"- En quoi le fait de répondre à ces deux questions va-t-il vous avancer en quoique ce soit ? Pour qui vous prenez-vous, "Gunnar Coeur-de-Lion" ? Pour un psychologue, un confesseur qui permet aux criminels d'expier leur pires pêchés lors de leurs derniers instants ? "
Je plongeai mes yeux dans les orbites vairons du Saxhleel. Mon regard étais désapprobateur. Non Jeelus-Tei, je ne me prenais pas pour un psychologue, non Jeelus-Tei je ne prenais pas pour un confesseur qui permet aux criminels d'expier leur "pires péchés" lors de leurs derniers instants. C'est malveillant de voir à quel point j'avais réussi à emberlificoter l'Argonien pour qu'il puisse devenir à ce point paranoiaque. J'étais Gunnar Coeur-de-Lion et je voulais simplement savoir pour quels raisons m'a-t-on envoyer pourfendre cet atypique lézard, pourquoi un lézard pareil pourrait être un aussi grosse épine dans le pied de la Morag Tong.
Cependant, l'Argonien avait finalement concédé à répondre à mes deux interrogations, ce fut très instructif et mon hypothèse sur son compte était donc cohérente, je devrais me méfier de la Morag Tong. Peut-être lui avais-je fait peur ? Non, je ne pense pas. J'avais déjà menacé des hommes avec un outil porteur de la mort et celui-là n'avait (presque) pas bronché. Cet Argonien avait le sang froid, dans les sens figurés et propres. Cela se voyait donc clairement que mon individu avait connu la mort, de près, en tant que donneur et en spectateur. Il l'a connaissait très bien pour ne pas la redouter, je n'aurais jamais pu être aussi insensible à la crainte de la mort.
La mort faisait parti du quotidien de l'Argonien. Bien mal m'en a pris de l'avoir sous-estimé. Bien mal m'en a pris de l'avoir sous-estimé car, c'était désormais une certitude, un être beaucoup plus aguerri que moi à la froideur du monde. Le petit pirate ne devait rien représenter aux yeux de l'ennemi sacré de la Morag Tong, le petit pirate n'était qu'un petit orvet face à lui...
Mais le petit orvet avait tout de même réussi à affecter ce monstre de froideur, alors qu'en penser ?
"Je suppose que vous pouvez disparaître, maintenant." ajouta-t-il.
Il avait raison, mieux vaut que je parte dans le calme. Une mage pédante, un colosse et un Argonien endurci face à quoi ? Gunnar le maître assassin... non, Leif Erikson, le fermier devenu pirate puis embarqué dans ces histoires d'assassins, de trahisons, d'ennemi sacré. Oh, tu dois sans doute être déçu car tu dois sans doute penser que "Oh il se sent dépassé par les évenements", non, j'étais réaliste. Le moi d'il y a deux jours aurait foncé tête baissé dans ce combat à l'issue incertaine, qui aurait fatalement conduit à ma mort.
Et lis un peu plus bas et tu comprendras que j'ai été bien sage de ne pas tuer le lézard.
Quand tout à coup, surgissant des toits, plusieurs silhouettes sombres et encapuchonnés, armés de lames.
Des assassins - de la Morag Tong - se ruèrent vers ma direction et donc vers celle de l'Argonien. Mes "camarades" n'étaient pas là pour boire un verre avec moi ou pour discuter. A gauche et à droite, ces tueurs déferlèrent et leur robe dansant autour de moi, la rousse, le colosse et l'Argonien. L'un des assassins - Un dunmer aux traits grossiers -, qui devait sans doute être leur tête prit la parole, une pointe de pédanterie dans la voix:
- Quelle dommage Gunnar que tu n'aies pas réduit en pièce ce sale chien de Jeelus-Tei, t'aurais été assez affaibli et cela nous faciliterait un peu la tâche pour t'étriper! (S'adressant à ces hommes) En avant !
Ces sales chiens. Ils voulaient que j'affronte Jeelus-Tei, que je l'assassine, pour ensuite me faire la peau, comme ça, personne ne saura la vérité. La Morag Tong avait destiné Gunnar à un funeste dessein depuis le début !
