Prologue – La Justice s'est remise en marche.
Les flammes dévoraient les remparts de la Cité Blanche. Démons et anges combattaient face à face dans un déchaînement de violence sans nom. Le fracas des armes couvraient les hurlements déchaînés et les cris de guerre. Par fois, une muraille cédait dans une avalanche de gravats qui emportaient avec elle des dizaines d'assaillants, mais ils étaient chaque fois plus nombreux à revenir à l'assaut. Les hordes des basses-fosses ne semblaient pas avoir de fin et pressaient un peu plus à chaque fois les armées divines.
Il en était ainsi chaque jour depuis la destruction du septième sceau et la venue de l'Apocalypse. Malgré les événements et complots qui avaient agités les rangs des deux camps, aucun des deux n'avait hésité à se jeter de nouveau dans la guerre perpétuelle dès que l'Apocalypse eut sonné pour tous, inéluctable fin d'une paix fragile. Les légions s'étaient relevées, armées et mis en ordre de bataille. Dans cette course, les anges avaient perdus et s'étaient désormais sous les murs de leur forteresse qu'ils continuaient le combat.
Un groupe de démons avaient franchis les premiers murs de défense, mais se retrouvaient maintenant à fuir le long des couloirs immaculés, poursuivis par tout un régiment d'ange qui ne pouvaient supporter la profanation de leur cité par ces brutes. Leur course hasardeuse les mena toujours plus profond. Ils débouchèrent finalement dans une salle ronde au centre de laquelle un gigantesque pilier d'obsidienne montaient jusqu'au plafond. Les murs étaient recouverts de cellules dans lesquels se tenaient toutes sortes de démons : chiens des basses-fosses, satyres, centurions, golgoths, berzerkers...
A l'arrivée de leurs confrères, tous s'étaient activés contre les barreaux, hurlant leur libération et leur envie de vengeance. Les nouveaux arrivants se mirent à l’œuvre. La prison était conçus avec tout le savoir-faire angélique, mais les verrous extérieurs ne pouvaient résister à l'énorme hache du berzerker fuyard. Et lorsque le golgoth fut libérés, celui-ci se mit à détruire avec une joie malsaine les prisons de ses confrères, broyant le métal comme du papier entre ses gigantesques griffes. Alors que les démons commençaient à se répandre dans le reste de la cité, l'un des centurions prisonniers se tourna vers le fond de la salle. Il fit signe à quelques satyres de le suivre et s'approcha du mur du fond.
Il avait déjà vus plusieurs fois les anges l'ouvrir. Il ne savait pas ce qu'il abritait, mais en tout cas les maîtres des lieux n'avaient aucune envie que ça sorte. Toute la prison était construite autour de lui. Il siffla pour appeler le golgoth, qui se dirigea vers eux de son pas pesant. Les griffes ne purent qu'à peine érafler l'obsidienne, mais elles révélèrent une fente dans la roche sans défaut, qui couraient du pied au sommet. Plaquant ses immenses paumes contre le pilier, le golgoth poussa, de toute son herculéenne force. Dans toute la prison résonna le bruit sourd de mécanismes que l'on forçait. Le cliquetis des chaînes et des roues crantés sous pression sonnait comme une mélodie de destruction. Finalement, la porte s'entrouvrit, d'abord faiblement, puis suffisamment pour révéler une pièce circulaire à l'intérieur du pilier. Elle était entièrement recouverte d'une fine couche de diamant qui reflétait en milles exemplaires l'unique source de lumière, une lanterne du plafond. Au centre de la pièce se tenait, accroupis, une forme humanoïde. Il avait la peau entièrement noir, comme carbonisée, et était couvert de chaînes aussi épaisses qu'un poing. Elles s'accrochaient à ses poignets, ses jambes, son torse et était profondément enfoncées dans le sol de la salle. De plus, un imposant couvercle semblable au bronze lui recouvrait tout le bras gauche.
Le centurion voulut briser les chaînes, pour libérer celui qui avait nécessité tant de précautions, mais elles ne vibrèrent même pas lorsque sa hache frappa. Les satyres s'y mirent à plusieurs mais leurs efforts ne furent pas mieux récompensés. Quant au prisonnier, il restait imperturbable, voûté et parfaitement immobile. Derrière eux, la prison s'était de moitié vidée, mais plusieurs démons les observaient silencieusement à l'abri éventuel de la haute silhouette du golgoth.
Le centurion remarqua alors une fine ligne de rubis dans le sol. Il y glissa une griffe et eut la satisfaction de voir la ligne s'enfoncer. Une serrure. Il n'avait pas la clé, mais possédait aussi bien. Il fit signe au golgoth de frapper à l''endroit désigné. Un unique coup suffit à rompre la fine couche de diamant et le couvercle d'obsidienne en-dessous pour révéler un mécanisme passablement complexe. Mais pas à même de résister aux principes démoniaques. Le centurion y enfonça tout son avant-bras et tourna l'ensemble comme on le ferait d'une clé. Aussitôt un déclic appréciateur se fit entendre et les chaînes commencèrent à se mouvoir. Elles se détachaient et disparaissaient dans le sol dans un série de cliquetis métalliques. Le prisonnier émit enfin signe de vie lorsque le couvercle de bronze se détacha et tomba au sol dans un bruit sourd. Il essaya d'abord de se relever mais les chaînes restantes lui opposèrent résistance. Déplaçant légèrement ses pieds, il se tassa sur lui-même puis se releva brusquement. Il y eut un instant d'immobilité totale lorsque les chaînes se tendirent, puis elles se rompirent soudainement, projetant leurs maillons à travers la salle, lesquels ricochèrent sur les murs ou frappèrent les démons.
Le prisonnier était grand et musclé, plus que la majorité de son assistance. Sa peau brûlée, craquelées, recouvraient des muscles finement dessinés. Un couvercle de platine était solidement attaché, d'épais crochets s'enfonçant dans sa peau semblable à la roche, à son torse et de même dans son dos, le tout recouverts de chaînes si parfaitement tendues qu'elle semblaient empêcher de respirer. Le bras droit était recouverts d'inscriptions étranges qui luisaient faiblement. Soudainement le socle de platine s'agita dans une série de craquements et sa peau se fissura, creusant des cicatrices dans lesquelles semblaient luire un feu bouillonnant. Elles s'entortillèrent le long de son bras gauche et se répandirent sur sa main en grand nombre. De même elles escaladèrent son visage et son crâne fut bientôt recouvert d'un tapis de flammes ardentes. Il ouvrit les yeux, pour révéler deux bûchers sans pupilles. Sinistrement, l'une de ses anciennes entraves s'éleva et vint glisser dans sa main droite, s'enrouler autour de son avant-bras alors que les inscriptions qui le surplombaient se mettaient à irradier. Il leva la main gauche. Le centurion démoniaque parvint à reconnaître les écritures un poil trop tard. C'était les runes divines originelles. La langue des anges, écrite et parlée par eux seuls.
Une chaleur plus intense que les feu des enfers inonda la pièce.
