Il écoutait Raven avec assiduité, attention, mais c'était bien évidemment pour mieux la reprendre de volée à la moindre fausse note, et ainsi gagner encore un peu plus l'attention de tous les petits conseillers de moindres rangs qui formaient le reste de l'assemblée.
-Ha ! Un assassin qui tuerait à lui tout seul quatre Ordonnateurs ?! Ricana le haut représentant du Tribunal lorsque Raven conta les évènements du site de fouille. Et pourquoi pas un gnome qui terrasse Merhunes Dagon en personne ?!
Là encore, Raven se garda bien de répondre, et pour cause: son interlocuteur s'était déjà renfermé dans son attente minutieuse d'une quelconque réponse, prêt à reprendre la Dunmer de plus belle quoi qu'elle lui rétorque.
Malheureusement, le vieux prêtre était de ces gens qui, en dépit de leur stature respectable, continuaient à se comporter comme de vulgaires débatteurs de comptoir, le genre même d'individu qui ne cherchait pas à discuter, mais tout simplement à jouter verbalement...
-Oh, non pas que je remette moi aussi en doute votre histoire ma chère enfant. Reprit d'ailleurs le concerné face au mutisme buté de Raven. Mais sans ignorer la menace évidente que représentent ces mystérieux tueurs, je doute très sincèrement qu'un seul d'entre eux soit parvenu jusqu'à Markarth en évitant Blancherive, et n'ait par la même occasion mis au tapit quatre soldats de la grande maison Indoril, qui, rappelons-le, représentent la crème des crèmes en matière de combat et de maitrise des armes.
-Une crème qui n'a plus connu la guerre depuis des millénaires, Sarvil...Intervint doucement Evos Rathryon. Nos chères Ordonnateurs d'ici ne sont plus les guerriers d'autrefois...Nous sommes bien loin des guerres de maisons de Morrowind...
-Permettez ! Aboya brusquement un autre conseiller d'un air particulièrement vexé. Un conseiller qui était bien évidemment vêtu d'une armure Indoril...Peu importe le contexte dans lequel évoluent nos troupes ! Les Ordonnateurs restent bel et bien le gratin de nos forces armées ! Il est bien entendu impossible qu'un seul individu, quel qu'il soit, ne triomphe de quatre de ces soldats à lui tout seul ! Notre estimé Sarvil à tout à fait raison sur ce point ! Alors certes, nous ne nions pas le danger que représentent ces assassins sur la société de Bordeciel, ni même des ravages qu'ils ont déjà commis, mais par contre, nous démentons formellement la version de cette jeune femme, surtout quand il est question de telles énormités ! A mon sens, son histoire n'est qu'une fabulation destinée à couvrir sa fuite de Markarth ! Elle n'assumait probablement pas s'être évadée de sa prison de pierre, donc elle nous a menti. Le vrai problème, ce sont les conséquences désastreuses qu'a entrainé son mensonge. Imaginez ? Blancherive a été désertée ! Nous avons perdu tout ce qu'il nous restait en Bordeciel ! Nous sommes le dernier bastion désormais !
De furieux murmures d'approbations résonnèrent aussitôt dans le petit temple de Solitude.
Raven avait beau ne pas du tout aimer ce conseiller Indoril, Gindas Sadralo de son nom, elle ne pouvait néanmoins nier l'effet impressionnant qu'avait eu son intervention.
De fait, il ne lui avait fallu que quelques secondes de parole à peine pour recentrer brusquement le débat, de un, et acquérir l'acquiescement de tous ses semblables, de deux, soit autant de choses que nul autre conseiller n'était parvenu à faire en presque une heure de parlote, trop occupés qu'ils avaient été à tailler verbalement en pièces une Raven qui était de toute façon elle même incapable de prouver ce qu'elle avançait.
Au moins maintenant, allaient-ils peut-être arrêter de tergiverser sur les détails, et enfin expliquer clairement ce qu'ils attendaient de cette bien étrange entrevue...