Ils étaient quatre. Deux devant moi et deux derrière. Seulement, Jeelus était affaibli, je devais me débrouiller face à deux tueurs... la nervosité s'empara de mon être, mes traits modifiés par l'énervement, je perdis mon sang froid:
- Sales pourritures de Dunmers ! Je vais TOUS vous tuer, vous étriper et vous massacrer à Faillaise! Venez vous battre sales peaux-grises !
Je ressuscitai mon côté Leif Erikson. Plus jamais, je ne le renierai car "chasser le naturel, il reviendra au galop".
Je cherchai du regard mon allié de circonstance, le dénommé Jeelus-Tei.
Bordel de merde. Quel cadeau empoisonné Gunnar ! Et on peut le dire !
- "D'accord. Cependant, je ne compte absolument pas me battre avec le Saxhleel. Merci. Au revoir. Vous pouvez partir."
Elle tiqua. Ce nordique était probablement la personne la plus désagréable qu'elle avait vu depuis l'autre haut-elfe de l'auberge. Et puis c'était à lui de partir ! Pas à elle !
- "Jeelus-Tei, Jeelus-Tei... Soit, vous ne voulez pas aller à l'auberge en ma présence mais auriez-vous l'amabilité d'avoir la décence de répondre à deux de mes questions ? Pourquoi avez-vous trahi la Morag Tong ? Qu'avez-vous fait pour être l'ennemi numéro de cette organisation ? Et enfin, j'ajoute que votre avenir tiendra de votre réponse."
Comment osait il encore menacer Jeelus ? Il n'avait même pas d'arme ! Mais Jeelus ne semblait pas affecté par la menace. Le Jeelus qu'elle connaissait semblait être revenu.
- "En quoi le fait de répondre à ces deux questions va-t-il vous avancer en quoique ce soit ? Pour qui vous prenez-vous, "Gunnar Coeur-de-Lion" ? Pour un psychologue, un confesseur qui permet aux criminels d'expier leur pires pêchés lors de leurs derniers instants ? " il fit une courte pause
"Je ne vais pas répondre à vos questions, très cher. Du moins, pas intégralement, et il faudra bien vous contenter de cela, sans quoi mon amie ici présente sera forcée de vous envoyer une stalactite droit dans votre boîte crânienne. Je vais être expéditif : seules deux personnes savent pourquoi je suis l'ennemi numéro un de la Morag Tong. Oh, c'est amusant parce qu'à l'origine nous étions quatre, mais deux d'entre nous sont morts. Dranas, le manchot, en faisait d'ailleurs partie. Paix à son âme. Je vais vous dire, Gunnar, je suis convaincu que même vos employeurs ignorent pourquoi je suis "l'ennemi numéro un", à moins que vous ne soyez payé par Garyn Dalomo, ce qui m'étonnerait au plus haut point. Sans doute que vos supérieurs rendent service à Garyn, mais qu'ils ne savent même pas quel est mon "crime". Pour ce qui est de votre autre question, qui est au sujet de ma soi-disant félonie. Je n'ai qu'une chose à répondre : c'est la Morag Tong vengeresse qui m'a trahi, et non l'inverse. Je suppose que vous pouvez disparaître, maintenant."
Elle soupira. Elle se sentait complètement hors de la discussion. Elle ne comprenait rien et les deux interlocuteurs semblait n'en avoir rien à faire d'elle. Et c'était quoi cette "Morag Tong" d'abords ?! Elle en aurait des questions à poser à Jeelus apres, un sacré nombre.
Mais le Nordique n'eut même pas le temps de répondre ou de faire un pas en arrière que des elfes encapuchonnés surgirent de toutes parts. Pourquoi par tous les Daedras devait elle toujours se retrouver dans des combats qui ne la concerne pas ?
Un des Dunmers s'adressa au "Coeur-de-lion".
- "Quelle dommage Gunnar que tu n'aies pas réduit en pièce ce sale chien de Jeelus-Tei, t'aurais été assez affaibli et cela nous faciliterait un peu la tâche pour t'étriper ! En avant !"
