Bon, finalement voici la fic portant sur Sly que j'écrit avec Jennissy, comme me l'a demandé Vortex. Enjoy.
A savoir que les chapitres impairs sont écrits par Jennissy, et que les chapitres pairs (par conséquent, le prologue également) son écrits par votre serviteur.
Il faut savoir que la fic est déjà bien avancée, c'est donc une lecture de longue haleine qui vous attend.
Enjoy !
Chapitre 1 : Retour à la maison
Les deux jeunes femmes marchaient dans la capitale française, plongée dans le noir malgré la lumière blafarde de la lune. Elles se tenaient toutes les deux la main, pour ne pas se perdre… ou pour trouver un peu de réconfort dans une poignée de main. La petite aveugle pouvait sentir la douceur du tissu d’un gant sous ses doigts frigorifiés. Les larmes continuaient de rouler sur ses jeunes joues. Elle se demandait encore ce qu’il s’était passé chez elle, où pouvait on bien l’amener et qu’allait elle devenir. Toutes ses questions se bousculaient dans son esprit et la fatiguait.
L’autre jeune femme se posait elle aussi quelques questions. Qu’est ce qui avait bien pu se passer là-bas, que ce serait il passé si elle était arrivée plus tôt… et tout cela la fatiguait elle aussi. Et pour se détendre un peu les nerfs, elle rompit se silence lugubre qu’elle détestait tant.
« Et… comment tu t’appelle ? »
Elle n’eue malheureusement aucune réponse. Elle n’insista pas. Cette gamine venait de perdre ses parents, autant ne pas la brusquer. Elle avait eue la chance de ne pas connaitre ce genre de situation, mais son père lui avait souvent raconté comment il était devenu orphelin. Penser à tout cela lui pinçait le cœur, et les sanglots de la fillette n’arrangeaient rien.
Et soudain, le calme de la nuit fut troublé par des bruits de pas sonores. Derrières elles, de grandes ombres menaçantes progressaient à une vitesse fulgurante. Les deux jeunes femmes le remarquèrent bien, mais gardèrent leur calme, tout en accélérant l’allure. Les silhouettes noires derrière elles firent bientôt de même et très vite, les deux jeunes femmes courraient pour sauver leurs vies.
« C’est quoi ce délire, mais c’est quoi ce délire ?! pensa la plus âgée des deux. »
La nuit était parfaite pour un cambriolage et il a fallu d’un seul bruit de verre brisé pour changer tout ça. Tout avait était bien préparé et voilà qu’elle se retrouvait à faire une course-poursuite effrénée pour sauver une gamine de douze ans. Comme quoi, la vie de bohème pouvait parfois être remplie de surprises…
La maison de la jeune femme n’était plus très loin, même si les silhouettes avaient gagné du terrain. La jeune femme réfléchit vite. Si elle rentrait directement chez elle, ces types sauraient exactement où la trouver et rien ne les empêcherais de rentrer. Alors autant les semer. Elle usa simplement de son agilité et de sa discrétion hors du commun pour se glisser entre deux maisons très rapprochées du pâté et mis sa main gantée sur la bouche de la fillette pour qu’elle ne fasse pas de bruit.
La fillette se rendait bien compte de la situation et retira la main posée sur sa bouche, pour montrer sa compréhension à l’inconnue. Toutes deux retinrent leur respiration et se plaquèrent contre un des murs. Des gouttes de sueurs perlaient leur front. Les ombres, à une vingtaine de mètres à peine, regardaient dans tout les sens et humaient l’air frais de la nuit… pour bientôt repartir, bredouilles. La plus âgée des jeunes femmes arbora un large sourire moqueur en voyant les silhouettes battre en retraite, puis prit de nouveau la petite main pâle de la fillette.
« Allez, on est bientôt chez moi. T’es toujours sure de vouloir rien dire ? »
La jeune fille ne répondit pas cette fois encore, si bien que sa bienfaitrice se demanda si elle n’était pas sourde ou muette en plus d’être aveugle.
Quelques minutes après, la jeune femme tournait la poignée de sa porte d’entrée, allumait la lumière dans la maison et refermait la porte derrière elle. La pièce était tout ce qu’il y avait de plus accueillante. Meublées modestement, remplie de couleurs rassurantes et baignée dans une lumière chaleureuse.
« Assied toi là, dit la voleuse en guidant la fillette vers un canapé tout à fait moelleux, j’ai un petit truc à faire, j’en ai pas pour longtemps et ne t’en fais pas, je suis dans les parages. Tu es en sécurité ici. »
La fillette hocha faiblement la tête en signe d’approbation, puis se coucha, exténuée. La deuxième jeune femme sourit. Elle avait enfin la preuve que la gamine n’était pas sourde. Elle se dirigea vers la pièce juste à côté, s’assit sur une des trois chaises disposées autour de la petite table ronde, soupira, posa son coude sur la table, soutenu sa tête à l’aide de sa main et passa ses longs doigts fins entre les boucles de ses cheveux. Elle tenait son binocom dans l’autre main. Elle soupira encore une fois et murmura.
« Comment je vais expliquer ça à Ben et Carmen ? »
Chapitre 2
La jeune femme regardait fixement le mur en face d’elle. Le problème de la réaction de son frère et de sa sœur se posait désormais. Elle craignait qu’ils la rejettent. Non pas à cause de son handicap, mais tout simplement parce qu’elle serait un poids, qui les empêcherait de manœuvrer tranquillement lors des divers cambriolages. De plus, si la petite aveugle restait ici, ce serait une bouche de plus à nourrir. Non pas que les voleurs manquent déjà de nourrir de faim, mais c’était un fait. Et pourtant, de l’autre coté, il aurait été inhumain de jeter à la rue une petite aveugle nouvellement orpheline… Elle était dans une impasse. Et, il était vrai qu’il serait désirable que ses fraternels acceptent la présence de la petite, mais rien n’était moins sûr. Un bip à peine audible l’extirpa de ses pensées. Elle sortit son binocom et le plaça devant ses yeux.
