Enfin, toute cette histoire d'extrême-centre c'est pas bien défini.
Tout de même. C'est en gros une manière de re-convoquer la notion de parti radical de la Troisième pour montrer la continuité depuis environ un siècle, un siècle et demi, d'une gouvernance globalement libérale qui sait faire feu de beaucoup de bois idéologiques opposés avec l'appui d'une partie identifiée de la bourgeoisie plutôt d'affaires.
On voit quand même de quoi on parle même si les étiquettes sont toujours à nuancer et les liens entre cette bourgeoisie et une pensée plutôt conservatrice (en France) sont visibles.
L'idée derrière tout ça - et notamment derrière la notion d'extrême centre - c'est surtout je crois d'arrêter de vouloir considérer ces partis de gouvernance opportuns comme un standard neutre et apolitique contre lequel des propositions de sociétés différentes se dresseraient en marginalisés dangereuses ou suspectes.
L'arc Républicain, tu l'aimes ou tu le quittes oui
J'entends la logique, mais c'est plus un projet global de faire société qu'un projet purement politique aujourd'hui.
C'est partout (monde de l'emploi, transformation des centre-villes, des campagnes) et Macron est plus une conséquence qu'une cause.
C'est massif oui. Après le débat c'est de savoir si un autre modèle est possible ou non ; je crois qu'un autre serait désirable a minima, je crois que penser la possibilité d'un autre modèle c'est important ne serait-ce que pour refuser cette fausse standardisation, cette fausse neutralité parce qu'elle n'a rien de transcendant, c'est une construction matérielle qui est arrivée pour des raisons.
En ce sens la séparation là du politique et du reste n'est plus très importante, c'est une tendance et pas la personne Macron oui.
J'y pense pas mal en ce moment parce que je me suis aliéné beaucoup de (vieux) collègues récemment autour d'une formation sur la laïcité qui m'a ulcéré.
Ce qui m'a prodigieusement agacé, c'est la conviction enracinée chez beaucoup que la laïcité dure à la française est une pensée à universaliser contre, à côté ou au-delà de laquelle il est impossible de penser sans être un jeune con ou un arriéré.
Je vois la même logique dans la rhétorique des "centristes".
Oui ben c'est globalement l'horreur politique de ce siècle, avoir voulu sanctifier la République avec une fusion de la laïcité dedans.
En France, on n'a pas de pétrole et on n'a plus d'idées. La France n'est même plus une idée, c'est un épouvantail aux atours de totem. Et une négation de l'Histoire ; des bacchanales de l'oubli.
Et beaucoup de mensonges. Une vilaine exaltation de la jeunesse et du nouveau réinventé. Ça a métastasé et ça a atteint les esprits. Les anciens n'y comprennent plus rien et s'en foutent, les autres surnagent.
Enfin, bon courage, même prof ça commence à demander du boulot de VRP de la Sainte République.
Heureusement que personne n'a les moyens de se payer des inspecteurs, ça permet de s'en branler 95% du temps et une fois par an tu grinces les dents à écouter des conneries en formation.
Le deal est encore bon mais pour combien de temps.
Le 23 mai 2024 à 11:51:07 :
Y a rien de plus bête que dire "le centre est historiquement complice de l'extrême droite". Ça veut rien dire, et c'est une manière de se dispenser de penser pour flatter une petite sensibilité gauchiste qui cherche constamment à salir ses adversaires pour se faire valoir. De la petite politique ordinaire.Et pourquoi serait-il agréable de voir un canadien mieux parler qu'un français ?
Rien compris à ton post.
Ça me fait une belle jambe.
Le centre transcendant d'accord, c'est une poudre à laquelle personne, qui se pose la question, ne croit. Mais cet éternel jeu partisan qui consiste à taxer les gouvernements des idées adverses, c'est une scie infâme. On peut pas prendre ça au sérieux, et ça renseigne davantage sur le ressentiment de l'auteur que sur l'idéologie du gouvernement en question. Quand bien même on pourrait trouver des cas ponctuels, plus ou moins saillants et remarquables, qui penchent d'un côté ou de l'autre.
Pour le reste, plus intéressant, je suis prof aussi (français et LCA), et j'ai plutôt l'impression qu'on encourage les élèves à questionner notre République, la critiquer même. Je suis en collège, ça va pas aussi haut dans l'analyse, mais la posture travaillée est bonne il me semble. Ça tranche avec le catéchisme officiel (demandé au concours) et le contenu des formations (je sais pas, moi c'était sur les neurosciences les deux années), c'est paradoxal mais c'est sain au final.
C'est pas sur le même plan à mon avis.
Le discours critique est encouragé d'un point de vue didactique, mais le discours * sur la République vient de l'administration.
