slogan publicitaire), "la victoire est en nous" (autre slogan publicitaire), "argent roi" (il a bien profité du système et était grassement payé), "créatine" (il a déjà dit qu'il en prenait).

Le coup de boule de 2006 vient rajouter un petit point négatif de plus, mais je ne peux pas dire que cela bouleverse l'ensemble.

Pour Napoléon, je pense à "conquérant", "empereur", "stratège", "boucher", "technocrate", "autoritaire", "code civil", "préfets", "brillant administrateur", "mise en scène" (il a mis en scène certains épisodes de sa vie, comme par exemple son exil).

Même s'il a trahi les valeurs de la révolution (mais la Révolution, cela m'évoque la Terreur, donc pas forcément quelque chose de très positif), il est généralement surtout vénéré pour sa période post-révolutionnaire.

Alors, bien évidemment, ils me renvoient à des valeurs... Mais d'une part, même si je ne songe qu'à leur période d' "état de grace", les valeurs auxquelles ils me renvoient sont loin d'être toutes positives (et je pourrais faire de même avec Sarko et tous les autres).

[Par exemple, pour prendre l'exemple de Sarko, le seul reproche que je pourrais lui faire n'est pas d'avoir chuté, mais d'être resté le même.
Il brassait du vent avec énergie pendant sa campagne (ce qui est normal, car il était en phase de séduction publicitaire) ; là où j'espérais qu'il brasserait des dossiers avec énergie une fois élu, il a continué à brasser du vent avec énergie (ce qui est moins normal).]

Par ailleurs, ce sont loin d'être les seuls à me renvoyer des valeurs. Ronald McDonald ou Mickey me renvoient aussi à des valeurs...

Bref, cela ne me gêne pas que l'on parle de héros qui véhiculent des valeurs, véritables moi sublimés et, qui en chutant, redeviennent humains et engendrent un sentiment de trahison et de désillusion.

Mais, quelque part, et personnellement, lorsque l'on me parle de Zidane ou consorts, cela ne me paraît pas du tout cadrer avec le joli scénario que l'on m'a précédemment exposé (ou alors, c'est mon moi qui est tellement sublimé qu'il en est devenu imperceptible).

D'où ma question, pour savoir si je suis le seul à éprouver ce malaise.

Pasfou Pasfou
MP
Niveau 10
25 septembre 2008 à 22:39:18

Ajout : Pour Napoléon, autre grand moment de mise en scène : son sacre (mise en scène d'autant plus forte qu'elle nous est parvenue intacte grâce aux tableaux de David commandités par Napoléon et visibles au Louvre).

Carnavale Carnavale
MP
Niveau 10
25 septembre 2008 à 23:21:55

C'est pour ça que je parlais de héros "pour le peuple ou une catégorie du peuple". Après, personnellement, on n'est pas forcément inclus dans la masse qui vénère. Mais on peut faire partie d'une autre qui vénère un personnage pour d'autres raisons.

Les valeurs dont Bonaparte était censé être le champion, pour la génération des Romantiques du 19e siècle, c'était celles du slogan de la Révolution (la Terreur est un événement, pas une valeur, la Révolution ne peut se réduire aujourd'hui à des événements sanglants. C'est une guerre civile, évidemment, que c'est négatif en soi. Le tout est de comprendre pour qui ou pour quoi, cette guerre a été menée). Liberté, Egalité, (et pas encore Fraternité, d'ailleurs, notion qui apparaîtra plus tard). Et puis surtout, c'est l'abolition du système injuste de la monarchie absolue, de l'égalité pour tous, devant la loi, etc. Quand je parle de trahison c'est quand Bonaparte devient Napoléon et réinstaure l'Ancien Régime et la monarchie absolue, d'une certaine façon, en instituant l'Empire...

Quant à Zidane, il est, pour la plus grande part du peuple français, dont le coeur a battu pour le parcours de l'équipe de France, il est en quelque sorte un héros national. Mais si un héros fédère des masses, encore une fois, il n'est pas nécessairement celui à qui on adhère. Tu abordes le personange avec l'esprit critique d'un intellectuel, ce qui est très bien. Mais je voulais penser le héros dans son rapport à la globalité.