Uriel volait plus qu'elle ne marchait le long des couloirs. L'assaut démoniaque avait été finalement repoussé, comme tous ceux qui l'avaient précédés, et elle aurait préféré s'occuper de planifier la contre-attaque. Mais les démons échappés de la prison avait retardés ses préparatifs. C'était justement vers la prison qu'elle se dirigeait, à la tête de plusieurs gardiens des enfers. S'ils restaient des démons dans la Cité Blanche, elle les trouverait là. Ils trouvèrent les portes fracassées et pénétrèrent dans la salle. Ils s'arrêtèrent à son seuil.
A quelques mètres d'eux, le cadavre d'un golgoth gisait. Il était brûlé en de nombreux endroits et ses membres étaient fracassés. Sa mâchoire reposait à plusieurs mètres de là où elle aurait dus se trouver et un entêtant fumet de brûlé s'élevait du cadavre. Mais il se n'agissait là que d'une scène de destruction parmi d'autres. Ici un chien de basse-fosse avait été scié en deux, là un satyre était fracassé contre un mur, à l'autre bout un berzerker transpercé par une porte de cellule...
Les gardiens des enfers se dispersèrent dans la salle, à la recherche de survivants, même s'il était clair pour chacun qu'il n'y en aurait aucun. Uriel s'avança vers le pilier central. Elle dévoila d'un geste de la main une niche et y enfonça son épée jusqu'à la garde. Aussitôt le pilier se fendit et commença à coulisser, accompagné d'un grincement qui signifiait la torture qu'avaient subis ses mécanismes. Uriel se plaça face à l'entrée.
Elle ne s'était certainement pas attendus à se spectacle. Juste devant l'entrée se trouvaient quatre démons. Du moins, leur statue carbonisées. Ils avaient été réduits en cendre sur place, et tenaient encore debout par la totale absence de courant d'air. Elle voulut s'en approcher mais ils se disloquèrent et leurs cendres voletèrent vers la sortie de la prison, laissant retomber lourdement les quelques pièces de métal qui n'avaient pas subis le même sort. Elle rejoignit le centre de la pièce et tourna sur place, contemplant les murs qui eux même avaient parfois brûlé, le diamant fondus pour se solidifier en masses de graphite compactes. Ce qui confirmait ce qu'elle pensait, seul celui qui avait été retenus ici aurait pus commettre tel carnage. Elle interpella un gardien des enfers qui s'approchait.
-Soldat, prévenez le haut-conseil, dites leur exactement ceci : La Justice s'est remise en marche. Ils comprendront.
L'ange acquiesça et fila en dehors de la prison, battant furieusement de ses ailes. Uriel se laissa tomber au sol et resta immobile.
Bon, voilà le prologue d'un projet qui me courre en tête depuis un moment.
Je préviens tout de suite, mes connaissances dans l'univers de Darksiders sont assez limité, mais si je l'aime beaucoup c'est justement pour la grande liberté qu'il offre à mon imagination.
Il se peut, notamment avec la sortie de Darksider 2, que j'écrive des aberrations en complet désaccord avec le background des jeux. J'essaie quand même de faire quelque chose de cohérent avec ce que je sais de cet univers. Mais de toute façons je continuerai de faire à ma sauce.
Bref, voilà. Dites moi ce que vous en pensez, si ça plaît je posterai le chapitre I et essaierai de rédiger le chapitre II.
GG super ! Vraiment ! Sa mérite un petit : http://images.ados.fr/soft/photo/8297691829/divers/ours-continue-ecoutons-3152711cb8.jpg
J'aime beaucoup, je me demande bien qui est ce mystérieux prisonnier.
Si tu as des doutes sur l'univers de Darksiders, tu peux toujours nous demander, on te répondra dans la mesure du possible.
Au vu de ces commentaires positifs, je mets tout de suite le premier chapitre ^^
Hoenheim ==> Merci mais comme je l'ai dis, je préfère faire à ma sauce, c'est un peu ça qui me séduis dans cet univers.
I – Le Troisième Royaume.
Une boule de feu fonçait à vive allure dans l'atmosphère, dans un grondement semblable à celui de la tempête. Plus brillante que le soleil, elle éclipsa un instant toute autre chose aux yeux des humains qui la contemplaient. Pour la plupart ils avaient déjà entendus parler de semblables et ne savaient que trop bien ce qu'elle annonçait : des emmerdes. Les soldats qui escortaient le convoi firent signe aux civils de s'abriter dans les quelques camions en mauvais état. Ils avaient fuis leur base depuis plus de deux semaines, lorsqu'une bande démoniaque les avait finalement trouvé. Cela faisait plus d'un siècle qu'ils survivaient dans de semblables camps camouflés, depuis que la Terre s'était transformé en véritable enfer, déménageant régulièrement. On racontaient que d'autres pays n'avaient pas été touchés, mais partout les légions de monstres les avaient précédés. Et personne n'y comprenait rien.
La boule de feu se rapprochait toujours et sa chaleur était désormais palpable. Elle s'écrasa finalement à une cinquantaine de mètre de leur position, projetant des morceaux de bitumes chauds et de roches en fusion. Lorsque le panache de fumée commença à se dissiper, les soldats purent apercevoir la silhouette de ce qui ressemblait à un homme, si l'on exceptait sa stature inhabituelle mais surtout sa peau rocheuse et les veines flamboyantes qui la parcouraient. Des flammes s'élevaient de son crâne et de sa main gauche. Ils levèrent tous leurs armes et le sergent donna un unique ordre.
-Feu !
-Se serait une mauvaise idée.
Ce qui parvenait à leurs oreilles ne ressemblait à rien de connus, comme des paroles étranges, baroques, implacables et pourtant calmes. Et inexplicablement, ils les comprenaient, leur signification parvenait à leur esprit comme en écho, et ils ressentirent tous une profonde envie d'obéir, de se laisser guider. Plusieurs tapotèrent leurs oreilles, deux baissèrent leurs armes et le sergent se signa sans y penser avant de serrer le pendentif de croix qu'il portait toujours sur lui en ces temps sombres.
-Que... qui...
Un cri strident l'interrompit et la solennité de l'instant se fracassa. Par peur et réflexes, trois soldats ouvrirent le feu, les balles fusèrent mais aucune n'atteignit sa cible puisqu'elles fondirent avant même de toucher la peau. Quelques gouttes incandescentes s'écrasèrent dessus sans causer la moindre brûlure.
Dans le ciel était apparus une dizaine de chauves-souris démoniaques, qui fonçaient à vive allure sur le convoi humain.
-A couvert ! Ouvrez le feu !
Les soldats se jetèrent derrière des murets en ruine et braquèrent leurs armes vers le ciel. Les monstruosités ailées allaient trop vite et les rafales imprécises ne parvenaient pas à abattre leurs cibles. Dans un éclat flamboyant, l'une d'elle s'embrasa lorsqu'un trait de feu l'atteignit en plein thorax. Le sergent se retourna pour admirer l'humanoïde étranger en œuvre.
Il venait de faucher en plein vol une chauve-souris à l'aide de sa chaîne et lui broyait le crâne d'un poing flamboyant. Une autre créature voulut l'attaquer mais ses mâchoires ne se refermèrent que sur le vide. La chaîne, qui semblait vivante, vint s'enrouler autour du torse, le broya inexorablement avant de lâcher une carcasse inanimé pour frapper de plein fouet une autre créature. Désormais les démons ne tournaient plus qu'autour de leur agresseur, oubliant totalement les humains.