(pas le discours critique justement, celui-là n'est pas encouragé)
L'inspection est un peu en porte-à-faux puisque c'est un corps qui a un pied de chaque côté de fait.
Après, faut quand même se rappeler que le grand débat de la rentrée dernière ça a été la longueur des robes des maghrébines. Et là le discours critique était pas encouragé, pas quand c'était piloté directement par le ministère de l'EN associé au ministère de l'intérieur.
Ce qui m'a d'ailleurs pas privé personnellement de dire à mes élèves ce que je pensais dès le premier jour de cette "règle" - puisque ça faisait partie du protocole PP de devoir l'annoncer aux nouveaux élèves. Me mettant ainsi officiellement en rupture avec mon rôle de fonctionnaire.
Mais bats les couilles, qui va aller vérifier ça.
Le 23 mai 2024 à 19:43:43 :
Le centre transcendant d'accord, c'est une poudre à laquelle personne, qui se pose la question, ne croit. Mais cet éternel jeu partisan qui consiste à taxer les gouvernements des idées adverses, c'est une scie infâme. On peut pas prendre ça au sérieux, et ça renseigne davantage sur le ressentiment de l'auteur que sur l'idéologie du gouvernement en question. Quand bien même on pourrait trouver des cas ponctuels, plus ou moins saillants et remarquables, qui penchent d'un côté ou de l'autre.Pour le reste, plus intéressant, je suis prof aussi (français et LCA), et j'ai plutôt l'impression qu'on encourage les élèves à questionner notre République, la critiquer même. Je suis en collège, ça va pas aussi haut dans l'analyse, mais la posture travaillée est bonne il me semble. Ça tranche avec le catéchisme officiel (demandé au concours) et le contenu des formations (je sais pas, moi c'était sur les neurosciences les deux années), c'est paradoxal mais c'est sain au final.
Ma lecture (incomplète) est trop ancienne pour je ne commette pas à nouveau d'erreurs ( extreme centre et non, centre). Commencé il y a quelques jours, mes propos auraient été plus clairs. Donc ceux-ci ne valent pas la peine d'etre pris trop au serieux. Jetez-y un oeil ; c'est à peu près tout ce que je peux vous recommander de faire.
Le 23 mai 2024 à 19:43:43 :
Le centre transcendant d'accord, c'est une poudre à laquelle personne, qui se pose la question, ne croit. Mais cet éternel jeu partisan qui consiste à taxer les gouvernements des idées adverses, c'est une scie infâme. On peut pas prendre ça au sérieux, et ça renseigne davantage sur le ressentiment de l'auteur que sur l'idéologie du gouvernement en question. Quand bien même on pourrait trouver des cas ponctuels, plus ou moins saillants et remarquables, qui penchent d'un côté ou de l'autre.Pour le reste, plus intéressant, je suis prof aussi (français et LCA), et j'ai plutôt l'impression qu'on encourage les élèves à questionner notre République, la critiquer même. Je suis en collège, ça va pas aussi haut dans l'analyse, mais la posture travaillée est bonne il me semble. Ça tranche avec le catéchisme officiel (demandé au concours) et le contenu des formations (je sais pas, moi c'était sur les neurosciences les deux années), c'est paradoxal mais c'est sain au final.
Le 23 mai 2024 à 20:29:12 :
Le 23 mai 2024 à 19:43:43 :
Le centre transcendant d'accord, c'est une poudre à laquelle personne, qui se pose la question, ne croit. Mais cet éternel jeu partisan qui consiste à taxer les gouvernements des idées adverses, c'est une scie infâme. On peut pas prendre ça au sérieux, et ça renseigne davantage sur le ressentiment de l'auteur que sur l'idéologie du gouvernement en question. Quand bien même on pourrait trouver des cas ponctuels, plus ou moins saillants et remarquables, qui penchent d'un côté ou de l'autre.Pour le reste, plus intéressant, je suis prof aussi (français et LCA), et j'ai plutôt l'impression qu'on encourage les élèves à questionner notre République, la critiquer même. Je suis en collège, ça va pas aussi haut dans l'analyse, mais la posture travaillée est bonne il me semble. Ça tranche avec le catéchisme officiel (demandé au concours) et le contenu des formations (je sais pas, moi c'était sur les neurosciences les deux années), c'est paradoxal mais c'est sain au final.
Ma lecture (incomplète) est trop ancienne pour je ne commette pas à nouveau d'erreurs ( extreme centre et non, centre). Commencé il y a quelques jours, mes propos auraient été plus clairs. Donc ceux-ci ne valent pas la peine d'etre pris trop au serieux. Jetez-y un oeil ; c'est à peu près tout ce que je peux vous recommander de faire.