Diakonos Diakonos
MP
Niveau 10
26 septembre 2008 à 15:29:42

J'aime bien ton analyse Carnavale.
Juste une petite difficulté sémantique avec icone et idole qui, à mes yeux, ramènent au même principe d'idolatrie.

Le Héros est-il immortel ?

Carnavale Carnavale
MP
Niveau 10
26 septembre 2008 à 15:51:10

Idole et idolatrie vont ensemble. Idole est en fait un terme profondément péjoratif. Il implique un jugement de valeur, il qualifie l'image adorée comme profondément négative. Le terme icône a une signification plus large, il se rapproche plus de la notion de symbole que de la notion d'image (il s'agit alors d'une image symbolique). Si tu veux, l'idole ne représente rien d'autre qu'elle-même, alors que l'icône est une image dont la forme est transcendée par le sens qu'elle produit et suscite chez qui la regarde, et la considère comme icône.

Il faut bien sûr bien distinguer les niveaux sémantiques au sens où icône peut aussi bien être une pure image (champ lexical du religieux) qu'un personnage dont l'image incarne, représente, renvoie à des valeurs, des idéaux, des sentiments, et des projets.

Tout comme l'idole peut aussi bien être l'effigie d'une figure que l'on regarde comme telle et qui semble se suffire à elle-même pour faire l'objet d'un culte, qu'un mot pour qualifier les grandes personnalités qui, tel Johnny, "l'idole des jeunes", génèrent autour d'eux une adoration proche du culte religieux.

D'où l'idée qu'on peut à la fois être icône (Je suis Zidane, l'image du joueur français de la France, Black/Blanc/Beur, et je porte les couleurs et les valeurs de mon pays, ainsi que les grandes valeurs sportives (esprit d'équipe, discipline, courage, dépassement de soi, etc.) dans les grands tournois internationaux) et idole ("Zidane, mon dieu, mon footballeur fétiche, que je vénère car joueur absolu").

A la question : le héros est-il immortel ? Je réponds que ça n'a de sens que si on l'interroge en terme de valeurs. La question serait plutôt : le héros est-il par définition surhumain ? Et encore une fois, la réponse n'est pas dans l'état en soi du héros (on parle d'une notion abstraite quand même), mais ce qu'on (et quand je dis "on" c'est "nous", "le peuple", "moi et autrui", la norme en somme) VEUT mettre dans la notion de héros. Si la masse accepte massivement que le héros puisse avoir des défauts, la définition s'en trouve modifiée, mais à l'heure qu'il est, le héros est vécu comme le personnage pur, impeccable au sens fort, sans taches, un peu comme Tintin (bonjour les rapprochements!).

Et si Tintin se met à picoler par plaisir en vomissant sur Milou, alors Tintin décevra le modèle qu'il remplit de son être. Chaque héros vient confirmer la définition générale de l'héroïsme. Zidane est entré dans une galerie (à l'échelle contemporaine) dans laquelle, pourtant bien installé, il s'est plus ou moins rendu illégitime, en achevant sa carrière, et surtout un Mondial, sur un geste somme toute banal (par son humanité), mais catastrophique symboliquement.

Pasfou Pasfou
MP
Niveau 10
27 septembre 2008 à 00:31:11

Le capitaine Haddock, qui picole, est aussi un héros (tout du moins, ce qu'il accomplit n'est pas moins héroïque que Tintin).^^

Je ne m'étendrai pas sur l'affirmation selon laquelle le système de la monarchie absolue était injuste, avec laquelle je ne suis pas du tout d'accord, ni sur les mérites comparés de la Révolution, qui a supprimé certains droits (ex : liberté d'association ; tous les droits collectifs) et énoncé avec force le tryptique liberté, égalité, propriété, car ça serait hors sujet.

[Pour ceux qui ne me croient pas, l'article 2 de la déclaration des droits de l'Homme dispose que "Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression."
La propriété vient en 2ème place (devant la sureté et la résistance à l'oppression), et l'égalité n'est pas citée.

On voit bien l'origine bourgeoise des rédacteurs.]