Rodrik était déjà en position de combat. Deux combattants face à lui. Elle elle devait... devait... fuir ? Encore ? L'idée ne l'enchantait pas vraiment mais... mais elle ne pouvait pas fuir en fait... elle recula le plus possible pour se retrouver le plus loin de chaque combattants, au moins elle pouvait se mettre le plus en sécurité possible... Elle lança un sort de protection sur Rodrik et se colla au mur comme si celui-ci allait lui offrir une quelconque protection.
« Thardrik Vidar. Capitaine à la cour de Daggerfall et tout le tralala, je vous l'ai déjà dit. Enchanté.
Puis il marqua une courte pause, l’air pensif.
« Vous ne m'avez pas répondu tout à l'heure. Lorsqu'on était dehors. Vous avez l'avantage de savoir mon boulot, à vous de faire maintenant. Comment vous arrivez à joindre les deux bouts ?
-Eh bien, disons que nous sommes de simples mercenaires comme il en existe des milliers dans cette froide province. Pas très original je sais, mais il faut bien gagner sa croûte, termina Adrian en esquissant un sourire.
Comme si le fait d’avoir terminé sa phrase avait sonné l’heure du repas, la serveuse débarqua accompagnée par une autre femme - plus agréable au regard cependant - les bras chargés de leur commande. Quatre assiettes aux fumets enivrants furent posés sur la table, bientôt rejoint par deux tasses en céramique et un gobelet en ferraille.
« Avec les compliments d’la maison, argumenta la plus vieille des deux femmes en offrant un clin d’œil au blond.
Une fois qu’elle fut à une distance respectable de la table, l’archer se pencha sur son plat. L’odeur qui s’en échappait - un léger arôme de miel couplé à une forte dose de bière, ainsi qu'une effluve telle qu'on n'en sentait que dans les boucheries - était alléchante et présageait un repas des plus copieux.
Quant au cognac, la teinte que lui donnait le verre n'avait rien de bien engageant. Mais l'Impérial savait au fond de lui-même que cela constituerait un régal pour les papilles.
De son côté Fauve avait déjà commencé à déguster ses mets sans attendre les autres. Il mangeait et buvait comme si un Khajiit affamé allait venir lui voler le contenu de son écuelle.
-Eh bien, disons que nous sommes de simples mercenaires comme il en existe des milliers dans cette froide province. Pas très original je sais, mais il faut bien gagner sa croûte, s'expliqua Adrian en lâchant un sourire.
Des mercenaires, tiens donc. L'on pouvait dire que Fauve avait véritablement la tête de l'emploi ( même s'il pouvait tout aussi bien être un pilleur Atmorien venu envahir la province à lui tout seul ). L'Impérial en revanche laissait beaucoup moins transparaître sa profession, que ce soit par son physique ou ne serait-ce que par ses manières. Il était plus ... "soigné" que la moyenne des tueurs à gages, ou du moins il mimait cet état à la perfection. Dans l'imaginaire collectif, un mercenaire ressemblait plutôt à un grand gars pas vraiment futé avec une énorme hache à deux mains dans le dos, qui essaye en vain de compter la paye de son employeur sur les dix doigts de sa main, plutôt qu'à un individu tel qu'Adrian. Il semblait un tant soit peu éduqué, du moins plus que n'importe quel pauvre paysan nordique du coin, qui ramassait des radis à longueur de journée. Avait-il grandi dans un milieu bourgeois ? Peut-être. Quant à son gigantesque camarade ... et bien, il n'avait pas besoin de recourir à la courtoisie afin d'imposer le respect. C'était le genre de personne que l'on appelait "Monseigneur" dans la rue, de peur de se faire dérocher la mâchoire pour s'être montré trop familier.
Les plats furent servis, l'Impérial avait curieusement commandé quatre assiettes pour seulement trois personnes. Sans doute Fauve ingurgitait-il plus de nourriture que tout les clients de l'auberge réunis ! Thardrik toisa son assiette, l'ours à la bière se tenant dans son auge ne s'apparentait point à celui qu'il avait dégusté à Fortdhiver, mais l'arôme qui s'en dégageait lui paraissait néanmoins deux fois plus appétissant. Le corsaire s'échauffa les poignets, s'apprêta à se saisir de son couteau puis aperçut finalement son verre de cognac trônant au milieu de la table. Un majestueux cylindre surplombant une surface ovale, comme la Tour d'Or Blanc au beau milieu de la Cité Impériale. Malheureusement pour le siège du pouvoir de l'Empereur, la boisson l'emportait nettement au niveau de l’intérêt et de l’utilité de son contenu, une bonne gorgée de cognac était plus utile à tout un peuple qu'une poignée de nobles décrépits de battant pour des parcelles de territoires.
