Anthrax : la bactérie qui inquiète le FBI
Après la découverte lundi d´une deuxième personne touchée par la maladie du charbon en Floride, les autorités américaines n´excluent plus l´hypothèse d´un attentat bioterroriste. Cette annonce a provoqué un début de psychose dans la population, les fausses alertes se multiplient.
Mis en ligne le 10 octobre 2001
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Pour le sénateur de Floride Bob Graham, les chances d´une contamination naturelle pour les cas d´anthrax découverts en Floride vont de "zéro à aucune". C´est ce qu´il a déclaré mardi, après s´être entretenu avec Jeffrey Koplan, directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d´Atlanta qui enquête sur les deux cas, dont le premier s´est traduit par la mort d´un homme vendredi. Les autorités américaines prennent désormais très au sérieux l’hypothèse d’un attentat bioterroriste.
300 personnes examinées
Un sexagénaire, Robert Stevens, 63 ans, est mort vendredi en Floride de la maladie du charbon (anthrax, voir encadré), après avoir été hospitalisé dans un état très grave au Centre médical John F. Kennedy, près de West Palm Beach. Pour ce premier décès dû à l’anthrax aux Etats-Unis depuis 25 ans, les autorités fédérales avaient alors exclu tout acte de terrorisme, affirmant qu´il semblait s´agir d´un "cas isolé". Mais, lundi, elles ont été amenées à réviser leur jugement : un collègue de Stevens était porteur de la bactérie sans avoir toutefois contracté la maladie. L’homme, qui serait âgé de 73 ans, a été hospitalisé dans un état jugé stable. Des examens sont en cours pour savoir si la bactérie a commencé à se propager aux bronches et aux poumons. La bactérie a été trouvée sur le clavier de l´ordinateur de Robert Stevens. Les locaux du Sun, le journal local où Stevens et son collègue étaient employés, ont été bouclés par le FBI. Les 300 personnes qui travaillent habituellement dans cet immeuble ont été appelées à se rendre dans un hôpital de la région pour y subir des tests de dépistage de la bactérie.
"Une source d’inquiétude"
Les chances d´une
contamination
naturelle vont de
zéro à aucune"
L´Attorney general (ministre américain de la Justice) John Ashcroft n´a pas exclu lundi l´éventualité d´un acte terroriste dans l´enquête ouverte par le FBI sur le deuxième cas de Floride. "Nous ne rejetons rien à ce stade de l´enquête", a-t-il affirmé lors d´une conférence de presse à Washington. Il a ajouté que l´enquête en cours pourrait "devenir une enquête de type criminel", bien que, pour l´instant "on ne puisse tirer de conclusions" sur l´origine de la bactérie. "C´est une source d´inquiétude et c´est pour cela que le FBI participe à l´enquête", a de son côté indiqué le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer.
Affolement du public et fausses alertes en série
Dans le Kentucky, dans l´Ohio et dans le Maryland les services d´urgence ont dû envoyer mardi du personnel spécialisé pour répondre à des alertes provoquées par des substances ou des liquides suspects - et pour calmer l´inquiétude d´une population avertie de risques d´attentats après le déclenchement de frappes militaires américaines en Afghanistan. Ainsi deux cents personnes ont été mises en quarantaine à Convington, dans le Kentucky (est des Etats-Unis), après la fermeture d´un centre des impôts par crainte d´une attaque terroriste biologique liée à la maladie du charbon : un employé avait ouvert une enveloppe contenant une mystérieuse poudre blanche. Cet employé a dû revêtir une combinaison en plastique et subir des opérations de décontamination à distance, au moyen de pulvérisateurs et de brosses.
La police du métro de Washington a dû fermer une station pendant plusieurs heures mardi après-midi, par crainte là encore d´une contamination du public. Une équipe spécialisée dans le traitement des substances dangereuses dépêchée dans la station de Southern Avenue, dans le Maryland, a déterminé que le liquide non identifié renversé par un individu appréhendé après une altercation avec un officier de police ne présentait aucun danger. A West Chester, dans l´Ohio (centre), les autorités ont mis en quarantaine le personnel d´un restaurant après qu´un client y eut laissé mardi un bocal contenant un liquide non identifié. Lundi, le cabinet d´un médecin dans la banlieue de Cincinnati, dans l´Ohio, avait été évacué et six personnes décontaminées alors que les employés du cabinet avaient jugé l´une des enveloppes reçues dans le courrier comme "suspecte". Il s´agissait toutefois d´une fausse alerte.
L´anthrax
La maladie du charbon (l´anthrax pour les Anglo-saxons) est une maladie des animaux, surtout des ruminants. Elle est habituellement transmise à l´homme par contact ou par ingestion (viande contaminée...). "On ne connaît pas de contamination interhumaine", selon un expert. La maladie peut prendre une forme cutanée ou une forme pulmonaire, dont les premiers symptômes rappellent ceux de la grippe. La période d´incubation dure généralement entre 3 et 5 jours mais peut être beaucoup plus courte.
Il existe des traitements antibiotiques : quinolones comme la ciprofloxacine, cyclines, pénicilline si le germe n´est pas résistant... Mais la forme pulmonaire doit être traitée très vite. Louis Pasteur avait mis au point un vaccin vétérinaire contre le charbon dès 1881 et vacciné des moutons. En revanche, le vaccin existant actuellement n´est pas considéré comme un bon vaccin pour l´homme, à la fois pour des raisons d´efficacité et d´effets secondaires.
tf1.fr