Ma lecture (incomplète) est trop ancienne pour je ne commette pas à nouveau d'erreurs ( extreme centre et non, centre). Commencé il y a quelques jours, mes propos auraient été plus clairs. Donc ceux-ci ne valent pas la peine d'etre pris trop au serieux. Jetez-y un oeil ; c'est à peu près tout ce que je peux vous recommander de faire.
Et pour le fait que "c'est toujours agréable de voir un canadien mieux parler qu'un français" : j'aurais du dire que c'est toujours agréable d'écouter un français (puisqu'il l'est aussi) mieux parler que l'ensemble des personnes que je suis sur les réseaux ou que je côtoie dans la vie réelle, ce qui n'est pas une montagne.
C'est clairement pas sur le même plan, et cette schizophrénie, les profs aussi la vivent. Un désaccord personnel sur le règlement (notamment le règlement intérieur) ne nous dispense pas de le faire appliquer.
Sur l'abaya, comme sur tous les autres sujets, on nous demande pas tant d'être d'accord que de veiller à ce que la loi soit appliquée, et on nous demande aussi de donner les armes aux élèves pour pouvoir participer au débat.
L'idée c'est de poser des règles tout en leur expliquant qu'il y a des lieux pour les discuter et éventuellement les changer. Je suis pas sûr qu'il ait été défendu d'ouvrir le débat sur l'abaya ou même de penser contre l'institution, au contraire même. On l'a pas vécu comme ça.
J'ai pas pris la température au lycée depuis un peu de temps, mais pour le collège on peut pas dire ce qu'on pense aux élèves, parce que pour le coup, ça, ça nique toute possibilité du débat, tant ils sont influençables et vite impressionnés.
Un désaccord personnel sur le règlement (notamment le règlement intérieur) ne nous dispense pas de le faire appliquer
En tant que cadre A, t'as aussi la possibilité - la responsabilité diraient certains - d'interpréter le cadre de la règle, sans vouloir faire le jongleur surtout que je me positionne clairement hors règle en ce qui me concerne. Mais je l'assume, si je me fais virer je ferai autre chose sans souci. Ma vie littéraire se résumera jamais à mon métier alimentaire de prof. Et un moment, il faut aussi faire la différence entre les devoirs à César et les autres.
tout en leur expliquant qu'il y a des lieux pour les discuter et éventuellement les changer
Idéalement. Concrètement, ça s'est passé autrement, en tout cas pour le cas que je connais - des lycées de banlieue nord de Paris dans des zones urbaines à assez forte présence d'élèves musulmans ou de culture musulmane.
Je sais pas, moi ça me semble normal de respecter les directives de celui qui te paie, et je me vois mal prendre le pognon et faire le contraire de ce qu'on attend de moi.
En tant que catho et prof, y a plein de trucs que je m'interdis de faire. Mon job est alimentaire aussi, ma mission est ailleurs, mais je me vois mal annoncer l'évangile à mes élèves (alors que j'aurais toute la latitude pour le faire, dans un bahut privé catholique). Pour cette raison que j'ai l'impression, au collège, de devoir m'acquitter de ma dette à César.
Tout dépend de qui te paie et pourquoi.
C'est pas les idéologies passagères d'un gouvernement "laïcard" qui me paient.
C'est la collectivité via les impôts dans le but d'assurer une transmission d'un enseignement artistique et littéraire à des jeunes. Si un jour on me demande d'enseigner Babar va au salon de l'agriculture parce que c'est la lubie du guignolos du moment, je ne le ferai pas non plus.
Je n'annonce pas l'évangile à mes élèves perso ; pas tellement pour la laïcité mais surtout parce que c'est autrement que s'interprète, à mon avis, l'injonction au prosélytisme, au sens neutre du terme. Le forcer sur des élèves qui ne demandent rien et qui ne sont pas là pour ça c'est pas à mon avis très Matthieu 10 friendly. Mais à chaque fois que discuter de questions qu'ils ont sur la religion (en fait sur de la philosophie épistémologique en général mais ils ne comprennent pas que c'est l'objet de leurs interrogations) est pertinent pour aborder des textes - et quand tu veux étudier en profondeur Rabelais ou le classicisme c'est obligatoire -, je déborde du cadre.
Et je trouve pas honnête de leur vulgariser les guerres de religions, les contestations internes au christianisme puis plus tard l'apparition du protestantisme sans leur dire d'où je parle - c'est mon seul côté gaucho situationniste, j'aime pas avancer masqué. Et les élèves - les musulmans ou les chrétiens - le reçoivent très bien. Je suis intimement convaincu d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle je n'ai jamais eu de problème de laïcité au bahut alors que ce serait apparemment arrivé à certaines collègues plus âgées, avec des positions nettement plus condescendantes et offensives.