Le flibustier se saisit de son verre, le leva à hauteur d’œil afin d'en observer la teinte ambrée, puis osa en avaler une gorgée. Il laissa ses papilles opérer, et hocha lentement la tête. C'en était un bon, Adrian ne s'était pas trompé. Il devait au moins avoir quinze ans d'âge : l'eau de vie était forte, mais l'on sentait tout de même le goût du moût, qui était excellent. Le producteur avait aussi eu la décence de ne pas tenter une artificialisation de la couleur du nectar avec des caramels, ce qui avait tendance à modifier la saveur et ruiner l'authenticité de la boisson. Un aussi bon cognac, l'on n'en produisait qu'à Hauteroche !
-Goûtez moi ça, marmonna Thardrik. Ça, c'est que j'appelle de la boisson, ajouta-t-il en reprenant une gorgée.
Il observa Fauve, qui vidait son assiette de bon cœur, puis Adrian, qui semblait étudier son plat. Thardrik afficha un léger sourire en coin, sans doute l'ours à la bière ne le convainquait pas ! L'écumeur prit son couvert, en découpa une tranche et l'engloutit toute entière, la broyant de ses molaires avec expertise. On sentait bien l'orge et le miel, peut-être un peu trop au détriment du goût de l'ours, mais il n'en restait pas moins délicieux. Qui aurait cru que l'on faisait aussi bonne pitance à Fort-Ivar ? Bordeciel était décidément pleine de surprises. Surtout de mauvaises, certes, mais ce genre d'établissement arrivait à éclipser tout les massacres et tout les dragons pyromanes de ce bas-monde. Malgré les serveuses peu aguichantes.
-Et en ce moment, vous êtes en chasse ou vous flânez d'auberges en auberges à la recherche d'une bonne prime ? Demanda Thardrik pour la forme avant de se resservir dans son auge.
« Goûtez moi ça, marmonna le dénommé Thardrik. Ça, c'est que j'appelle de la boisson.
Adrian suivit son conseil et porta lui aussi son verre à ses lèvres. L’odeur de l’eau-de-vie parvint à ses narines avant qu’il n’ingurgite une faible dose du breuvage. C’est ce moment que choisit le corsaire pour poser une nouvelle question.
« Et en ce moment, vous êtes en chasse ou vous flânez d'auberges en auberges à la recherche d'une bonne prime ?, questionna-t-il avant de reprendre une bouchée de son ours.
Aurait-il flairé l’entourloupe ? Adrian avait-il fait une gaffe en dévoilant son activité ? Non. Peu importe la perspicacité d’une personne, quand bien même elle se saurait en danger, elle ne pourrait deviner une manœuvre d’approche comme les deux chasseurs étaient en train de réaliser.
D’autant plus que ce Thardrik n’avait pas l’air d’être effrayé ou même stressé. Pour dire vrai, l’on aurait du mal à croire qu’il avait été témoin d’une conférence à laquelle il n’était pas invité et que des fous furieux étaient à ses trousses...En parlant d’eux, cela sembla inquiétant qu’ils n’aient pas montrer le bout de leur nez. A moins que l’Impérial n’ait pas encore été repéré, ce qui expliquerait pourquoi les deux compagnons étaient les seuls sur le coup.
L’archer laissa ces vaines questions de côtés, si son semblable le démasquait ils n’auraient qu’à fuir la ville et guetter leur sortie éventuelle. Au pire des cas il n’aurait qu’à le tuer à la seconde où il crierait au loup, le plus dur serait ensuite de retrouver les compagnons de route de l’homme de la mer.
Mais cette dernière pensée fit naître le doute en lui. Les quelques paroles qu’il avait échangé avec sa cible avait montré un homme intéressant au possible. Sa façon de penser comme son accoutrement singulier faisait de lui quelqu’un que l’on ne peut ignorer.