Une gerbe de flammes élimina deux autres aberrations. Une autre attaqua en piqué pour ne récolter qu'un coup de chaînes qui transperça de part en part la fine ossature. Les survivantes voulurent s'enfuir. Fermant les yeux, l'humanoïde écarta les bras et se recouvrit rapidement de flammes, jusqu'à ne plus être visibles au cœur du brasier. La silhouette d'un rapace de flammes se forma et décolla aussitôt, rattrapant sans peine les chauves-souris pour les dévorer avant de se désagréger.
Le silence retomba, seuls quelques crépitements se faisaient encore entendre tandis que les humains se remettaient lentement de ce qui venait de leur arriver. Pour certains ils avaient du mal à croire qu'ils étaient encore vivants. Mais tous n'avaient d'yeux que pour celui qui venait de les protéger. Il les surplombait de plusieurs têtes et semblaient les jauger de son regard flamboyant. Ils se sentaient sondés jusqu'au plus profond de leurs âmes, tous leurs péchés mis à nus par ce regard inquisiteur. Lui restait impassible, seule une moue de colère traversaient parfois ses lèvres.
Le sergent rangea son arme, bientôt imité de ses hommes. Vu ce que leurs balles avaient faites, elles ne servaient de toutes les façons à rien. Il s'avança d'un pas et commença d'une voix hésitante.
-Vous... vous êtes quoi ?
Deux yeux flamboyants se posèrent sur lui. Ils lui semblaient traverser les âges, un regard aussi vieux que le monde. Mais plutôt que la sagesse, ils semblaient en avoir retiré une étrange folie, pour autant que puissent le montrer deux orbites flamboyantes.
-Je suis la Justice... ou plutôt j'étais.
-Et... maintenant ?
-Je ne suis que Vengeance. Et vous, qui êtes vous ?
-Sergent Legrand, troisième bataillon, décoré de la croix du courage. Enfin, c'est le baratin qu'on entretient pour croire que tout continue à fonctionner comme avant.
-Avant quoi ?
-Ben... avant tout ça. Vous devez bien avoir remarqué que quelque chose à changé non...
Pour la première l'humanoïde regarda autour de lui, parcourut des yeux le paysage dévasté. L'invasion démoniaque n'avait pas seulement détruit toute trace de civilisation alentour, elle avait altéré le paysage au plus profond. Les plantes qui poussaient formaient désormais des jungles aussi dangereuses que profondes et toute la faune semblait avoir pris des proportions inquiétantes. Au moins cela avait-il l'avantage d'occuper les démons à autre chose que la chasse à l'humain qui constituait leur loisir favori. Les survivants eux, avaient appris à tirer profit de cet environnement autant qu'il leur était possible.
Lorsqu'il revint sur le sergent, le regard de feu ne semblait pas plus intrigué qu'à l'accoutumé.
-Le Troisième Royaume a bien changé... Ce n'est pas normal ?
-Mais évidemment que non ! Rien, rien n'est plus normal depuis que ces monstres sont apparus.
-Les démons.
-Oui, c'est aussi comme ça que certains les appellent. Les hordes démoniaques de Lucifer.
-Lucifer est mort depuis longtemps.
Un ricanement nerveux s'échappa des lèvres du sergent.
-Ah oui ? Vous y étiez sans doute ?
-Évidemment.
Regard inquiet de la part du sergent, comme du reste de l'assemblée qui commença à reculer.
-Qui êtes-vous ? Un démon ?
Avant qu'il n'ait pus réagir une main noircie, à la poigne plus solide que le roc, le souleva de terre pour l'amener à hauteur du regard de pur fureur qui luisait maintenant dans les orbites.
-Ne me confondez plus jamais avec ces suppôts du Diable !
-Mais... mais alors... vous... vous êtes quoi à la fin ?!
Un silence lui répondit tandis qu'il redescendait lentement au sol.
-J'étais un ange. Maintenant, je ne sais plus trop.
-Un... ange ?! Je vous voyais, disons, autrement.
Il baissa les yeux sur sa silhouette carbonisé, sur les chaînes qui le recouvraient.
-J'ai pas mal changé, moi aussi.
-Ah. J'imagine.
-Je ne pense pas.
-Non, sans doute pas en fait.
-Bien. Il me faut partir.
Il fit volte-face et commença à s'éloigner de sa démarche puissante, sans se soucier du sol inégal sous ses pieds ou des débris tranchants qui pliaient sous lui. Le sergent leva la main, hésita un instant, jeta un regard à la foule massée derrière lui, pris son courage à deux mains et parla.
-Attendez !
L'ange s'arrêta net, puis se retourna lentement vers le sergent.
-Oui ?
-Vous... vous allez où ?
-Je ne sais pas. Je cherche quelqu'un.
-Vous ne savez pas où il est ?
-Non.
-Et vous connaissez quelqu'un qui sait ?
-Non.
-Vous avez une idée d'où chercher ?
-Non.
-Mais... vous savez ce que vous allez faire ?
-Oui.
-Ah ?
-Je vais le tuer.
-Mais... avant.
-Non.
-Et... vous ne voudriez pas nous accompagner ? On a un contact radio avec un autre camp de nomades, ils sont à quelques jours de marche, mais les démons sont partout, on aurait bien besoin d'un costaud dans votre genre. C'est pas un peu votre boulot d'éradiquer les démons ?
-Si.
-Alors ?
Il y eut un instant de silence qui sembla interminable tandis que les humains retenaient leur souffle. L'ange réfléchissait. Il avait un but, il ne tenait pas à s'en éloigner. Mais il ne pouvait pas les abandonner à leur sort, il trahirait tous ses serments. Après un long débat intérieur, il se décida finalement à répondre.
-C'est d'accord.
-Vous êtes notre sauveur. Et peut-être que quelqu'un là-bas pourra vous aider, certains camps de nomade se sont un peu renseignés sur ce que vous appelez les démons, peut-être qu'ils sauront où est celui que vous cherchez.
-Tant mieux.
-Et... vous avez pas un nom ? Autre que Vengeance ou Justice ?
-Si. Ysmir.
-Ysmir s'est évadé ?
Uriel acquiesça silencieusement. Elle se tenait face au Haut-conseil angélique. Elle était au centre d'une pièce circulaire, autour de laquelle se situaient douze alcôves dans laquelle se tenaient les différents membres du Haut-conseil. Certains étaient assis sur des trônes, d'autres préféraient rester debout. Trois alcôves restaient inoccupées.
Celui qui venait de s'adresser à Uriel n'était autre que l'Archange Gabrielle, la dirigeante du Haut-conseil et par là-même de tous les anges.
-Comment cela se peut ? Cette prison était inviolable, vous l'avez personnellement vérifiée tous les cents ans si je ne me trompe ?
-Les démons lui ont ouvert. Ils ne savaient pas à quoi ils s'exposaient.
-Qu'est-il advenu d'eux.
-Morts. Carbonisés.
-Ainsi donc leur dernière action aura été de libérer leur pire ennemi. Ironique.