« Allô ? fît-elle, avec une voix nonchalante…
- Jennissy ! Bordel mais tu te fous de la gueule du monde ! Ca fait un quart d’heure qu’on n’a plus de nouvelles de toi, Ben t’attend depuis autant de temps dehors, dans le froid, entourés de gardes, et toi, tu vas faire une promenade de santé ?! Mais tu te rends comptes des risques que tu nous fais prendre ?! »
Ce hurlement, c’était celui de Carmen. Elle était extrêmement remontée contre sa sœur, et ne s’en cachait pas. Il était vrai qu’elle avait prit d’énormes risques, mais tenta de se justifier.
« Ecoutes, je sais que tu es énervée, mais… C’est important… Et je te coupe de suite, oui, ça l’était plus qu’une simple mission de reconnaissance. Il… Il faut que tu reviennes au Refuge, le plus vite possible. Laisse tomber la mission, on la reprendra demain soir… Je vais chercher Ben… Ah, une dernière chose… Quand à la fille qui est au Refuge, je t’expliquerais tout à mon retour… Il faut juste que tu me fasses confiance… »
Jennissy, puisqu’elle se nommait ainsi, coupa la communication sans plus de cérémonies, replaçant l’appareil dans sa poche arrière. Elle se leva difficilement, et se dirigea vers la porte, qu’elle était sur le point d’ouvrir. Un petit souffle attira son attention : Sur le canapé, la petite s’était endormie… La jeune femme prit le plus grand soin pour ouvrir la porte sans la faire grincer, chose qu’elle faisait habituellement. Elle s’avança ensuite à pas de loups vers la non-voyante, s’asseyant à coté d’elle. Elle passa sa main sur son épaule, doucement, afin de la réveiller le moins désagréablement possible. Derrière ses verres noirs, les yeux bleu-océan de la petite s’ouvrirent, et elle se retourna vers celle qui lui avait sauvé la vie.
« Bon, je vais m’absenter quelques minutes, il faut que j’aille chercher quelqu’un. Et… Une autre personne va entrer d’ici eux minutes. Surtout ne t’inquiète pas, d’accord ? Elle ne te fera pas de mal… »
Ceci ayant été dit, elle serra doucement la jeune fille dans ses bras, d’une manière amicale. Celle-ci l’enlaça elle aussi, prononçant un timide « D’accord ». La jeune femme tourna les talons et se dirigea vers la porte, quand un mot l’interpella.
« Attends… »
Elle se retourna : La jeune non-voyante s’était levée, et se tenait debout, devant elle, les mains jointes et le visage baissé. Elle prit la parole, d’une voix timide, faible, tremblante, tout comme la personne à qui cette voix appartenait. Ses yeux bleu-océan étaient en partie visibles par-dessus les verres teintés qui les masquaient au reste du monde.
« Merci de… de m’avoir sauvé la vie… Merci beaucoup. »
Jennissy sourit, ébouriffant simplement les cheveux de la petite, qui la laissa faire, alors qu’un sourire s’afficha sur son visage. Le premier depuis qu’elles se connaissaient. Jennissy répondit par un autre sourire, avant de se rendre compte qu’elle ne pouvait pas le voir. Elle répondit alors tout simplement.
« Bon… Je dois y aller… Je reviens tout à l’heure, d’accord ? »
Elle ouvrit la porte, essayant de la faire grincer pour que la petite sache qu’elle étaient en train de sortir. Celle-ci lui faisait un timide coucou de la main. La jeune femme sourit à nouveau, avant de refermer la porte, sortant une arme ressemblant vaguement à une épée. Celle-ci, cependant, était recourbée en forme de crochet au bout. Elle s’avança de quelques pas dehors, respirant à pleins poumons l’air frais du soir. Elle remarqua Carmen, qui entrait au Refuge, en train de lui lancer un regard noir. La jeune voleuse ne répondit que par un soupire. Puis elle se mit en marche, courbée sur ses genoux afin de faire le moins de bruit possible. Se dirigeant vers le jardin, elle remarqua quelques gardes, qui faisaient leur ronde. Quand elle vit l’un d’eux se diriger vers sa position, la fille de Sly rampa sous une table marchande qui se trouvait à quelques pas. Et, plus rien. Se garde passa à coté d’elle. Jennissy respirait le plus lentement possible, ne faisait plus aucun geste… Chaque bruit pouvait la trahir et attirer le garde vers elle… A un moment, elle décida de s’arrêter de respirer, juste quelques secondes, le temps que le garde ne passe, ce qu’il fit… La jeune femme sortit lentement de sous la table, se dirigeant vers le jardin où se tenait son frère, perché dans un arbre. La voleuse fît signe à Ben de descendre. Celui-ci s’exécuta, lançant un regard énervé à sa sœur… Celle-ci l’emmena en direction du Refuge...
Chapitre 3
Carmen s’était assise à côté de la fillette, jambes et bras croisés. En voyant la petite, elle avait juste dis un « Bonsoir » peu convaincant et n’avait rien dit d’autre… enfin… elle avait bien essayé d’engager une petite conversation, mais la fillette devait être intimidée. Donc elles étaient toutes les deux là, assises sur le canapé, silencieuses, attendant que les deux autres voleurs ne reviennent.
Puis la porte s’ouvrit, laissant entrer la ratonne-laveuse qui paraissait de plus en plus embarrassée et son frère, qui la fusillait du regard. Puis il posa les yeux sur la petite fille, mince et fragile, qui était assise à côté de la renarde.
« Euh… bonsoir… »
La fillette ne répondait toujours pas, trop fatiguée et un peu apeurée en entendant une voix masculine. Jennissy la rassura alors aussitôt.
« Ne t’inquiète pas, c’est juste ma sœur et mon frère. Ils ne te feront pas de mal.
-Hum... Jennissy… commença Carmen en faisant un signe de tête en direction de la cuisine. Je préfère qu’on en parle tous ensemble…
-D’accord, j’arrive. Reste ici, je reviens après ça, annonça la ratonne à l’adresse de la petite. »
Les trois voleurs quittèrent la pièce pour se retrouver bientôt tous ensemble dans la petite salle. L’ambiance qui y régnait n’avait jamais été aussi tendue, depuis le temps qu’ils étaient ensemble…
… en sachant qu’ils avaient toujours été ensemble, depuis leurs naissances.