« Eh bien nous sortions tout juste d’un contrat pour le moins palpitant, quand nous avons convenus qu’il était temps de s’accorder une pause, expliqua le blond avant de prendre une bouchée d’ours au miel.
Il savoura le contact chaud et doux de la viande aromatisée qu’il avait en bouche. Ce Thardrik avait de bonnes idées, de très bonnes idées même. Ce plat était tout juste succulent.
« Et nos vacances à durée indéterminée nous ont menés à Blancherive. Je tenais tout de même à voir la soi-disant trêve entre les différents camps...Il aurait été plus prévenant de rester à Solitude, au moins avons nous survécu au "cataclysme".
Puis il coupa une nouvelle tranche de son ours.
-Eh bien nous sortions tout juste d’un contrat pour le moins palpitant, quand nous avons convenus qu’il était temps de s’accorder une pause. Et nos vacances à durée indéterminée nous ont menés à Blancherive. Je tenais tout de même à voir la soi-disant trêve entre les différents camps ... Il aurait été plus prévenant de rester à Solitude, au moins avons nous survécu au "cataclysme", narra Adrian entre deux bouchées.
-Oh, question de point de vue, grogna Thardrik après avoir avalé sa tranche d'ours. La Légion est un petit cataclysme à elle toute seule, pour peu que vous seriez resté, on vous aurait réquisitionné pour "combattre la menace Sombrage", ou une connerie du genre. Surtout qu'à priori ils ont un lézard cracheur de feu dans leur camp, si on écoute les rumeurs. Qui à part l'Empire pourrait sauver le monde, si les sécessionnistes sont de mauvais gars qui incendient des villes ?
Il se permit de souffler du nez d'un air sardonique. D'après les vieilles légendes septentrionales, les dragons ne pouvaient être assouvis, car ils étaient eux-même les fils d'Akatosh et les gardiens de Mundus, briser leur volonté et les asservir tenait de l'imaginaire et la fiction ou des mauvaises œuvres de littérature. Du moins, c'est ce qu'on lui avait longuement rabâché au temple pendant qu'il essayait de voler les septims coincés au fond de l'écuelle de Zenithar. La bonne époque. Quant à l'héroïsme supposé de l'Empire ... Et bien, Thardrik s'était toujours émerveillé devant le talent des historiens impériaux, qui avaient toujours su déformer la vérité à leur avantage. Comme par exemple la fin du Simulacrum s'achevant par la mort du "terrible" Jagar Tharn, que les hautes instances impériales avaient elle-même placé à la tête du Conseil des Anciens, terrassé par un prisonnier qu'on avait laissé croupir dans les geôles de la Tour d'Or Blanc et qui était désormais célébré en héros aux quatre coins du continent. Ou encore la réapparition du Nérévarine, un Dunmer probablement esclavagiste dont la prophétie était tout sauf d'origine impériale et propice à la paix. L'on glorifiait tout de même un adorateur fou de Daedras, en fin de compte. Il ne fallait pas l'oublier. De même que les chroniqueurs s’efforçaient de passer sous silence le sombre passé de Martin Septim, qui fut dans sa jeunesse un débauché de la pire espèce vouant un culte à Sanghin. Mais pas d'après les livres ! Non, c'était le fils bâtard de l'Empereur, point. Ternir l'image d'un héros faisait de lui un homme, et les hommes détestaient leurs semblables.
Le corsaire se concentra à nouveau sur ses, ou plutôt son interlocuteur, sachant que Fauve semblait aussi peu loquace qu'un ours mal léché. Ainsi donc, ils venaient de terminer leur dernière prime ? Et bien, voilà de quoi animer la discussion autour de ce bon vieux cognac !
-Et c'était à propos de quoi, votre contrat ? Tuer le fils illégitime d'un noble, quelque chose du genre ? Y'a que ça comme demande par les temps qui courent, poursuivit le flibustier avant de reprendre une gorgée de sa boisson.
Thardrik émit un avis sur la guerre civile, mais Adrian préféra ne pas relever. Prendre parti dans un conflit n’était pas son genre, encore moins lorsqu’il s’agissait d’un conflit comprenant l’une des plus grandes puissances de Tamriel.