C'était l'Archange Hedoch qui venait de parler, dans son petit ricanement habituel.
-Vous semblez bien confiant, Hedoch.
-Pourquoi ne le serait-on pas ?
-Parce que quelqu'un que nous avons enfermé pendant plus de 10 000 ans vient d'être libéré ? Cela me semble une bonne raison, non ?
-Je corrigerais en disant que notre meilleur combattant depuis plus de 10 000 ans et le plus fervent des chasseur de démons vient d'être enfin libéré de la retraite où le Conseil l'avait confiné. Un de nos membres les plus respecté qui plus est -il désigna d'un geste l'une des alcôves vides dans laquelle était installé un trône sertis de rubis. L'auriez-vous oublié ?
-Nullement, et c'est bien ce qui m'inquiète. Même si l'Apocalypse est déclenchée, nous étions censé garder Ysmir enfermé. Que vas dire le Conseil ?
-Rien, puisque Ysmir a été libéré par des démons, non des anges. L'on peut donc considérer cela comme une décision des légions démoniaques, ce qui respecte la volonté du Conseil : « Ysmir devra rester enfermé dans la Cité Blanche, sous bonne garde des anges, jusqu'à ce que les Basses-Fosses aient décidés de sa libération. »
-Un peu fumeux quand même...
-Si je puis me permettre ?
C'était Uriel qui venait d'intervenir et aussitôt neuf paires d'yeux se posèrent sur elle.
-Oui ?
-Comme je vous l'ai déjà expliqué, le Conseil a perdus le contrôle de ses exécutants. Même si l'évasion d'Ysmir lui déplaît, nous ne risquons pas une visite importune des Cavaliers. Il préférera sans doute faire profil bas, il se désintéresse totalement de nous depuis que la Guerre a repris.
-Un point de plus qui confirme ce que je pense, l'évasion d'Ysmir est sans doute la meilleure chose arrivée depuis des lustres -renchérit l'Archange Hedoch.
-Admettons. Restons quand même sur nos gardes. Uriel ?
-Oui.
-Vous avez pour nouvelle tâche de retrouver et surveiller Ysmir. Essayez de prendre contact avec lui.
-Ce n'est habituellement pas la tâche des Gardiens des Enfers...
-Et ça ne le sera pas plus maintenant, c'est une tâche que nous confions à vous seule, nous avons de bonnes raisons de penser que vous êtes toute indiquée pour cela.
-Bien.
-Essayez de prendre contact avec Azraël, il sera sans doute plus facile à trouver et Ysmir a pus prendre contact avec lui. Ils s'entendaient bien si mes souvenirs sont bons.
-Je ferais selon vos désirs.
Elle s'agenouilla et se prépara à quitter la pièce.
-Une dernière chose.
-Oui ?
-Le siège d'Abbadon est vide depuis trop longtemps, peut-être est-il temps de le remplacer. Gardez cela en tête.
-A vos ordres.
Elle quitta la pièce, le talon de ses bottes résonnant sur le sol dallée, s'efforçant de retenir ses sentiments. La porte de la salle se referma derrière elle, la plongeant dans le silence. Alors seulement elle s'autorisa un sanglot étouffé, avant de reprendre sa marche, raide.
Je veut la suite
Tu à vraiment un avenir prometteur j'espère que tu en fera bonne usage !
Trés bon quand la suite ?
Salut tout d'abord moi aussi j'aime beaucoup écrire et j'écris aussi des fics je n'ai pas lu en entier ce que tu as fait (pas le courage j'avoue) mais je peux quand même te dire que c'est au-dessus de ce que je vois habituellement en terme de qualité les descriptions sont simples et efficaces, il y a du rythme et de bons effets de style comme celui-là que j'ai apprécié (avec la petite rime en plus!)
"Le cliquetis des chaînes et des roues crantés sous pression sonnait comme une mélodie de destruction."
tu es assez jeune visiblement donc c'est très prometteur je t'encourage à développer au max ton potentiel par contre il y a des fautes d'accord (pluriel entre autres) régulièrement relis-toi bien et ce sera nickel !!!
II – Premières recherches
Ysmir laissa retomber le cadavre du satyre au sol. Legrand n'avait pas mentis, l'endroit était infesté de démons. Heureusement qu'il sentait leur aura avant qu'eux ne les repère. Il avait massacré pas moins d'une trentaine de ces brutes stupides depuis qu'il avait rejoint le convoi. La combativité des humains l'avait surpris, leur armes étaient plus efficaces qu'il ne l'aurait pensé.
-On ne devrait plus être trop loin du point de rendez-vous, intervint Legrand en s'approchant.
-Point de rendez-vous ?
-L'autre camp refuse de donner leur position par radio, ils envoient un petit groupe nous guider. Ils pensent que les démons ont peut-être trouvé le moyen de capter nos conversations.
-M'étonnerait.
-Moi aussi, mais on veut les rejoindre, on va pas commencer par les contredire. On va bien être obliger de faire des concessions de toute façon.
Concessions était un mot qui sonnait étrange aux oreilles d'Ysmir. De son existence, il ne se souvenait pas l'avoir déjà utilisé. Pitié lui était tout aussi inhabituel par ailleurs.
Ils marchèrent encore un temps à travers les ruines. Ils n'étaient plus dans le cœur de l'ancienne ville mais dans sa périphérie, les ruines autour d'eux ne mesuraient que quelques étages et étaient envahis de plantes grimpantes aux couleurs sanglantes. Parfois un bruissement faisait sursauter les gardes mais ils s'en remettaient à Ysmir pour détecter toute trace démoniaque, et la faune ne leur posait pas de problème généralement. La flore par contre... ils avaient perdus un civil quelques minutes auparavant lorsqu'une liane lui avaient enserré la jambe pour l'attirer dans les fourrés soudainement. Les cris avaient cessé alors que parvenait un bruit d'os broyé.
C'était la raison pour laquelle l'ange balayait le sol devant lui de flammèches, faisant dépérir la végétation.
Ils arrivèrent finalement à l'entrée de ce qui avait dus être la place de la ville, dont le centre était orné du piédestal d'une statue. Abrités sous des ronces aussi épaisses qu'une cuisse, deux hommes les attendaient. Ils sortirent prudemment de leur cachette en les voyant arriver et s'avancèrent, leurs armes braqués sur le torse d'Ysmir. Legrand intervint aussitôt, les mains bien en évidence et enjoignit Ysmir à en faire de même.
-Hé, on se calme, c'est pas un ennemi, il nous a protégé jusque ici.
Ils baissèrent leurs armes et firent signe au groupe de les suivre à travers un nouveau dédale de ruines, jusqu'à les entraîner dans un parking souterrain. Une imposante porte de métal fermait l'entrée. Mais elle se souleva en grinçant lorsqu'ils se présentèrent. Derrière les attendait un comité d'accueil. Une demi-douzaine d'humains, vêtus de vêtements qui, bien que passablement délabrés, clamait un luxe démentiel après quelques jours passés dans cet univers, firent signe à l'ensemble du groupe d'entré, bien que regardant Ysmir avec une méfiance clairement affiché.