Pour ce qui est de Zidane : Zidane (et plus généralement, l'équipe de France) n'a pas chuté en 2006.

L'équipe de France était "morte" dès 2002.

Si l'on resitue le contexte, l'équipe de France a tout gagné pendant 3 ans, de 1998 à 2001.

C'étaient des Dieux vivants, tous les médias répétaient à l'envie que l'on avait les meilleurs joueurs du monde, presque à tous les postes [le meilleur gardien (Barthez), les meilleurs défenseurs (Thuram, Desailly...), le meilleur joueur du monde (Zidane), les meilleurs attaquants (Henry, Trezeguet)]...

Or, en 2002, cette équipe de Dieux vivants n'a pas gagné un seul match, et pire, elle a mal joué.

C'est quand même bizarre, non ? S'ils étaient vraiment les meilleurs, pourquoi ont-ils perdu si minablement ?

La réponse est simple : c'est qu'ils n'étaient plus les meilleurs.

La désillusion est venue de là : de ce décalage entre l'image que l'on veut bien donner et de la réalité. De ce sentiment d'être pris pour un con par les vendeurs d'image.

[Ce décalage s'est retrouvé avec Sarko, ou encore avec le Tour de France.

Les coureurs du Tour étaient très populaires, et leur esprit de sacrifice émerveillait les foules.
Voir un coureur s'échapper dans une grande montée et aller au bout de lui-même, ça a un côté magique (surtout que le cyclisme est un sport très dur).

Le problème, c'est que plein de coureurs ont été pris pour dopage. Il y a eu mensonge sur mensonge.
Auourd'hui, l'image qui est proposée est toujours aussi belle, mais la magie n'opère plus, car plus personne n'y croit (on a le sentiment d'être pris pour des imbéciles).]

Donc, pour en revenir à l'équipe de France, il y a eu la chute en 2002.

Cette équipe de "meilleurs joueurs du monde" a continué à être mauvaise en 2004 (battue sans gloire par la Grèce).

Là, Zidane a pris sa retraite internationale (ainsi que plein d'autres anciens).

La qualification au mondial n'a pas non plus été brillante (à tel point que le sélectionneur a fait des pieds et des mains aux retraités qui avaient tiré les conséquences de l'échec de 2002 et 2004).

Le début de la coupe du monde 2006 a été très mauvais également pour l'équipe de France (ça jouait mal).

Plus personne n'attendait vraiment plus rien de cette équipe là.

Et là, miracle, le baroud d'honneur : pendant 3 matchs, Zidane (et l'équipe de France dans son ensemble) joue comme il n'avait plus joué depuis longtemps.

On revoit des gestes que l'on n'avait plus vu depuis des années.

La déception de 2006 c'est que Zidane, après avoir fait le plus dur pour redorer son image (3 matchs fantastiques ; un but en finale), gâche tout à quelques minutes de la fin.

Lui, qui en l'espace de 3 matchs et demi, avait fait oublier la période de disette de 4 ans qui avait précédé (la traversée du désert des héros) est retombé dans ses vieux travers en l'espace de 3 secondes.

[Si je dis "vieux travers", c'est que ce penchant pour la violence est connu de toute personne s'intéressant un minimum à l'équipe de France.
Personne n'aura oublié la fameuse coupe du monde 1998 où, par un geste vraiment pas joli contre l'Arabie Saoudite, Zidane s'était pris un carton rouge et une explusion de 2 matchs, qui avait failli être fatale à l'équipe de France (avec notamment le fameux match gagné au golden goal contre le Paraguay).
Même le Zizou version 1998 était connu pour ses mauvais penchants (et le fan de base connaît par coeur cet épisode, sans qu'il y ait besoin d'être un intellectuel).]

Ce n'était pas un sentiment de désillusion, mais de gachis.
La résurrection du héros après la traversée du désert aurait pu le faire entrer durablement au Panthéon des plus grands footballeurs mondiaux de l'Histoire (dépassant par exemple un Maradona et sa vilaine main de Dieu ; ainsi que les matchs violents de l'équipe d'Argentine en 1990).