Jennissy s’était assise sur l’une des chaises, regardant le plafond d’un air naturellement innocent. Air qui exaspérait sa sœur, assise en face d’elle. Elle ne pouvait pas détacher son regard noir du museau de la ratonne. Benjamin, enfin, était adossé à un des murs, les bras croisé et le pied tapant furieusement au sol. Jennissy posant les yeux sur Carmen, puis sur Benjamin, et retourna immédiatement à la contemplation du plafond. La vache ! Sa sœur n’avait jamais été aussi furax, son frère n’avait jamais été aussi sérieux et le plafond n’avait jamais été aussi intéressant à regarder…
« Toi au moins, tu fais pas la gueule… pensa-t-elle. »
Carmen soupira, prit une grande inspiration et se lança.
« Bon… où tu l’as trouvé ?
-Dans une des maisons du pâté. J’ai entendu des bruits bizarres, puis je suis entrée et je l’ai trouv…
-Ah d’accord… coupa Benjamin. Alors toi tu vas dans une maison parce que tu entends « des bruits bizarres », tu entre, tu trouve une gamine et tu la prends avec toi pendant que Carmen et moi, on meurt de trouille parce qu’on n’a pas de nouvelles de toi… EST-CE QUE TU SAIS A QUEL POINT J’ETAIS INQUIET POUR TOI ?!
-Et tu crois qu’ils vont dire quoi les parents de la petite, tu y as pensé ?! s’exclama la renarde. Qu’est ce que tu voulais faire d’elle ?! »
La ratonne pris son courage à deux mains et détacha ses yeux du plafond pour défier les deux regards furieux braqués sur elle.
« De un, Ben, surtout merci de me laisser finir et de deux, Carmen, ses parents ne diront rien… ils… ils sont morts… »
Les deux autres voleurs ouvrirent de grands yeux ronds et se figèrent, n’en croyant pas leurs oreilles.
« Morts ?! répéta Benjamin, avec un air un rien ahuri.
-Oui, morts. Contraire de vivants, synonyme de décédés, ironisa la jeune femme.
-Oui, ça, je l’aurai compris… mais comment ça morts ?!
-J’ai entendu des tirs, des bruits de verre brisés, je suis rentré et j’ai vu deux cadavres par terre. Et la gamine était juste à côté.
-Et donc tu l’as ramené ici.
-Tu aurais surement fais la même chose que moi Ben ! »
Son frère ouvrit la bouche… pour la refermer juste après. Mmm… oui. Sa sœur avait surement raison pour une fois. Carmen continua.
« On aurait peut être tout les trois fait la même chose… mais… c’est juste que… tu sais que ça existe les orphelinats…
-Elle n‘y serait pas en sécurité.
-Pourquoi ? Il y aurait plein d’enfants comme elle là-bas, elle y serait bien.
-Peut être, mais je crois qu’on veut essayer de la tuer. »
A ces mots, les deux autres voleurs sursautèrent. Ils ne savaient plus si leur sœur parlait sérieusement ou commençait à devenir complètement paranoïaque.
« Et qu’est ce qui te dis ça ?
-Mmmmm… mon petit doigt… mais les types qui ont commencé à nous courser sans aucune raison tout à l’heure m’ont aussi mit la puce à l’oreille. »
Carmen roula des yeux. Des fois elle se demandait vraiment comment Jennissy réussissait à plaisanter tout en étant sérieuse. Cela restait un véritable mystère pour elle.
« Alors vous pensez qu’on pourrait la garder pas trop longtemps ? Histoire de la protéger.
-Et qu’est ce qu’elle ferait, elle, seule à la maison pendant que nous ont ira voler ? demanda Benjamin, qui avait enfin reprit l’usage de la parole. »
Cette fois Jennissy ne répondit pas et se remit à regarder le plafond, en cherchant une solution qui conviendrait à tout le monde.
Dans le salon, la petite fille était encore assise sur le canapé, immobile, écoutant attentivement la dispute et ne perdant aucun détail. Les trois personnes qui l’avait recueillit parlaient assez fort pour qu’elle entende absolument tout. Elle avait tressaillit en entendant le mot « morts », « orphelinats », « tuer »… et sursauta lorsqu’elle comprit que ses bienfaiteurs étaient des voleurs. Elle sursauta une deuxième fois lorsqu’un silence angoissant s’était installé. Elle réfléchit rapidement, se leva, chercha la porte de la cuisine en tâtonnant… et tourna la poignée.
Chapitre 5
Carmen réfléchissait… encore. C’était une habitude qu’elle avait prise. Son esprit vaste était en constante réflexion et son cerveau bouillait. Sauf qu’il était à présent une heure du matin passé, que ses yeux lui piquaient et que ses paupières s’alourdissaient considérablement. Et dans ces cas là seulement, elle n’arrivait plus à réfléchir et daignait faire une pause.
« Désolée Jennissy… je… suis trop fatiguée pour le moment. J’ai besoin de me reposer avant de te donner une réponse, on verra ça demain, tu veux ? annonça-t-elle entre deux bâillements. »
Sur ce, elle se dirigea vers le couloir, sans prêter attention au regard stupéfait que lui lançait sa petite sœur. Cette dernière resta assise, immobile, puis se mit à regarder le sol en croisant les mains, se demandant ce qu’il allait arriver à la petite.
Pendant ce temps, Carmen se dirigeait lentement vers sa chambre en trainant des pieds sur la moquette. Mais avant elle passa juste devant la chambre d’ami, située à côté de la sienne et en face de celle de Jennissy. D’une main hésitante, elle tourna la poignée et ouvrit silencieusement la porte. Elle passa la tête entre l’entrebâillement et entendit le souffle lent de la petite aveugle. Elle était au lit depuis cinq minutes à peine et elle dormait déjà à poings fermés. Certes, elle venait de vivre la pire soirée de toute sa vie, elle avait dû traverser de dures épreuves et tout ce chamboulement devait la perturber. Mais elle gardait son calme et son sang-froid. De plus elle avait l’air d’être une enfant tout à fait adorable. Et pourtant… il y avait chez elle un petit quelque chose qui mettait la renarde mal-à-l’aise. Elle ne savait pas quoi exactement, elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. En tout cas, elle allait réfléchir à tout cela. A la proposition de sa petite sœur et à ce petit détail qui lui disait de se méfier. Après tout, elle s’était toujours dit que la nuit portait conseil. Elle referma la porte, entra dans sa chambre et se retrouva elle aussi profondément endormie en peu de temps.