A peine la porte se fut-elle refermé que deux dizaines de soldats, bien mieux équipés, surgirent des couloirs et braquèrent l'ange, écartant sans ménagement Legrand, alors que l'humain le plus âgé s'avança.
-Qui êtes-vous ?
-J'en ai marre de me répéter.
-Pas mon problème. Répondez ou je vous fais tuer.
-Outre que vous n'y arriveriez pas, ne me donnez pas une raison d'en faire de même avec vous. Ils ont trop besoin de votre présence.
-Alors répondez.
-Je m'appelle Ysmir, et je suis tout autant l'ennemi des démons qu'ils sont les vôtres. Ça vous va ?
-Démon ? Ne me faites pas rire, ça n'existe pas. Il s'agit de toute évidence de forme de vie extraterrestre, et vous y ressemblez aussi.
-Ce sont des démons, aussi vrai que vous êtes des humains. Ceci dit votre ignorance est normale, vous n'avez pas les informations nécessaires pour le savoir. Le Conseil avait jugé préférable de ne pas mettre le Troisième Royaume au courant.
-Vous êtes fous !
-Peut-être, comment le saurais-je ? Mais j'ai besoin de votre aide.
-Et pourquoi nous vous la donnerions ?
C'est ce moment que choisis Legrand pour intervenir.
-Général Jack ? C'est bien vous n'est-ce pas ?
-En effet.
-Cet... extraterrestre comme vous dites, nous a aidé à arriver jusqu'ici. Il a probablement sauvé tout notre convoi en tuant les démons. Qu'est-ce qu'il vous faut de plus ?
-Ma confiance ne s'acquière pas aussi facilement, et je n'ai aucune raison de l'aider.
-Général ? Et si nous faisions un échange ?
Le général leva un regard soupçonneux sur le brasier des orbites d'Ysmir. Il essayait vainement de le jauger.
-Un échange ? Que voulez-vous dire ?
-Mes informations contre vos informations. Et pour vous prouver mon honnêteté, je vous donne les miennes en premier.
Ysmir approcha sa main flamboyante du général, paume ouverte vers le haut. Lentement, une flamme à l'étrange couleur bleue s'en éleva. A l'intérieur des formes semblaient s'y mouvoir.
-Plongez votre regard dedans.
Un dernier haussement de sourcil avant de contempler la flamme. Le général ne voyait pas grand chose,à part quelques images indistinctes. Et soudain il sembla plonger. Il voulut crier mais ne pus le faire. Il traversa un maelström de couleurs étranges, qui s'organisèrent petit à petit. Plus vite qu'il ne pouvait les voir, les images défilèrent. Le Créateur à son ouvrage, les premiers anges et leur patrie, leurs frères déchus qui formèrent les démons, la mort de Lucifer, la création des Basses-Fosses, la construction de la Cité Blanche, l'apparition du Conseil, la formation de l'Eden, l'avènement de l'humanité, la remise de l'Eden aux humains, la guerre des Néphilims, les Quatre Cavalier, la Guerre entre les anges et les démons, la mise en place des sept sceaux et des lois du Conseil...
Il revint brusquement au monde réel. Il respira lentement, plusieurs fois, sous le regard inquiet de ses hommes qui en oubliaient presque la présence de l'ange à la peau de charbon.
-Tout, tout est vrai c'est cela ?
-Oui. Prenez.
Jack jaugea un instant la flamme bleutée qui dansait toujours et avança sa main dedans. Elle fut délicatement aspiré dans sa peau, sans qu'il n'en ressente la moindre douleur. Rapidement, seules quelques étincelles courraient sur sa peau.
-Voilà, n'hésitez pas à le montrer à vos hommes, tout ce que vous croyez connaître devra être remis en cause, mais vous n'en tirerez que du bon.
-Très bien... Qu'est-ce que vous voulez savoir.
-J'aurais besoin de trouver quelqu'un. Un démon. Je veux le tuer -rajouta Ysmir devant la mine étrange du général-.
-Et, comment pourrais-t-on vous aider alors ?
-Luther, cela vous dis quelque chose ? Je ne sais pas trop à quoi il ressemble par contre.
Ysmir balaya l'assistance du regard, ainsi que ceux qui venaient d'arriver, sûrement des scientifiques à leur blouse blanche. Visiblement aucun ne connaissait. Il essaya d'autres noms.
-Belzébuth, un gigantesque démon noir avec d'énormes cornes ? Amon, un chien noir à queue de serpent ? Baal, comme un humain avec seulement deux petites cornes ? Lilith, une femme superbe aux dents acérés ? Samaël, un humanoïde rouge aux ailes renversés ? Hécate, une femme serpent aux quatre bras ? Vulgrim...
Un hoquet de terreur l'interrompit. Tout le monde se retourna vers l'un des soldats, qui avait baissé son arme. Ysmir s'en approcha lentement et s'agenouilla pour être à sa hauteur.
-Tu l'as vus ?
Hochement de tête apeuré.
-Où ?
-Près de l'ancienne gare, on fuyait les démons avec un autre survivant et on est tombé chez lui. C'était juste une grotte avec des symboles bizarres accrochés à l'entrée. Les démons avaient l'air de pas vouloir rentré dedans, alors on s'est dis qu'on y serait à l'abri. Puis on est tombé dessus. Il nous a dis qu'il ne tolérait pas d'humains chez lui mais qu'il nous ferait sortir à condition que... qu'on lui offre une âme...
-N'en dis pas plus, je n'ai pas envie de devoir te tuer. Et laisse moi-faire.
Ysmir mit ses mains de chaque côté de la tête du soldat. Deux d'entre eux voulurent intervenir mais le général les arrêta d'un geste. Une flammèche sortit lentement d'une des mains et sembla s'introduire dans le crâne du soldat, sans qu'il n'émette un cri de douleur. Elle ressortit de l'autre côté, avait pris une légère couleur cyan plutôt que l'orange vif de départ. Elle rentra dans l'autre main d'Ysmir qui resta un instant immobile avant de se redresser.
-Bien, j'en ai finis. Je dois me remettre en route.
Sans plus accorder d'attention, il s'approcha de la porte, la saisit d'une main et la souleva au-dessus de sa tête sans se soucier des rouages, puis sortit du parking souterrain pour revenir à l'air libre. Il inspira un grand coup. Décidément il préférait même cet air vicié à se savoir enfermé sous terre. Il avait finalement un endroit où chercher, c'était déjà pas mal.
Il fut étonné d'entendre de nouveau la porte s'ouvrir dans son dos et se retourna pour contempler Legrand qui s'approchait de lui, avec ce qui semblait un nouveau fusil dans le dos et une armure en meilleure état. Il avait également plusieurs sacoches à sa ceinture, ainsi qu'un sac militaire dans le dos.
-Un des soldats m'as prêté son équipement, expliqua-t-il.
-Pour faire quoi au juste ?
-Ben, vous savez où aller mais vous n'avez aucune idée des endroits où passer, je me trompe ?
-Non, en effet.
-Du coup, je me suis dis que je pourrais vous servir de guide. Celui que vous avez interrogez m'a donné le nom de la gare, je sais comment y allez. Une fois là-bas, on pourra se repérer avec ce que vous avez vus dans ses souvenirs.