-Le commandant Benelas n'est pas un imbécile, Gindas. Rétorqua néanmoins Evos Rathryon après quelques secondes d'un silence patient, le temps que les murmures approbateurs se calment. Il n'aurait pas fait évacuer Blancherive si il n'y avait pas eu une vraie menace. Le fait est que les gens commençaient déjà à partir, et que la ville aurait de toute façon été désertée tôt au tard. Cessez donc de chercher un bouc émissaire en cette jeune fille, voulez-vous ? Le testament du capitaine Barelo n'est pas la preuve formelle de son histoire ? Et puisque vous tenez tant à vous avancer quand à la suprématie guerrière de vos Ordonnateurs, je vous suggère donc de les envoyer sur le front de Hauteroche ou de Elsweyr tiens...Nous verrons alors, si ils ont ne serait-ce que le quart du courage et des capacités des VRAIS soldats de la Confédération, ceux-là même qui se battent VRAIMENT au jour le jour...Des soldats qui au passage appartiennent en majorité à la grande maison Redor...
-Il suffit Evos. Coupa enfin Sarvil Sarandus, mettant finalement un terme au règlement de compte qui semblait s'opérer entre les représentants respectifs des grandes maisons Indoril et Redoran.
Le conseiller Sadralo ignora rapidement l'ordre de son collègue et entreprit d'ouvrir furieusement la bouche en vue de répliquer.
Il le referma néanmoins très vite sans piper mot, avant de l'ouvrir de nouveau, et de la fermer encore une fois, préférant finalement se lancer dans une contemplation aussi furieuse que impuissante que ses propres pieds.
A l'évidence, ce que venait de dire le conseiller Rathryon n'était probablement pas tout à fait faux vu la mince déconfite de son interlocuteur, même si Raven peinait encore un peu à comprendre comment fonctionnait réellement la Confédération Dunmer une fois que l'on abordait ses différents pouvoirs internes, comme ces fameuses grandes maisons de Morrowind par exemple.
-Venez en au fait Evos...Reprit calmement le prêtre Sarandus après quelques instants de silence, car il était évident que le conseiller de la grande maison Redoran n'avait pas tout à fait fini quand à la question de leur présence ici.
L'intéressé jeta un regard furtif en direction de Raven, et observa ensuite durant quelques secondes le conseiller Sadralo, qui de son côté ne semblait pas vouloir relever la tête.
Enfin, il reprit:
-Estimé collègues, nul d'entre nous ne doute réellement du danger qui provient de l'est au final, ni même des dégâts considérables qu'ont déjà commis ces assassins sur notre société. Je pense qu'un soupçon d'honnêteté vous suffira à arrêter cette mascarade, à conclure de la gravité de notre situation, et de l'importance capitale de réagir de quelque manière que ce soit. Je sais que nous avons une civilisation à défendre, que la grande impératrice compte sur nous, et que nous tenons plus que tout à faire perdurer cette société que nous avons défendu durant tant de siècles, même au prix que quelques mensonges et d'un calme factice. Bien sur, nul d'entre nous ne veut entendre cette vérité, nul d'entre nous ne veut avoir à s'y résoudre. Nul d'entre nous ne veut comprendre que nous sommes les derniers, et qu'au delà de nos remparts, il n'y a désormais plus âme qui vive. Mais réfléchissez: qu'encourons-nous à demeurer si passifs, si attentistes, si prompts à refuser le dure vérité ? Il y a encore des choses à défendre ici, nous sommes encore loin des guerres et des conflits qui ravagent le monde au delà des frontières. Nous avons encore des raisons de nous battre, et de prendre des risques...Il est inutile de fuir ainsi la réalité. Cela ne fera que provoquer notre perte...
-Et que suggérez-vous Evos ? Questionna le haut prêtre Sarandus.
-Mettons-nous en alerte. Envoyons-leur un message...Conclut le conseiller Redoran.
Un profond silence enveloppa bientôt le temple tout entier, et les regards des conseillers, allant jusqu'ici d'un intervenant à l'autre, entreprirent bientôt de fixer des points indéfinis droit devant eux, comme pour mieux dévisager une bonne fois pour toute l'étendue de leur propre réflexion.
Même le haut prêtre Sarandus, qui s'était jusqu'alors démarqué par son arrogance et son mépris, resta silencieux durant quelques instants lui aussi.