Pendant ce temps, Jennissy était encore assise sur le canapé, pensante, même si sa tête et ses paupières devenaient pesantes. Elle se coucha, ferma les yeux un court instant et s’ombra dans un sommeil profond. Tout était noir autour d’elle. Même pas l’ombre d’une lumière, même blafarde. Un noir qui glacerait le dos de n’importe qui. Elle était au milieu de cette pénombre, entendant toute sorte de bruit autour d’elle, sans pouvoir discerner quoi que ce soit. Soudain elle se mit à courir, en entendant le bruit des pas de ces ombres qui s’approchaient d’elle à une vitesse phénoménale. Puis elle s’arrêta, sentant une main sur sa bouche, qu’elle s’empressa de retirer. Mais les pas se rapprochaient encore et allaient la rattraper…
Puis elle ouvrit les yeux et sa main fendit l’air. Un simple reflexe pour se protéger des pas qu’elle croyait avoir entendue…
« AIE ! MON NEZ ! »
La ratonne regarda autour d’elle et vit ses affaires, son lit, sa chambre… et son frère, se frottant douloureusement le bout du museau.
« Ben ?! Qu’est ce qu’il t’est arrivé ?
-Oh…trois fois rien. Tu t’es endormie sur le canapé, je t’ai ramené dans ta chambre mais tu as commencé à avoir des sueurs, parler dans ton sommeil, bref, tu as dû faire un cauchemar, j’ai essayé de te réveiller et tu m’as foutu une tarte monumentale. Mais toi, qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? demanda-t-il avec un large sourire ironique.
-Juste un cauchemar tout bête… désolée pour ton museau…
-Ca va, c’est déjà passé. Mais rappelle-moi de te laisser sur e canapé la prochaine fois que tu t’endors dessus. Alors, qu’est ce que Carmen à décidé pour la petite ?
-Rien pour l’instant. Mais je voudrais tellement qu’elle reste avec nous, j’ai peur de ce qui pourrait lui arriver… dit la ratonne, en prenant peu à peu un air boudeur. Et pour ça il faudrait que « madame Carmen qui décide de tout ici » soit d’accord… depuis quand c’est elle qui décide ?! C’est pas la chef ici, que je sache !
-Ce n’est ni Carmen, ni toi, ni moi. On décide de ça ensemble et on attend l’avis de Carmen, c’est tout. »
La ratonne soupira, se sentant soudainement gênée de s’être emporté et de s’être moqué de sa sœur. Puis elle plongea ses yeux dans ceux de son frère.
« Et toi, ton avis ? »
Benjamin marqua un court temps de pause, puis répondit franchement.
« Je suis d’accord pour qu’elle reste ici… mais ça va être dur… »
Les deux voleurs se regardèrent et échangèrent le même sourire. C’était rare les instants où ils arrêtaient de se disputer et discutaient sans se crier dessus. Le voleur souhaita une bonne nuit à la jeune femme et sorti de la chambre, exténué lui aussi. Puis Jennissy s’enfouit son sa couverture et repensa à son cauchemar. C’était comme si elle s’était glissé dans la peau de Neothilde, l’espace d’un songe.
Chapitre 7 :
Une larme roula sur la joue d Jennissy. Elle avait eue tellement de pincements de cœur depuis qu’elle connaissait Neothilde… et à cet instant elle était désolée. Désolée que cette enfant n’ait plus personne pour prendre soin d’elle, désolée que cette même enfant se retrouve bientôt dans un orphelinat et désolée enfin de rencontrer la seule personne qui lui restait, mais pas dans les circonstances que l’on pouvait imaginer. Personne, selon elle, et surtout pas un enfant, ne devrait vivre une chose pareille. Mais Neothilde était courageuse. La ratonne ébouriffa amicalement les cheveux de la fillette, qui se laissa faire. Puis elle lui prit la main e lui dit doucement :
« Allez. On doit rentrer maintenant. On reviendra la voi… lui rendre visite demain, promis. »
La fillette hocha la tête et suivit la voleuse, en restant silencieuse.
Les deux jeunes femmes se retrouveraient une nouvelle fois main dans la main, marchant lentement droit devant elles, dans le couloir de l’hôpital. Elles avançaient, pensantes, lorsqu’une voix qu’elles connaissaient les tira de leurs pensées.
« Jennissy ? Neothilde ? Je croyais que vous étiez à la maison, qu’est ce que vous faites là ? »
Les deux concernées relevèrent la tête, reconnaissant la voix de Benjamin. Celui-ci se trouvait juste en face d’elles et tenait un petit bouquet de fleur dans l’une de ses mains. La fillette prit la parole, se sentant plus audacieuse à présent qu’elle connaissait mieux les voleurs.
« Je lui présentais ma grande sœur Céleste. »
Le renaton regarda la petite fille, puis se baissa afin que son museau soit au même niveau que le visage de la fillette.
« Ta sœur est ici ?
-Oui. »
Le petit groupe se trouva une nouvelle fois dans la chambre de la jeune comateuse et Neothilde racontais son histoire. Le voleur se sentit lui aussi gêné et désolé, comme sa petite sœur. Lorsque la fillette eue finit la présentation, Il la prit par la main et commença à lui parler doucement, en l’emmenant dans le couloir.
« Je vais te présenter quelqu’un aussi, qui est ici comme ta sœur. »
Neothilde et Benjamin se retrouvèrent bientôt dans une autre chambre. Mais Jennissy préféra rester dans le couloir. Le voleur fit s’asseoir la fillette sur une chaise, prit le bouquet de fleur fané qui se trouvait dans le vase sur la table de chevet et le remplaça par celui qu’il avait fraichement acheté chez le fleuriste, puis s’assit juste à côté de la petite fille, tout en ne détachant pas son regard de la jeune femme endormie dans le lit.