-Juste une question, pourquoi tu fais ça ?
-Parce que si vous êtes vraiment un ange, je me dis que j'ai plus de chances de me rendre utile pour ce monde en vous aidant qu'en restant barricadés sous terre.
-Je doute faire quoi que ce soit pour ton monde.
-Parce qu'enfermé là-dedans je ferais quelque chose.
-Sans doute pas, en effet. On va par où ?
-Plein est, vers le soleil levant, indiqua Legrand en tendant son bras.
-Si tant est qu'on le voie à travers ces nuages.
-D'ailleurs je serais d'avis de trouvé un abri sur le chemin.
-Accepté.
III – Passage Interdit
Ils avaient marché pendant deux jours dans les ruines. L'endroit que leur avait indiqué le soldat était situé en plein cœur de la ville, si tant est que le terme puisse encore s'appliquer, et c'était de loin le plus corrompus par les démons. Ysmir aurait facilement pus faire tout le chemin en une journée mais son compagnon avait besoin de repos et de nourriture, contrairement à lui-même.
Sur les conseils de Legrand, ils couvraient les derniers kilomètres par les anciens tunnels. Ils étaient souvent fréquentés par les démons mais avaient l'avantage d'être en relativement bon état comparé à ce qui se dressait à la surface. Qui plu est, le dernier tronçon était selon Legrand toujours vide, a une exception près avait-il précisé tout en rajoutant qu'elle ne poserait pas de problèmes. Ils débouchèrent dans un tunnel autoroutier, suffisant pour laisser passer six voitures de front et aussi haut qu'une église. La seule trace démoniaque consistait en une large surface de tumeur sur l'un des murs, du sol au plafond.
-Votre peuple a vraiment bâtis tout ça, c'est impressionnant pour de si petits êtres...
-Euh... oui... attends.
Ysmir remarqua que son compagnon s'était figé en arrière, il semblait observer en tout sens le tunnel. L'ange allait lui demander ce qui n'allait pas lorsqu'un grondement effroyable souffla dans tout le tunnel, suivit de bruit pesants, comme si l'on déplaçait une montagne. Il se retourna pour découvrir qu'il n'était pas loin de la vérité. Un énorme démon se déplaçait dans sa direction.
Il occupait la moitié de la largeur du tunnel et faisait bien vingt mètre de haut. Il se déplaçait à la manière d'un gorille, ses deux jambes assez larges pour écraser une voiture entière sous ses pieds et ses deux bras démesurés semblaient capable de balayer un immeuble. Il était pour moitié constitué de morceaux de bétons et métal : la moitié d'un bus constituait son épaule, son dos servait de support à des constructions aussi étranges que mouvantes, des lampadaires dépassaient de nombreux endroits. Il semblait s'être constitué de tout ce qu'il trouvait. Sur son visage, trois yeux jaune répugnants qui faisaient le tour de son crâne fixaient désormais l'ange tandis qu'une bouche monstrueuses aux dents aléatoires beuglaient des mugissements à faire trembler les murs plus encore que son poids.
-Reste dans le tunnel secondaire.
L'ordre était bien inutile, Legrand s'y était déjà réfugié et faisait signe à Ysmir de l'y rejoindre tandis que l'ange s'approchait du démon d'un pas sûr. Le colosse s'était arrêté dans son approche, étonné sans doute de voir quelqu'un le défier. Puis, dans un beuglement sauvage il se rua en avant, fracassant le béton sous sa course et envoyant valdinguer contre les parois les rares carcasses de voitures qui encombraient encore le passage. Ysmir s'écarta d'un pas pour éviter de finir écrasé sous une tonne de tôle rugissante qui le frôla. Il tendit son bras gauche et la chaîne alla entourer la carcasse. Se concentrant, il fit décrire à son bras un arc-de-cercle, suivit à rebours par l'épave qui décolla pour aller s'écraser dans le visage du colosse. Celui-ci n'eut qu'à écarter les mâchoires pour y accueillir le projectile qu'il broya sans effort apparents. Il n'avait visiblement pas prévus l'ange qui suivait le repas. Se servant de la voiture comme propulseur, Ysmir avait bondis et délivra un formidable uppercut enflammé directement dans l’œil du colosse. Une paupière de roche se referma et le coup ne fit que l'ébrécher, laissant l'agresseur retomber pitoyablement au sol.
A peine Ysmir se fut-il réceptionné qu'il fut projeter sur un cinquantaine de mètre par un bras vengeur. Il se releva promptement et se jeta de côté tandis qu'un projectile de liquide noir, poisseux et corrosif s'écrasait à l'emplacement qu'il occupait une seconde auparavant. Le colosse cracha une nouvelle fois mais Ysmir voulut le stopper d'un trait de feu. Lorsque les flammes entrèrent en contact avec la substance, une formidable explosion eu lieu, dont le souffle balaya l'ensemble du tunnel d'une chaleur insoutenable. Le colosse ne se remettait qu'à peine de l'incident qu'Ysmir repartait à l'attaque.
L'ange évita un premier coup de poing qui s'enfonça profondément dans le béton et voulut riposter en frappant le bras ainsi exposé. Son coup eu autant d'effet que le premier et il n'eut que le temps de sauter en l'air pour esquiver un balayage d'une main de béton. Il se trouvait désormais sous le ventre de la créature, hors de sa vision. Il saisit sa chaîne dans sa main gauche et aussitôt celle-ci s'enflamma. Il porta plusieurs coups de son arme, chacun laissant une longue traînée de brûlé au ventre non protégé du colosse, seul un étrange cercle blanc semblable à l'ivoire l'ornait.
Un hurlement de rage lui fit savoir que son attaque portait, quand soudain une demi-douzaine d'yeux s'ouvrirent un peu partout sur le torse de la créature et se posèrent sur l'ange, lequel fit un pas en arrière par réflexe. Brusquement, le cercle d'ivoire se fissura, et s'ouvrit, révélant une gigantesque bouche entourée d'une centaine de crocs aiguisés comme des rasoirs et dont l'intérieur tait tapissé de petits filaments. L'un d'eux s'allongea et vint se coller à l'épaule d'Ysmir. La substance noire qui le recouvrait commença à attaquer sa peau mais surtout il ne pouvait plus s'en détacher. Un autre tentacule se tendit, puis trois, sept, quinze, cinquante... En quelques instants, Ysmir se retrouva pris au piège de plusieurs centaines de filaments qui l'attirait inexorablement vers l'effroyable gueule. Après un bref moment de lutte, la prise de l'ange ne tint plus et il se retrouva happé. La gueule se replia sur sa silhouette sombre et les crocs se refermèrent sans pitié.
Legrand avait assisté à toute la scène depuis son tunnel. Il vit le colosse se redresser et sentit les trois yeux le jauger de toute leur suffisance. Dans un sursaut de colère et de courage, il brandit son arme et vida l'intégralité de son chargeur sur la créature. Laquelle ne broncha même pas et se contenta de se diriger lentement vers lui. Elle ouvrit la gueule et Legrand se voyait déjà rongé par la bave.