Et puis, au fond il n’en avait que faire du vainqueur ou encore de celui qui avait les idéaux les plus justes. Tant que l’on ne lui demandait pas de prendre part à ce combat il n’en avait cure.
« Et c'était à propos de quoi, votre contrat ? Tuer le fils illégitime d'un noble, quelque chose du genre ? Y'a que ça comme demande par les temps qui courent.
Le blond termina son verre de cognac dans un soupir, puis il fit signe au tavernier de remplir à nouveau les verres.
« Non, loin de là. Et puis nous avons pour habitude de ne pas accepter les missions de ce genre. Non pas que tuer quelqu’un nous dérange, mais prendre part à un quelconque conflit n’est pas une chose que nous apprécions.
Il marqua une pause le temps qu’une des serveuses remplisse les verres.
« Un noble Impérial voulait connaître le grand frisson. Un chasseur en herbe qui voulait ramener un trophée conséquent chez lui, sûrement pour prouver sa valeur à ses parents ou je ne sais quelle facétie. Son objectif était donc de dégoter une bête assez grosse pour impressionner l’Empereur en personne. Mais il ne s’y connaissait pas réellement et n’osait pas s’aventurer en pleine nature pour chasser du gros gibier. Il a donc eu l’idée d’embaucher des gardes du corps, ou du moins des aides de chasse.
Notre boulot était au départ de l’aider dans sa "noble quête", mais très vite les choses ont empiré. Le bougre avait repéré un magnifique grizzly. Une belle bête d’au moins cinq cents livres, un truc énorme. J’ai essayé de le faire changer d’avis, je lui ai dit plusieurs fois que l’on pouvait facilement trouver une proie aussi belle mais ô combien dangereuse.
De son côté Fauve entamait sa deuxième assiette d’ours à la bière. Sa première écuelle était entièrement vide, même le jus - mélange savoureux de sang, de bière et de miel - avait disparut.
Adrian reprit une gorgée comme si le fait de parler de cette histoire lui asséchait la gorge.
« Mais cet imbécile, borné comme pas deux, s’était mit en tête qu’il aurait cet animal. Il n’a tiré qu’une seule fois. Sa flèche a heurté un tronc d’arbre à trois mètres de l’ours qui, prit d’un accès de rage dont je ne saurais dire la provenance, s’est élancé dans notre direction. Notre employeur a détalé comme un lapin avant de se rendre compte qu’on n’était pas avec lui. Seulement l’ours l’avait choisit lui et pas nous. Finalement on l’a retrouvé quelques heures plus tard, dans sa maison de campagne - qui nous servait de camp - en pleine montagne de Jerall.
Il avait courut durant une bonne demi-heure avant de reconnaître les environs. Il s’était ensuite réfugié dans son chalet pour se planquer dans un buffet. Il a même cru que l’ours avait réussi à s’introduire dans la demeure lorsqu’on est rentré. Ce petit con nous aura fait courir, mais au moins il n’est pas prêt de repartir à la chasse.
Pour terminer sa narration Adrian prit une nouvelle bouchée de la viande qu’il avait devant lui.
« Et bien, quel contrat. C'est pas tout les jours qu'on croise un grizzly en rut qui s'en prends à vous à cause d'un nobliau de bas-étage.
Adrian allait ajouter quelque chose, mais son vis-à-vis le coupa dans son élan. Il prit donc une nouvelle tranche d’ours au miel en attendant.
« Bah, du moment que vous y avez pas perdu une guibolle ou un œil, dites-vous que ça aurait pu encore plus mal se passer. Donc vous avez effectué ce contrat ensemble, hein ? Vous vous connaissez depuis longtemps, vous deux ?
-Et encore, je vous ai pas raconté le pire. Notre employeur, non content de nous avoir fait courir toute une après-midi s’est senti "offusqué" après toute cette aventure. Si son père n’était pas intervenu je crois qu’il nous aurait mit une prime sur la tête, renchérit le blond après avoir fini de mastiquer sa viande.
Il prit son verre et le vida intégralement, parler autant lui déshydratait la gorge. Après avoir ingurgité la totalité de son gobelet il poussa un soupir satisfait.