A quoi pouvaient-ils bien penser ? Qu'avait-on voulu dire par « leur envoyer un message ? »
-C'est bien beau ce que vous dites...Reprit enfin Gindas Sadralo, le conseiller Indoril. Mais l'on ne va pas si facilement vers l'est...Les nuages noires ont envahi les lieux depuis des siècles, l'air y est lourd et empoisonné, les idées s'y meurent, et les murmures anciens se glissent partout, terrassant quiconque se trouve sur leur passage...Nous avons déjà essayé par le passé, et nul n'en est jamais revenu...Cette quête nous est inaccessible...
Pour le coup, Raven dut bien admettre qu'elle ne comprenait absolument plus rien à ce dont il était question, si tant est qu'elle ait un jour compris comment fonctionnait le monde extérieur.
De quoi voulait-on parler exactement ? A qui fallait-il transmettre un message pour qu'il faille ainsi s'aventurer si loin vers l'est ?
Se pouvait-il qu'une aide précieuse se cache là-bas, dans cet endroit où nulle âme ne vivait plus ?
-Nous n'avons pas le choix. Rétorqua Evos Rathryon. Du moins je ne le pense pas. La guerre rôde à l'ouest, et nous ne sommes pas taillés pour cette vie. Le sud est gardé par les grands Ordonnateurs et les gardes royaux, et Cyrodiil nous est formellement interdit, et pour le nord...Les gens qui y sont allés n'ont plus donné signe de vie. Les terres d'Atmora sont lointaines, et probablement rongées par un tout autre mal que le notre...Nous n'avons plus nul part où allez désormais, qu'on le veuille ou non. Il faut faire face à l'est si nous voulons perdurer...Nous devons y aller, leur envoyer un message, et alors seulement...
-Nous n'irons nul part. Coupa finalement le haut prêtre Sarvil Sarandus, clôturant ainsi une conversation qui échappait totalement à Raven. Comme vous le dites si bien, tout va très mal ici, et nous ne sommes plus qu'une poignée. Je ne permettrai pas que l'on sacrifie encore quelques-uns de nos citoyens dans une guerre perdue d'avance. L'est est trop dangereux, et votre entreprise, déraisonnable. Nous n'irons pas là-bas, quoi qu'il advienne. Nous nous contenterons de faire ce que nous avons fait de mieux et de plus sûr jusqu'ici: survivre...
Un silence pesant retentit enfin dans le temple de Solitude, et c'était désormais face à des regards aussi peinés que résignés que devait faire face Raven.
-Qu'on autorise la fille à retourner chez elle. Conclut enfin le haut prêtre en tournant les talons. En ce qui me concerne, la discussion est terminée...
Le haut prêtre Sarandus quitta bientôt le petit temple sans ajouter quoi que ce soit, et plusieurs prêtres, presque tous en fait, entreprirent de lui emboiter le pas.
Il ne resta bientôt plus que Evos Rathryon en fait, et Raven elle même, seuls et muets face au silence que leur rendait la grande pièce désormais vidée de tout occupant.
-C'est vrai ? Je peux rentrer chez moi ? Questionna enfin la jeune Elfe, qui n'avait pas vraiment ignoré bien longtemps ce qu'avait dit le haut prêtre à ce sujet. Markarth me manque vous savez...J'aimerais beaucoup retrouver son petit marché, son temple de Dibella, ses boutiques...
-Pourquoi êtes-vous venue ici ? Interrogea le conseiller Redoran sans même la regarder. Pourquoi êtes-vous allée jusqu'à Blancherive avec le testament ? J'aurais espéré que c'était pour une noble raison, pour un but supérieur...
-Euh...Et bien...Commença Raven. Quand l'assassin nous a attaqué, et que le capitaine Barelo m'a dit de continuer toute seule, j'ai eu peur, j'ai paniqué...J'ai pensé que c'était sérieux vous comprenez, et que je devais vraiment remettre cette note à Blancherive...Je le pense toujours d'ailleurs, je pense qu'il voulait réclamer l'aide de ses alliés là-bas, mais que ça n'a pas vraiment tourné comme il l'aurait souhaité...Enfin, en tout cas, j'ai fait mon devoir je pense. J'ai amené son testament, j'ai fait ce qu'il m'avait demandé...Tout cela me dépasse complètement vous savez, je ne suis qu'une simple servante. Je n'ai jamais parcouru le monde extérieur, c'était ma première fois...Je pense que ma place est à Markarth en fin de compte, quoi que j'ai pu penser par le passé...Je ne vois pas bien ce que je peux faire de plus utile ici désormais. Là-bas au moins, je serais en sécurité, et vous aussi si vous le souhaitez...Les Ordonnateurs de là-bas veillent sur nous depuis des siècles...Il ne nous arrivera rien derrière ces murailles...Il ne nous est jamais rien arrivé...