« Voilà… c’est quelqu’un qui est aussi dans le coma, comme ta sœur.
-Et qui est-ce?
-Elle s’appelle Amanda.
-C’est ta sœur ? demanda la petite aveugle, confuse.
-Non, non, annonça le voleur avec un petit rire. Disons que c’est… ma… petite amie… »
Neothilde laissa s’échapper un petit « oooooh… » et hocha la tête, puis laissa une bref temps de pause avant de poser une autre question.
« Est-ce qu’elle attend un cœur elle aussi ?
-Non. Elle a eue un accident et maintenant elle est juste… endormie.
-Depuis quand est-elle endormie ? demanda la fillette en rougissant, gênée en se disant qu’elle posait peut être trop de questions.
-Plus de deux mois maintenant. »
Un autre court silence régna, jusqu’à ce que Neothilde murmure :
« J’espère qu’elles se réveilleront toutes les deux. »
Le voleur tourna la tête vers elle et lui adressa un petit sourire.
« Alors on est deux. »
Sans prévenir, Benjamin prit Neothilde dans ses bras, qui se blottit aussi contre lui, en cherchant un peu de réconfort et peut être l’ombre d’un espoir dans une étreinte. Puis le voleur se leva, tenant toujours la fillette dans ses bras et les deux sortirent.
« On reviendra les voir toutes les deux ensemble demain, d’accord ?
-Oui, dit la fillette en hochant la tête, alors qu’une petite larme s’échappa de ses yeux. »
Peu après, le petit groupe se retrouvait à marcher dans la rue, pour rentrer au Refuge. Neothilde était cette fois assise sur les épaules du voleur, et se rappela tristement que son père la mettait souvent sur ses épaules. Elle était encore une fois silencieuse et pensante. Les voleurs avaient été si aimables avec elle… elle avait peur de les offenser. Mais cette question lui brulait les lèvres depuis qu’elle les connaissait. Elle commença doucement, la grosse boule que la peur formait dans son ventre l’empêchait de parler distinctement.
« Vous avez été très gentils avec moi…
-C’est normal voyons, déclara Jennissy. »
La petite aveugle baissa la tête et continua encore plus doucement.
« Je voudrais beaucoup que Céleste ait un nouveau cœur… mais j’ai pas assez de sous. »
Les deux voleurs tendirent l’oreille, attendant la suite.
« Mais je veux lui payer un nouveau cœur moi-même… vous croyez que je peux voler avec vous ? »
La petite fille baissa la tête, craignant la réaction de ses bienfaiteurs. La sœur et le frère se regardèrent. Bon… là ça devenait un petit peu problématique… déjà ils voyaient très mal une petite fille de douze ans, atteinte de cécité, devenir voleuse. Ensuite Ben utilisaient déjà l’argent qu’il volait pour payer les soins d’Amanda. Mais Jennissy n’avait rien contre le fait de payer un nouveau cœur pour la sœur de la fillette.
« Je peux le payer moi-même… commença la jeune femme.
-Non ! Non ! s’empressa Neothilde. Vous avez fait beaucoup pour moi. Je veux faire ça moi-même. »
Puis la petite non-voyante se tut, se rendant compte qu’elle avait haussé le ton. Elle se sentait gêné, et baissa à nouveau la tête. La ratonne soupira. Sa sœur lui avait dit qu’ils n’étaient pas de bons exemples pour la fillette.
« Eh ben… c’est Carmen qui va être contente… pensa-t-elle. »
Chapitre 8
Trois silhouettes avançaient lentement sous le soleil crépusculaire, silencieusement. La question de Neothilde avait un peu gêné les deux voleurs, qui n’avaient su quoi répondre. La petite regrettait sa question, sentant qu’elle avait mit les deux amis qui lui restaient mal à l’aise, et était descendue des épaules de Ben. Ses pas lents et timides trahissaient un profond sentiment de mal-être. Les voleurs ne disaient rien, partageant ce sentiment, et se contentaient d’avancer. La fillette se rendait petit à petit compte que son arrivée n’avait causé que des problèmes au sein du Refuge. Le silence était pesant et quelque peu malsain entre les voleurs et leur hôte. Ben et Jennissy discutaient tout doucement de la demande de la gamine. Plus, quand ils avaient trouvé quelque chose qui leur paraissait raisonnable, ils s’assirent sur un banc, le long de la Seine. Benjamin guida Neothilde vers ce même banc et l’invita à s’asseoir, ce que fit la fillette. Jennissy et Benjamin se mirent à lui parler le plus sérieusement du monde.
« Neothilde… Tu… Tu es sûre de vouloir venir avec nous ? l’interrogea la première.
- Tu sais que si tu fais comme nous, si tu… Voles, tu seras recherché par la police… »
La petite fille hocha la tête affirmativement. Malgré son jeune âge, elle était parfaitement consciente de tout ce qui changerait si elle rejoignait le groupe en tant que voleuse. Elle était consciente qu’elle n’irait plus à l’école, qu’elle ne serait plus avec les filles de son âge, qu’elle n’aurait de repos qu’avec ceux qui l’avaient accueilli. Malgré tout cela, elle était prête à le faire. Elle était prête à devenir une hors-la-loi, pour sauver sa sœur. Elle répondit simplement…
« Pour moi, la vie de ma sœur est plus importante que mon casier judiciaire… »
Elle se mit à regarder faussement les deux voleurs, avant de rajouter, d’une voix plus timide, moins assurée…
« Vous… Vous ne feriez pas la même chose à ma place ? Vous ne feriez pas ça l’un pour l’autre ? »
Neothilde marqua une petite pose, respirant longuement. Les vagues de la Seine sur le béton, le bruit des bateaux-mouche et les pas des passants étaient presque inaudibles, ce qui permit à la petite aveugle de réfléchir de manière plus saine.