Mais le colosse n'eut jamais le temps de cracher son venin, puisque son ventre explosa soudainement. La chair calciné vola à travers tout le tunnel, des humeurs démoniaques se répandaient en flot sur le sol au milieu des bouts d'organes. Les crocs plus tranchants que l'acier allèrent se ficher dans le béton ou traversèrent les carcasses de voitures. L'un d’eux se planta juste devant les yeux de Legrand, que le souffle avait projeté cul par dessus tête. Il se redressa soudainement, soudain moins courageux.
Face à lui se tenait un colosse auquel manquait bonne partie de son imposant abdomen et qui déversait encore des hectolitres de sang bleuâtre. Entre eux se dressait un Ysmir flamboyant, avec pour seules blessures quelques brûlures qu'avaient pus causés les filaments et une longue plaie sans doute provoqué par l'un des crocs. Avant que le colosse ne puisse réagir, l'ange avait sauté en l'air et fit décrire à son bras droit un cercle complet. La chaîne enflammé avait fendus l'air en une spirale destructrice, creusa un long sillon dans le béton qui prenait naissance juste aux pieds de Legrand puis frappa le colosse, s'enfonça dans ses chairs et remonta tout le long de son torse pour venir frapper le visage, fracassant la mâchoire et emportant plusieurs dents.
Le colosse recula alors qu'Ysmir atterrissait au sol. Le démon se laissa pesamment retomber sur ses bras et redressa péniblement un visage ravagé, dont pendait une mâchoire en miettes et suintant d'humeur noire, sur son ennemi. Avant qu'il n'ait pus attaquer de nouveau, la chaîne s'était enroulé sur son bras gauche, juste en dessous de l'épaule, mordant dans la chair à nue. Ysmir saisit son arme à deux mains et se projeta de toute ses forces sur sa gauche. Le bras tint bon un instant, puis se rompit dans une explosion de sang et de chairs. Ysmir se laissa entraîner par le poids puis planta ses deux pieds dans le sol. L'imposant conglomérat de chair et de béton tourna autour de lui avant de venir se fracasser contre son homologue intact, le broyant également. Le colosse qui avait jusque là réussit à se maintenir debout perdit lentement l'équilibre et s'effondra au sol dans un roulement de tonnerre qui fit vibrer toute la structure même du tunnel. Le souffle força Legrand à s'agenouiller pour y résister mais Ysmir resta debout en pleine tempête, écartant de son bras droit un projectile de tôle, sans doute une ancienne portière, qui lui aurait sans cela fendus le crâne.
Lorsque la poussière retomba, le colosse était inanimé au sol, baignant dans ses propres fluides. Les morceaux de bétons qui le constituaient avaient broyés son propres corps et sa peau étaient transpercée de partout. Les structures de son dos semblaient s'être écroulés avec lui et ne restait plus que quelques pauvres débris qui formaient un reliquat de carapace. Ysmir s'approcha de l'imposant visage, aussi haut que lui bien qu'amputés de sa mâchoire. Il saisit de ses deux mains la roche fendue qui protégeait l’œil et l'arracha. Ce qui ressemblait à un cri de douleur fut émis de quelques part sous le colosse, tandis que se dévoilait un œil qui, aussi émouvant que pouvait l'être un iris seul, semblait terrorisé. Ysmir arma son bras gauche, lequel se recouvrit de flammes plus intenses que le plus chaud des brasiers, puis frappa une unique fois. Il s'enfonça jusqu'à l'épaule dans l’œil du colosse, lequel émit un long cri guttural tandis que toute la longue de son dos explosait dans une langue de flammes.
Le silence retomba doucement. Legrand s'approcha d'Ysmir. Il ne pouvait détacher son regard de la carcasse du colosse, lequel ressemblait à une chrysalide géante largement fendue sur toute sa longueur. Les bords avaient fondues sous la chaleur et les flammes avaient roussis jusqu'au plafond du tunnel. Il se demanda un instant ce qui pouvait bien réussir à arrêter l'ange lorsqu'il avait décidé qu'il passerait. Il ne semblait même pas blesser. Et pourtant, l'on pouvait lire sur le visage d'Ysmir un doute prépondérant.
-Legrand ?
-Oui ?
-Sois gentil, la prochaine fois essaye de me prévenir à l'avance.
Il resta un instant sans savoir que dire, puis se contenta d'acquiescer silencieusement. Ysmir reprit alors la marche, foulant sans intérêt les restes de son ennemi, talonné par un sergent qui avait du mal à suivre la cadence imposé par l'ange sur ce sol inégal.
Tu as très bon style d'écriture qui est supérieur à celui des autres à mon avis. Je m'imagine quasiment entrain de lire un roman et j'accroche immédiatement sur Ysmir que je trouve vraiment Stylé. Combien de chapitres seras constitués ta fic?
Tes chapitres sont excellents. Tu as un très bon style d'écriture. Tu décris très bien les scènes d'actions. J'attents la suite.
Merci tous les deux, ça fais plaisir de lire ça ^^
Pour le nombre de chapitres, je sais pas du tout, je fais ça en totale impro. Mais j'ai un paquet d'idées que j'aimerais caser, me manque encore des liens entre par contre
D'acc :P
Si tu veut parler d'écrivain à écrivain on peut s'en parler aussi xP
Sinon je need la suite Elle va être prête pour quand environ?
Hum, j'ai une grosse hésitation concernant le chapitre suivant et je demande l'avis de mes (rares) lecteurs : je donne la possibilité à Ysmir de voler ou je le laisse désespérément piéton ?
D'après moi,si tu le fais voler,fais en sorte que sa lui demande énormément de pouvoir et qu'il ne puissent pas le faire bien longtemps car sa gâcherais un peu l'histoire et les combats qu'ils puissent voler indéfiniment mais bon ce n'est que mon avis ^^
Un bon chapitre de transition. C'est un vrai régale de lire une Fic aussi bien écrite. Pour ysmir, je pense que c'est plus judicieux qu'il reste piéton pour les scènes de combat. Bon je te laisse choisir. La suite.
V – Avant le face-à-face
Ils étaient revenus sur les lieux du combat. Rebrousser chemin ne leur avait posé aucun soucis, seuls quelques nuées les avaient agressés, rapidement réduites en cendres par les pouvoirs d'Ysmir. Ils étaient sur une plate-forme surélevée, surplombant le cadavre du colosse. Ils observaient toute la longueur du tunnel, cherchant une quelconque entrée cachée. Ysmir se résolut à demander, une fois de plus :
-Tu es certain que l'autre bout du tunnel mène en plein désert ?
-Oui, j'y suis allé au moins dix fois, répondit Legrand sur un ton usé.
-Bien.
Ils restèrent ainsi à observer le tunnel encore plusieurs minutes. Puis Ysmir ne tint plus en place et sauta au bas de la plate-forme, plusieurs mètres sous eux et se mit à inspecter le sol, retournant chaque caillou, chaque plaque de métal, repoussant sans ménagement les carcasses qui le gênaient, cherchant des inscriptions démoniaques dans les fissures des murs... n'importe quoi qui aurait pus indiquer une quelconque entrée.