Et là, il commettait à quelques minutes de la fin de sa carrière, une erreur qu'un enfant n'aurait pas faite...
... Les seules explication rationnelles sont soit que la pression qu'il subissait à cet instant était humainement trop forte (à l'image d'un Schumacher harponnant un Villeneuve lors du grand prix de la saison), soit qu'il avait pris un petit complément d'anabolisants et que ses hormones lui donnaient de mauvais conseils.

Bref, tout ça pour tenter de montrer que si l'on regarde attentivement, Zidane n'est pas un bon exemple. La désillusion n'est pas née de la chute (l'épisode de 2006 n'étant finalement qu'un sursaut avorté, ayant conduit à un gâchis plutôt qu'à une désillusion).

Elle est juste née du fait d'essayer de faire passer pour des héros des gens qui n'en sont pas.
Tout le monde aime bien rêver et se prendre au jeu, mais quand la supercherie est trop visible et que le spectateur se sent dévalorisé (car on le prend pour un idiot), ça ne prend pas.

[Ex.:
- Quand on essaie de lui faire croire que le coureur du tour de France qui grimpe une côte à 8% à l'allure d'une mobylette, sans une goutte de transpiration.

- Quand les médias parlent à l'envie de Manaudou en 2008, essayant de faire croire qu'elle a des chances (pour tenter de créer artificiellement un suspense), alors qu'il est clair pour le spectateur de base qu'elle ne va pas gagner, vu sa préparation catastrophique et les nombreux déboires qu'elle a traversé.]

Bref, la désillusion a d'abord pour origine l'atteinte au moi réel du spectateur (qui se sent meurtri du peu de considération que l'on a pour lui) plutôt que l'atteinte à un quelconque moi sublimé passant par le prisme du héros.

Et je ne souscris pas à la théorie de la trahison (en tout état de cause la trahison, à supposer qu'elle existe, n'émane pas du héros mais du faiseur d'image).

Pasfou Pasfou
MP
Niveau 10
27 septembre 2008 à 00:42:23

Bien entendu, tous mes exemples [Zizou 1998 et son coup de crampon magique contre l'Arabie Saoudite ; Maradona et sa main de Dieu ; Schumacher et sa conduite "sportive" (l'on pourrait également prendre l'exemple de Prost et de Senna et de leur magnifique tout droit anti sportif lors du grand prix du Japon)] montrent que héros et mauvais geste ne sont pas incompatibles [l'on n'hésite pas à ériger en icône des héros dont les mauvais côtés sont connus dès leur période de gloire (voire parfois très connus, comme la main de Dieu), et dont on sait qu'ils se sont pas des saints].

C'est pourquoi il serait hypocrite de leur reprocher leurs mauvais gestes ultérieurs (en toute logique, les mauvais gestes devraient empêcher la personne d'être icônisée ; si on l'érige en icône malgré cela, on ne peut pas lui reprocher après d'être fidèle à lui-même).

Carnavale Carnavale
MP
Niveau 10
27 septembre 2008 à 02:12:46

Oui, le faiseur d'images a une part de responsabilité, mais il faut bien que celui qui la reçoit, pour qui elle est faite, adhère à cette image pour que le mécanisme de l'illusion soit parfait. Si Zidane avait rempli le contrat de l'héroïsme, et qu'il n'avait pas fait "cette erreur d'enfant", il aurait été en parfaite cohérence avec l'image qu'on avait érigée autour de lui, à partir de lui.

Mais quel que soit le responsable de l'image, le fait est que le héros est là, peu importe qu'il soit légitime ou non, l'important, dans le débat qui préoccupe, c'est que pour une grande majorité, il incarne ce qu'on veut qu'il incarne. Il est un homme qui incarne à lui tout seul un devoir-être. Zidane aurait accompli et parachevé sa définition s'il avait été sport jusqu'au bout, et, a fortiori, s'il avait contribué avec les autres joueurs à faire gagner son équipe (et par là même les représentants de la France.).