« Je préfère que ma sœur soit vivante et que je sois en prison plutôt que libre, et sans aucune famille… »
Benjamin laissa échapper un long soupire. La bonne volonté de la gamine était fondée, certes. Mais Carmen était moins ouverte à ce genre de bizarreries que ne pouvaient l’être Ben ou Jennissy. Jennissy qui, d’ailleurs, lança un regard à son frère, avant de reprendre.
« Et, tu sais que l’on a tous un rôle précis, dans le groupe… Benjamin fait tout ce qui est physique, Carmen, elle, s’occupe du coté technique et du piratage, et quant à moi je vole directement…Imaginons que Carmen accepte… Que ferais-tu ? »
La petite ferma les yeux et se mit à réfléchir. Il était vrai que l’équipe était déjà fonctionnelle… mais elle sourit quand elle se rendit compte qu’elle avait deux avantages que ni Benjamin, ni Carmen, ni Jennissy n’avait. Tout d’abord, elle était bien plus petite qu’eux et pouvait se faufiler à peu près n’importe où, du moins quand n’importe quel lieu étroit. Certes, elle était aveugle, mais sa cécité impliquait une ouïe beaucoup plus fine que la normale. C’était la contrepartie de son handicap, ses autres sens s’étaient considérablement aiguisés. Elle entendait des sons plus graves, plus aigus, moins forts. Son toucher, lui aussi, s’était amélioré. Elle reconnaissait d’un coup les matières, les objets, et l’expliqua en détail à ses deux bienfaiteurs. Jennissy était plus ou moins convaincue, mais Ben pensait surtout à la réaction de Carmen. Une idée lui vint.
« Ecoutes, ce soir, on prend les photographies de reconnaissance. Peut-être pourras-tu venir avec nous, sans qu’on le dise à Carmen, et que tu nous aiderais. Pendant que l’on prend les photos, Jennissy et moi, nous sommes assez vulnérables. Si tes sens sont aussi aiguisés que tu le prétends, tu pourras nous prévenir quand tu entendras un garde approcher, non ? Nous devons être extrêmement précis sur les photos, donc très concentrés, c’est pourquoi nous ne pouvons pas nous permettre de faire le guet. Ca pourrait être plus ou moins ton rôle pour cette mission… Qu’en dis-tu ? »
Un sourire s’afficha sur le visage de Neo, qui hocha la tête à l’affirmative. Benjamin ébouriffa les cheveux de la petite, qui se laissa faire, riant comme une enfant, gentiment. Il se tourna vers sa sœur.
« Et toi, qu’en dis-tu ? Même Carmen aurait été d’accord pour que quelqu’un fasse le guet. Même si elle ne peut pas voir, elle dit entendre bien mieux que nous… Au pire, on s’est très bien débrouillés jusque là sans guet, ca ne serait que du positif », fît-il, en souriant.
Il ne laissa même pas sa sœur répondre et se tourna à nouveau vers la petite.
« Par contre, il faudra que tu sois très prudente et très silencieuse. Un garde n’hésitera pas à te capturer, te mettre en prison ou te tuer, s’il te repère…Il faut que tu en sois bien consciente.
- Je suis prête à tout pour Céleste. » Se contenta de répondre la jeune fille.
Deux heures plus tard, c’était l’heure du briefing au Refuge. Carmen éteignit la lumière et alluma le rétroprojecteur. Neothilde n’assistait pas au briefing, sa participation à l’opération n’étant pas prévue par la jeune Carmen. Une première diaporama, montrant la grande bâtisse cible, apparaît à l’écran.
« Bon, pour cambrioler ce manoir, on va devoir prendre plus de photos de reconnaissance. Celles dont je dispose ont été trouvées sur Internet, et n’apportent rien sur les systèmes de sécurité de la bâtisse. »
Une seconde diaporama apparaît, montrant les gardes faisant le tour du bâtiment. Il y en a une demi-douzaine. Ils sont armés de torches, de pistolets.
« Selon le peu d’informations que vous m’avez rapportées, le bâtiment est gardé depuis l’extérieur par une demi-douzaine de gardes. Pour bien faire, il faudrait trouver un autre passage, ou réussir à s’infiltrer parmi eux… Ce qui ne devra pas être facile… »
Nouvelle diaporama. Un grand bâtiment, situé à une centaine de mètres de l’appartement cible, est montré. Un cercle jaune est dessiné autour de celui-ci par Carmen.
« Apparemment, cette boîte de nuit était autrefois le repère de Dimitri, l’un des amis de papa. Il semblerait qu’elle ait été construite au-dessus d’un immense complexe de couloirs et de salles souterraines. Il me faudrait des photos pour vérifier, mais je crois que l’un des tunnels va sous le bâtiment. »
Carmen appuya à nouveau sur un bouton, une quatrième diaporama, montrant la ville vue du ciel, apparût. La jeune femme dessina trois croix sur cette carte satellite, avant d’y inscrire les lettres B, C et J.
« Pour éviter de nous faire repérer durant la prise de photos, nous allons nous séparer. Benjamin ira voir la discothèque, et prendra des photos de l’intérieur du bâtiment, avant de s’infiltrer dans les souterrains. Pendant ce temps, ira fouiller le bâtiment cible. Quant à moi, je vérifierais la maiso où habitaient les parents de notre hôte. Il se pourrait que j’y découvre des choses très intéressantes. Mais attention, il nous faudra être très discrets, car la boîte de nuit et le bâtiment appartiennent aujourd’hui à une seule et même personne… »
Une photo d’un homme apparaît. C’est un goéland, portant un chapeau haut-de-forme noir ainsi qu’une veste blanche sous une chemise de smoking.
« Il s’agit du colonel Gantier. C’est un expert en stratégie militaire et en combat aux armes à feu. Préparez-vous, nous partons faire les photos dans un peu moins d’une demi-heure. »
La lumière apparût de nouveau dans la pièce, alors que le diaporama était terminé.
Vortex a encore eu une brillante idée
Si la fic était bien avancée, vous auriez dû espacer les publications de chapitres, genre un par semaine non ?
Parce que là, ça va en rebuter certains.