« Eh oui, ça fait un long moment qu’on se connait avec Fauve. Je ne saurais vous dire combien de temps exactement, mais assez longtemps pour qu’on se connaisse par cœur. Mais assez parlé de nous, reprit Adrian en commençant à couper sa viande. Qu’est-ce qu’un homme de la mer, œuvrant pour la couronne d’une contrée assez lointaine qui plus est, fait si loin de son "terrain" de prédilection ?
Fauve venait de finir sa deuxième assiette. Pour faire passer le tout il vida son bock d’hydromel et réprima un rot. Il se sentait nettement mieux maintenant qu’il avait le ventre plein, aussi il s’affala de nouveau sur sa chaise comme s’il s’agissait d’un trône ou un quelconque siège de repos.
Ainsi Raquen fût enfin libre de s'en aller, il avait perdu de vue Irène mais sa partenaire devait être avec un médecin, la Rougegarde qui le surveillait était parti de son côté. Sans doutes qu'elle avait mieux à faire que de l'accompagner en permanence, surtout qu'elle n'avait pas l'air commode et que l'infiltration n'allait pas être une partie de plaisir avec une tatoué qui pourrait être l'oeuvre d'une exposition d'art à elle seule. L'haut elfe regarda son stock de potion : une où deux drogue de combat, du grégeois et quelque chose de bien plus violent que ses fioles incendiaires. Mais agiter ses armes de derniers recours était sans doutes une bêtise à faire, surtout qu'il avait des frissons juste à l'idée de les utiliser. L'alchimiste avait eu un avant gout de ce qu'il avait entre les mains avec son grégeois noir qui avait brûlé pendant un bon quart d'heure. Heureusement que la plupart de ses fioles et leurs contenus étaient inoffensifs à l'air ambiant où l'état liquide. En marchant un soldat Sombrage le bouscula.
-Pas dans cette direction elfe, des assassins grouillent dans l'une des ruelles.
A défaut d'être une activité intéressante, Raquen alla jeter un coup d’œil, si des assassins œuvraient à même le jour en ville il se devait d'intervenir. Si la Dunmer était privée de son bras après son passage chez un mage ce ne serait pas de trop qu'il puisse se battre convenablement. Et où étaient les autres? Malgré qu'il ait du mal à l'admettre, la présence du lézard colérique et des deux jeunes Brétons lui manquait, sans doutes que sans personne avec qui se disputer la vie était plus terne, plus calme. Loin de l'action, du sang, des batailles et de l'aventure, choses qui avait pour l'instant caractérisé la majeure partie de la vie du haut elfe. Raquen sortit son crochet et s'approcha de l'endroit où il devait y avoir une "altercation", sans doutes des assassins qui s’entre tuaient à cause d'un même contrat. Mais il valait mieux vérifier.
Ce fût à sa grande surprise qu'il vit le cadavre de trois meurtriers et d'un quatrième type qui se vidait de son sang par terre. Il y avait des jours comme ça où il avait l'impression que les divins le haïssaient et que les daedras équilibraient la balance en lui donnant assez de chance pour survivre à ce qu'il lui tombait dessus.
En l’occurrence un assassin munit d'une épée qui semblait un peu plus digne que ses trois collègues au sol, mais aussi plus dangereux. L'haut elfe para une estoc avant de repousser son adversaire d'un coup de pied et contre-attaquer d'un coup de taille, une jolie feinte qui fit son affaire : l'assassin ne vit pas venir le coup de tête dans le nez. L'orifice concerné laissait couler un flot de sang. Son adversaire toussait, sans doutes que le coup de pied de tout à l'heure n'y était pas pour rien, l'assassin tenta une dernière attaque : un coup vertical. L'alchimiste esquiva et frappa le genou du meurtrier d'un coup de pied, celui-ci tomba à genoux et l'elfe lui trancha la gorge comme on ouvre une boîte de conserve. C'était exactement le principe du harnois face au stylet : on frappe le seul point faible qui subira des dommages conséquents en fonction de l'arme.
Françis
C'est quoi ce topic de pavés, j'ai peur
Voici une grotte qui mériterait d'être dépoussiéree.
Bonjour je peux vous joindre a vous ? Si oui où ?
Oh oui un RP puis-je me joindre au éventuel survivant ?