En ce qui concerne la Révolution Française, ou même toutes les remarques en général que tu as pu faire sur les héros qu'on propulse en héros artificiellement mais qui n'en sont pas, il me semble que la nuance est de mise et qu'il serait globalement contre-productif de montrer que la Révolution Française, comme tournant historique, n'a été qu'un levier régressif. Ce n'est absolument pas le cas, même la réponse mérite évidemment d'être contrebalancée et qu'il faut en effet cesser de diaboliser l'Ancien Régime comme : système injuste, et post-révolution : système de libertés. Car entre la France d'après la Révolution et la France actuelle, il y a en effet bien eu des étapes. La Révolution a été un ferment, pas un événement final. Mais ce n'est donc pas la question qui nous préoccupe.

Quand je dis que tu réagis en intellectuel (encore une fois, il ne faut pas du tout le prendre négativement, mais je pense que ce n'est pas le cas), je dis que tu occultes cette grande majorité qui, même en connaissance des "défauts" ne va voir qu'à un instant T donné, la synthèse de la perfection dans un personnage. Peu importe les moyens, les causes, qui expliquent l'existence de cette opinion concernant cet homme; l'essentiel est qu'elle existe et qu'elle a une importance dans la psychologie du moi. Ton analyse ponctuelle du coup de boule 2006 est tout à fait lucide, mais, par son désir de relativiser et de nuancer, elle illustre bien qu'on aime fonder en un homme, un champion, les espoirs d'une reconquête de la gloire, les espoirs d'une nation redorée. (Quand la France gagne, les sondages d'opinion sur l'humeur générale sont globalement positifs).

On fait appel à des vieux briscards pour "sauver la France", on pensait Sarkozy comme l'homme qui allait sauver la France; bon, et pourquoi la déception est de taille ? Parce qu'on se rend compte qu'il est aussi humain que ceux contre lequel sa figure semblait se positionner, se définir. Le calembour est vrai : hormis pour Cécilia, il n'y a pas eu de "rupture".

Je pense que si le faiseur d'images (qu'est Sarkozy, ou qu'ont été les sponsors de Zidane) réussit autant à faire croire à l'image c'est bien parce qu'il répond à une demande d'icône, de héros. Et le faiseur d'images n'est pas bête : il ne fait pas d'un héros n'importe qui. Il tend à gommer tout ce qui pourrait faire du héros un homme, mais quand l'homme, en dépit du faiseur d'images, apparaît homme, alors l'image du héros s'effondre, et dans ce cas, il y a trahison. Mais cette trahison n'est en effet qu'un sentiment naturel éprouvé par celui qui, comme tant d'autres "malades", pourrait-on dire, se heurte à l'incompatibilité patente entre l'idéal et le réel.

On devrait rendre à l'idéal son statut de guide, et non de héros. Quand le héros chute, c'est tout le moral de la masse qui le vénère qui chute. Si le guide faillit, cela signifie que même les guides ont besoin de guides. Et dans ce cas, on crée un contexte plus rassurant.

Kanbei70 Kanbei70
MP
Niveau 10
27 septembre 2008 à 20:54:36

Juste en passant : Manaudou n'est pas une championne ; c'est une petite c**ne.

Quand on souhaite incarner les vertus du sport, on ne pose pas à poil dans les feuilles de chou. -Sans compter qu'elle n'a rien de très excitant.

~

Le héros du vulgaire (le faux), c'est celui qui porte sur ses épaules les défauts des autres : il doit nous faire imaginer qu'on est meilleurs que nos voisins (en particulier dans le domaine sportif).

En réalité, les sportifs ne sont même pas ce que l'on appellerait des représentants "dignes". Que ce soit au niveau ethnologique, social ou culturel, souvent, ils ne sont rien.

Lancer de poids.

Il nous faut un petit gros : en 6 mois, on en fait un homme.

Basket.

Il nous faut le type le plus grand possible, même s'il est nul ou arrièré (voyez l'autre c** défiler) : 6 mois de formation, c'est ce qu'il faut.

Kayak.

Pas un noir : ils ne font que de la course à pied et de l'haltérophilie.

Ainsi de suite :noel:

DébutPage précedente
12
Page suivanteFin
Répondre
Prévisu
?
Victime de harcèlement en ligne : comment réagir ?
La vidéo du moment