Pendant ce temps Legrand était descendus de la plate-forme et arpentait le tunnel, l'air découragé. Pour lui, le démon avait mentis, c'était aussi simple que cela. Il tapa du pied ans un caillou qui traînait, lequel alla rebondir contre la tumeur démoniaque qui occupait la moitié de la paroi et revint le frapper au casque. Déjà frustré de cette recherche, il s'énerva, attrapa un enjoliveur qui traînait et le lança comme un frisbee sur la tumeur.
Il s'enfonça dedans complètement sans qu'elle n'en parusse plus affectée. Legrand haussa les épaules et allait se retourner quand un fracas métallique lui parvint, étouffé. Il regarda d'abord Ysmir mais celui-ci était occupé à passer au crible chaque centimètre carré d'asphalte, sans toucher la moindre ferraille. Il regarda de nouveau la tumeur. A la réflexion, quelque chose clochait. Il attrapa une barre métallique au sol et s'approcha de l'infection. Il tâta prudemment la surface, laquelle s'agita sous le contact, avant d'enfoncer son arme improvisé. Le métal creva facilement la chair et s'enfonça dedans. Legrand continua d'enfoncer autant que possible et ne dut s'arrêter que parce qu'il arrivait au bout de la tige. Il s'écarta un peu du mur.
-Et si l'entrée était tellement grande qu'on ne la voyait pas ? Murmura-t-il pour lui-même. Ysmir !
L'ange se releva soudainement et se dirigea vers le sergent.
-Quoi, t'as trouvé quelque chose ?
-Peut-être... et si c'était derrière ça ? Expliqua Legrand en montrant du doigt la tumeur.
Sans dire un mot, l'ange s'en approcha et posa prudemment sa main sur la surface, avant de doucement l'y enfoncer. Il arrivait à la moitié de son avant-bras lorsqu'il sentit qu'il crevait quelques chose. Aussitôt ses doigts sentirent l'air libre. Il eut un petit sourire triomphant.
-Écarte toi.
Legrand recula encore de plusieurs pas, alors que le bras d'Ysmir se nimbait de flammes, lesquelles dévorèrent aussitôt l'infection autour de lui, prenant une teinte verte malsaine. Il augmenta la puissance et le feu devint d'une blancheur éclatante et la tumeur se désagrégea autour de son bras, avant que les flammes ne se répandent à sa surface, la faisant lentement tomber en morceaux calcinés. En quelques minutes, elles avaient ouvert un cercle de plusieurs mètres de diamètre qui révélait un long tunnel secondaire. Seuls marques de passage, une barre de fer à l'entrée et un enjoliveur à plusieurs mètres de celle-ci.
-Bien joué.
Sur ce compliment de la part de l'ange, le duo se remit en route, ayant retrouvé son chemin, tandis que derrière eux persistait le crépitement des flammes. Ils marchèrent encore plusieurs minutes à travers un tunnel aussi calme qu'un cimetière. Aucune trace de combat ou de destruction n'y avait persisté. Celui qui vivait derrière aimait avoir ses entrées propres. Sans raison apparente, ils pouvaient distinctement sentir la température monter, jusqu'à devenir étouffante. Ils arrivèrent finalement sur une petite esplanade, laquelle surplombait un lac de lave gigantesque.
Au loin, sur un piton rocheux isolé de tout, les ruines d'un lieu de culte humain trônaient, faible témoignage du passé glorieux de cette espèce. A cette distance, elles semblaient grouillées d'activité, mais les occupants avaient vraisemblablement changé d'espèce. Tout autour d'eux, dans les airs, des chauves-souris démoniaque de toute taille planaient, se laissaient aller au gré des courants d'air chauds et se combattaient les unes les autres. Les plus grosses atteignaient quelques dizaines de mètres d'envergure et étaient suffisante pour transporter plusieurs démons sur leur dos.
-Reste ici, d'accord. L'ordre était clair et sans revendications possibles.
-Ils vont vous tuer si vous y allez.
-Sans doute.
-Alors pourquoi y aller quand même ? Vous êtes un ange et accordez foi au paroles d'un démon, il y a quand même quelque chose qui cloche, vous ne trouvez pas ?
-Possible, mais je n'ai qu'un moyen d'en avoir la certitude.
Sans plus laisser le temps de parler, Ysmir courut en direction du bord et plongea dans le vide. Après un instant de stupéfaction, Legrand s'approcha du bord à petit pas. Juste à ce moment une chauve-souris de deux fois sa taille s'éleva soudainement devant lui. Suspendus à une chaîne, elle-même accrochée aux pattes du monstrueux animal, se tenait Ysmir, dont le regard ne quittait pas l'ancienne cathédrale.
Après quelques détours, son transport improvisé finit par passer assez près de l'îlot. Un balancement et Ysmir relâcha sa chaîne qui vint s'enrouler de nouveau à son avant-bras. Il fendit les airs comme une pierre, gagnant en vitesse dans sa chute pour finir par n'atterrir qu'à quelques mètres seulement d'un précipice. Le choc fut assez violent pour fissurer la roche sous ses pieds et attirer l'attention de la moitié des démons de l'îlot. Ils s'approchèrent, doucement, curieux de savoir quel visiteur avait osé venir jusqu'ici.
Ysmir se releva doucement et jaugea la horde qui lui faisait face. Des satyres en grand nombre, plusieurs centurions, quelques ogres et berzerkers dans le tas. Et la cathédrale devait renfermer bien des troupes pire encore. De nombreux démons s'étaient peints partiellement ou entièrement en rouge, et tous arboraient une épaulière, rouge, décorée de deux cornes ensanglantée. La trace de Samaël.
-Menez moi à votre maître, démons.
En réponse, l'un des centurions au premier rang leva bien haut sa double hache en mugissant d'un ton de défi et d'autres grognement le suivirent. Ysmir recula son pied droit, tendit ses muscles et se prépara à en affronter autant que nécessaire quand soudain les portes de la cathédrale s'ouvrirent dans un grand fracas, ramenant aussitôt le silence parmi la horde assemblée. Un diable venait d'apparaître dans son embrasure et toisa silencieusement l'ange, ses deux ailes de cuir repliées dans son dos. Il arborait la couleur rouge sur tout son corps et une épaulière particulièrement imposante.
Le message était passé et l'armée démoniaque se fendait en deux, à regret pour certains.
Un couloir aussi accueillant que l’échafaud se dessinait devant Ysmir, qui l'emprunta à pas rapide. Il atteignit le diable, lequel s'effaça pour le laisser entrer dans la cathédrale. Il était plus grand que lui et le jaugeait de toute sa suffisance, derrière ses petits yeux mauvais qu'agrémentait une barbichette ainsi que toute une collerette de cornes variés. Les portes se refermèrent et l'ange eut soudainement l'impression d'avoir fait une énorme connerie, tandis que plusieurs dizaines de diables et de soldats se tournaient vers lui.
Bon chapitre. Tu prépare le terrain de l'affrontement entre Samaël et Ysmir mais d'abord il doit affronter plusieurs démons. J'attend la suite.
Pas de fight entre Ysmir et Samaël. Pauvre Ysmir, il ne peut rien faire face à Samaël depuis que War lui a donné sa puissance. Ysmir en difficulté à cause de ses nouvelles ailes. La suite.