Le conseiller Rathryon entreprit bientôt d'éteindre les bougies du petit temple, et de caresser doucement les statuettes des divins, de Akatosh à Dibella en passant par Stendarr, sans toutefois ignorer que les petits idoles ne lui répondaient pas au touché, et qu'ils se contentaient de rester froids et sans vie alors même que les légendes prétendaient qu'ils réagissaient autrefois, et qu'ils insufflaient leur bénédiction magique à quiconque priaient devant eux.
Cela bien entendu, Raven ne l'avait jamais connu...
Pour elle, ça avait été l'époque du métal silencieux et inanimé...
-Les choses changent tellement...Reprit enfin le conseiller Rathryon en caressant cette fois-ci la statuette de Mara. Et à une vitesse...Bientôt les nuages de l'est progresseront, recouvreront Blancherive et avanceront dans d'autres directions. Les assassins se feront plus nombreux, plus insistants, plus meurtriers. Le règne des ombres reviendra, et ceux que nous avons combattu autrefois regagneront leur puissance d'antan...Les gens mourront, les fleurs faneront, le ciel deviendra noir et le soleil arrêtera de briller dans les cieux...Toute vie cessera d'exister...Ce sera son grand retour...
Le vieux Dunmer se détourna lentement des statuettes, et entreprit à son tour de se diriger vers la porte de sortie du temple des divins.
Tout juste s'arrêta-t-il à hauteur de Raven sur son chemin, histoire de lâcher en guise d'ultime conclusion, comme pour annoncer sans plus de détour ce dont il était réellement question:
-Tout ce que vous avez connu, tout ce pourquoi vos Ordonnateurs se sont si durement battu, prendra fin ce jour là...Il n'y aura plus de Markarth, jeune fille...
Enfin.
Je lis.
Mais envoyer un message à qui ?
Puis pourquoi ça pue le Sithis cette histoire ?
Très très bon mais ça manque de réponses, je m'interroge durement.
Toujours très bien et on sent qu'on s'approche de plus en plus de quelque chose.
One does not simply walk into the east.
Markarth = la comté, l'est = Mordor, Raven = Frodo, Evos = Galadriel.
Après Linvocateur et ses théories bidon, voici Buffle, l'homme qui voit des réferences la oú il n'y en a aucune.
Respire mec tu vas nous faire des nuits blanches a voir le seigneur des anneaux partout.
Jenaveve, l'homme qui troll comme un porc pour mieux venir se plaindre après du shit post.
Vous avez du schizophrénie ?
Note que t'as pas tout à fait tord pour Buffle. Après quelques mois d'observations on peut noter que tous les héros de fictions se réfèrent à Frodon, et que tous les objectifs se réfèrent au mordor.
Par exemple Luke = Frodon et étoile noire = mordor.
Ichigo = frodon et huecon mundo = mordor.
Naruto = Frodon et Konoha = comté et tout le reste = mordor.
Snake = Frodon et bloc soviétique = mordor.
Harry = Frodon et Voldemor = Sauron.
D'ailleurs on peut officialiser la loi de Buffle qui veut que tout individu au monde se réfère à Frodon et que tout objectif prenne la forme du Mordor.
Je dépose le brevet ça y est.
Et c'est moi qui troll...
on s'en tampone de vos troll bidesque au pire.
Non. Star Wars > LotR, donc Luke ne peut pas se référer à Frodo, puisque Star Wars est la référence ultime. LotR n'est que l'étape intermédiaire.
Ah ok.
En fait vous faites genre mais vous avez rien compris.
Non.
Non.
ps: Sedris poste plus pou c'est moi ?
Et y a pas une raison qui te vient à l'esprit ?
Mais quand même depuis le temps il aurait pu revenir soutenir son ficteur favoris.
On va pas s'étendre là-dessus mais je pense pas qu'il serait bien accueilli.
Je ne suis pas sûr que Sedris revienne, vu comme il a été vilain.
Mais bon...
Suite demain sinon. J'ai déjà commencé à écrire mais je préfère prendre mon temps.
Fort bien.