Ah OK Kid...
Ca, ça veux dire: Jennissy, j'attend toujours le prochain chapitre.
Et il y en a qui connaisaient absolument pas mes personnages!
Faut dire que t'as toujours pas donné de signes de vie sur HotM !
Je pense que c'est pas grave pour tas persos, on a mit assez de description dans nos chapitres je pense.
Ice C'est vrai... J'y ai pas pensé .
Ah au fait, tu m'as toujours pas apprit à dessiner... Comment je fais pour Neo et Céleste moi ?
Ice a raison mais c'est pas grave
Et je t'ai juste demandé pourquoi l'avoir faite sur HotM et pas sur ACIT mais bon maintenant je sais pourquoi hein
Ice dont moi
Sweet!
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Chapitre 9 :
La nuit noire était enfin tombée sur la capitale française, qui avait illuminé tout ses plus beaux monuments. Le reflet de ces éclairages et de la lune se reflètent dans la Seine et l’air était frais. Bref, c’était une soirée d’été comme une autre.
Les voleurs n’étaient pas encore partis, mais étaient fin prêts à commencer l’opération. Jennissy fit mine de mettre la fillette au lit et demanda à Carmen de partir devant. La renarde jeta un regard étonnée à sa sœur, puis à son frère.
« Bon. Mais vous faites vite. Je pars directement chez Neothilde. Je ne veux pas qu’on ait du retard sur l’horaire.
-C’est bon, on en a juste pour deux minutes Ben et moi, répondit la ratonne, l’air naturelle. »
La renarde partit vite, sans se douter de rien, dans la nuit fraiche en direction de la petite maison.
Une fois sa sœur partie, Jennissy revint dans la chambre d’ami, ouvrit doucement la porte et passa sa tête dans l’entrebâillement.
« Elle est partie ? demanda la fillette couchée dans le lit.
-Oui. »
Jennissy prit la main de Neothilde et se dirigèrent toutes les deux dans le salon, où Benjamin les attendait. La fillette s’assit sur le canapé et la voleuse prit la parole.
« Tu es sure de ce que tu veux faire Neo ?
-Oui, répondit-elle franchement.
-Très bien. Reste à savoir avec qui tu vas aller pour cette première opération. »
Les deux voleurs échangèrent quelques regards et posèrent les yeux sur la fillette qui attendait patiemment le verdict.
« Ce serait mieux qu’elle y aille d’abord avec toi, déclara finalement Benjamin en s’adressant à sa petite sœur.
-Mais… c’est toi le plus âgé, peut être que…
-Peut être, mais ce n’est pas la question. En matière de vol, tu es plus expérimentée que moi… et puis, les boites de nuits c’est seulement lorsqu’on est majeur, hein Neo ? dit le voleur en souriant, avant d’ébouriffer amicalement les cheveux de la concernée. On est donc d’accord ? Elle ira avec toi ?
-D’accord. Je vais finir de la préparer, je la vois mal sortir en pyjama. Bonne chance dans la discothèque.
-Et bonne chance à vous deux ! s’exclama-t-il en sortant du Refuge. »
Puis il partit, respirant l’air agréable de la nuit, pensant tantôt à la petite Neothilde qui le faisait toujours rire, tantôt à Amanda, dont l’absence le faisait terriblement souffrir. Il cachait à chaque instant ce mal être derrière un visage calme souriant, alors qu’il était mortellement inquiet pour elle.
Il hocha la tête et chassa ces pensées lorsqu’il se trouva devant la grande boite de nuit. Il comprit alors pourquoi Carmen aurait préféré faire cette mission la veille ; ce soir là, la discothèque était noire de monde, alors qu’elle était fermée l’autre soir. Génial. Ce serait impossible de rentrer là dedans sans se faire remarquer. Et prendre des photos de reconnaissance dans un bâtiment rempli de monde était une autre paire de manche. Il soupira, prit son binocom et hésita à appeler Carmen pour lui dire que l’opération était ratée, lorsqu’une voix particulièrement agaçante le tira de ses pensées.
« Hé ! Sly ? Sly Cooper ?! »
Benjamin tourna la tête et aperçut un grand iguane en tenue de soirée. C’était peut être lui, Dimitri, le soi-disant « ami » de son père.
« Tu t’es fait une coloration ou quoi, mec ? »
Le renaton fronça les sourcils. L’iguane faisait allusion à son pelage entièrement orange qui lui avait déjà rapporté pas mal d’insultes. Mais des blagues de ce genre, jamais.
« Non, je suis son fils, Ben Cooper. Et vous êtes Dimitri, c’est ça ?
-Son fils ? Je m’y attendais pas, s’exclama Dimitri tout en fumant sa cigarette. Content de te connaitre.
-Euh… de même, répondit Benjamin en serrant la main sans vraiment penser ce qu’il disait.
-Tiens, on à pleins de choses à se dire, je t’invite.
-Si vous insistez… »
Benjamin suivit l’iguane et entra dans la discothèque sans avoir d’ennui, et pourtant il se mordait les lèvres. Ce n’était vraiment pas ce qui état prévu au départ…
Près d’ici, Jennissy et Neothilde s’étaient cachées sous une de ces tables sur lesquelles reposaient des objets souvenirs de Paris. Un garde était juste devant, à renifler tout autour de lui, persuadé d’avoir entendu un bruit. Elles étaient ici depuis cinq minutes, à attendre qu’il s’en aille. Elles étaient arrivées le plus discrètement possible, lorsque Jennissy, en train de parler à la fillette, avait renversé ladite table, attirant aussitôt le gros balèze qui était maintenant ici. Elle avait tout remis à la hâte et toutes les deux s’étaient jetées à terre. Bientôt le garde haussa les épaules et repris son tour de garde, persuadé que son imagination lui avait joué des tours. La voleuse soupira de soulagement et se tourna vers la fillette.
« Tu vois, l’improvisation fait aussi partie du métier de voleur.
-Mais vous volez n’importe qui ? demanda la petite fille, soudainement inquiète.