La dette à César, je la paie en essayant au maximum de mes capacités possibles de laisser personne sur le côté et d'assurer une équité légitime face à tous ceux qui ont besoin de moi et que j'ai en charge - et Dieu sait qu'avec un public de banlieusards peu cultivés et paresseux c'est dur parfois bien que je les aime.
La dette à Dieu, c'est de ne pas le renier quand des institutions temporelles claquées au sol me demandent des conneries.
(Je pense à tous ces pauvres gens qui vont penser que le forum revit alors qu'on dérape en full HS. Histoire de je suis sur La Maison du silence de Pamuk que j'ai jamais lu jusque là, pas trop envie mais c'est un cadeau d'anniv d'une proche alors je suis obligé de le taper vite et j'ai relu La Pitié dangereuse de Zweig qui est un roman passionnant à de multiples égards, tant pour son traitement de la judaïté ambigu que pour sa structure répétitive qui cache un motif religieux sympa de triple reniement et sa manière très novatrice d'aborder la notion de handicap, sans compter bien sûr ce côté tragique viennois qui existe toujours, avec un XIXe en retard. De toute façon, Zweig, c'est uniquement un écrivain de la tristesse ou de l'horreur que causent les mauvais tempo)
Sinon je viens de commencer "la millième nuit" de Alastair Reynolds.
Cet auteur connu pour l'excellentissime cycle des inhibiteurs, une des meilleurs saga SF imo :passé les quelques passages hardscience que je n'essaie pas de comprendre c'est que du bon.
Alors c'est drôle car ça démarre comme un roman du cycle de la culture, autre cycle que j'adore en SF, de Ian M Banks (j'étais tellement triste en lisant le dernier, car l'auteur est décédé) cycle complètement démesuré qui a la particularité de créer un monde mais chaque roman a une histoire indépendante.
Et alors c'est drôle car avant de commencer ce livre aujourd'hui, j'ai parlé du cycle de la culture ce matin sur ce forum à propos de La Compagnie Noire, excellente saga de fantasy..
Bon, trêve de digressions, le livre part bien, on a un monde complètement démesuré en terme d'espace, de temps et des possibilités humaines (comme dans La Culture), des persos d'origines humaines mais qui le sont plus vraiment ou alors des avatars (comme dans...), et une intrigue apparament complotiste à grande échelle en toile de fond (comme dans plein de saga sf ou fantasy )
Je pense que Reynolds comme moi est en manque d'un nouveau roman de La Culture et à fait le sien ou rend hommage.
Y'a pas un forum pour parler du métier de prof?
Parce que j'en ai une à la maison et jpp de ses histoires d'inspecteurs et de réformes à base de sigles incompréhensibles etc 🤣
Le 23 mai 2024 à 21:23:46 :
(Je pense à tous ces pauvres gens qui vont penser que le forum revit alors qu'on dérape en full HS. Histoire de je suis sur La Maison du silence de Pamuk que j'ai jamais lu jusque là, pas trop envie mais c'est un cadeau d'anniv d'une proche alors je suis obligé de le taper vite et j'ai relu La Pitié dangereuse de Zweig qui est un roman passionnant à de multiples égards, tant pour son traitement de la judaïté ambigu que pour sa structure répétitive qui cache un motif religieux sympa de triple reniement et sa manière très novatrice d'aborder la notion de handicap, sans compter bien sûr ce côté tragique viennois qui existe toujours, avec un XIXe en retard. De toute façon, Zweig, c'est uniquement un écrivain de la tristesse ou de l'horreur que causent les mauvais tempo)
Ah je l'ai pas lu celui la de Zweig, même pas entendu parlé, et j'en ai lu quelques uns. J'aime beaucoup son style limpide et en particulier ses biographies sont top.
Comme vous avez l'air calés en religion, que pensez vous de "conscience contre violence" sa description du "régime calviniste" est elle vraiment très exagéréepour forcer la comparaisons avec le nazisme?
Je ne connais pas ce bouquin, je ne savais pas qu'il avait écrit sur Calvin. Je suis curieux, j'essaierai d'y jeter un oeil à l'occasion, bien que ses biographies ne soient pas forcément la part que j'aime le plus de son taf.
Je ne suis pas calviniste personnellement mais c'est un mouvement qui m'a intéressé un moment durant ma conversion - et Calvin lui-même était un auteur de talent, si on veut l'approcher par le prisme littéraire. Le traité des reliques, c'est franchement une très belle pièce de style pamphlétaire renaissance.
Après, c'est clair que Genève c'était plutôt hardos comme régime politique.
Je ne sais pas si c'est un auteur de talent Calvin, mais ce n'est pas mis en avant du tout par Zweig qui lui en met plein la poire!