-Non justement, seulement les gens très riches ou les autres voleurs. Ce serait vraiment injuste de voler les gens honnêtes… bon, assez discuté. Repartons. »
Les deux jeunes femmes se relevèrent, en prenant soin de ne pas refaire tomber la table et attirer un autre garde. Elles remontèrent la rue, arrivèrent devant les grilles du jardin de la maison du colonel et Jennissy dû réfléchir. Elle regarda autour d’elle et repéra une maison au toit bas, reliée au grand bâtiment par des fils téléphoniques. Elle et Neothilde pourraient passer par là. La voleuse aida la fillette à monter, puis cette dernière dû s’accrocher au dos de Jennissy lorsqu’elle passa sur les fils.
Toutes deux se trouvaient maintenant sur le toit. La jeune femme en profita pour prendre quelques photos d’ici, avant de rentrer à l’intérieur du bâtiment en compagnie de la petite aveugle. Evidemment, l’intérieur était aussi hic que l’extérieur. Mais cela n’étonnait plus Jennissy, habituée à se retrouver dans ces genres d’endroits.
Neothilde tendit l’oreille, prête à utiliser chacun de ses quatre sens pour réussir sa mission et ainsi sauver sa sœur. Mais pour l’instant elle n’avait pas à s’inquiéter. A part elle et Jennissy, il n’y avait personne dans cet endroit… du moins pour l’instant. Dès qu’elle entendrait le moindre bruit suspect, elle avertirait son amie.
Non loin de là, Carmen enquêtait. Elle était arrivée dans cet endroit depuis une bonne demi-heure et était entré sans difficulté dans la maison, maintenant abandonnée. Depuis la veille, rien n’avait bougé. Le salon était encore sans dessus dessous, et les deux cadavres des parents de la fillette gisaient au sol, sur une mare de sang sec. Carmen eue juste un petit haut-le-cœur. Elle avait déjà eue l’occasion de voir un cadavre, mort depuis bien plus longtemps que ces deux là. Décidemment, rien ne l’étonnait plus. Elle se pencha vers les deux corps immobile et aperçut les trous au niveau du cœur. Ce n’était pas la peine d’être un génie comme elle pour comprendre qu’on leur avait tiré dessus. Elle se releva et regarda partout dans la salle pour voir si l’assassin n’avait pas laissé par mégarde l’arme du crime. Ce ne fut pas une chose facile, tous les meubles étaient renversés. Elle aurait peut être besoin d’aide. Elle regarda sa montre… oui, cela faisait bien trois quarts d’heure maintenant qu’elle était là. Peut être que son frère avait déjà finit de son côté et pouvait venir l’aider. Elle prit son binocom, mais personne ne répondit. Très bien, Benjamin avait oublié de l’allumer… soudain elle sursauta. Son portable sonnait dans la poche de sa salopette. Elle prit le téléphone et dérocha.
« Allo ?
-Désolé Carmen, je n’ai pas pu te joindre sur le binocom, c‘est une longue histoire. Qu’est ce qui t’arrive ? répondit la voix de son frère.
-Tu n’as pas perdu ton binocom au moins ?
-Non, t’inquiète. Tu as besoin de moi ? »
Carmen ne répondit pas. Elle avait entendu un bruit derrière elle. Elle tressaillit, ne pas sachant ce que cela pouvait être. Elle regarda autour d’elle, alors que la voix du renaton disait « Allo ? Tu es encore là ? » dans le combiné. Elle remit le portable sur son oreille et répondit.
« Rien, rien… c’est rien. Je me demandais juste si tu avais… »
Elle en revanche, ne finit pas sa phrase. Un bras l’immobilisait en la tenant par la gorge et une main l’empêchait de parler et de crier. Elle venait de se faire prendre par un illustre inconnu.
Cela faisait bientôt trois quarts d’heure que Benjamin était assis à une table en face de Dimitri, qui n’avait pas arrêté de lui parler. Le voleur se demanda même si son interlocuteur n’avait pas un peu bu. Il ne pouvait pas prendre de photo, mais se contenta de regarder attentivement tout autour de lui, en tentant de ne laisser aucun détail lui échapper.
« Tu savais que ton père m’a déjà fait sortir de prison une fois ? continua l’iguane, sans se soucier que le jeune devant lui était en train de s’endormir. »
Benjamin se réveilla en entendant que son hôte parlait de son père.
« Moui, je crois qu’il m’avait raconté ça quand j’avais quatorze ans. On était partis à Venise, c’est là qu’il vous a libéré, non ?
-Tout à fait. »
Brusquement, le voleur sursauta. Son binocom venait de produire un petit « bip » sonore et craignait que Dimitri ait entendu. Ici, impossible de sortir un appareil qui ressemblait à des jumelles sous peine de se faire prendre pour un fou sortit de l’asile. Il se leva de sa chaise, en excusant Dimitri, alors qu’il était soulagé de sortir de table. Il s’éloigna, prit on téléphone portable et appela Carmen. Il entendit très vite la voix de la renarde lui répondre.
« Allo ?
-Désolé Carmen, je n’ai pas pu te joindre sur le binocom, c‘est une longue histoire, commença-t-il pour expliquer son appel. Qu’est ce qui t’arrive ?
-Tu n’as pas perdu ton binocom au moins ? demanda sa sœur, inquiète.
-Non, t’inquiète. Tu as besoin de moi ? »
Benjamin attendit un court instant. Sa petite sœur ne répondait pas.
« Allo ? Tu es encore là ? »
Pas de réponse.
« Caaaaarmen, sœurette… »
Toujours rien. Il haussa les épaules et était prêt à raccrocher, lorsque la renarde donna un signe de vie.
« Rien, rien… c’est rien. Je me demandais juste si tu avais… CLAC ! »
Le voleur sursauta. Le bruit qu’il avait entendu, c’était le téléphone de sa sœur tombant à terre.
« Carmen ? CARMEN QU’EST-CE QUI SE PASSE ?! »
Le cœur de Benjamin s’emballa. Sa sœur avait apparemment un gros problème. Tant pis s’il n’était pas allé voir les souterrains, sa priorité était d’aller voir si elle allait bien… et il savait pertinemment que ce n’était pas le cas.
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