Resté longtemps inaccessible au public occidental, et pour cause puisqu'il a vu le jour au Japon en 1993 sur PC Engine, Akumajô Dracula X : Chi no Rondo (alias Castlevania : Rondo of Blood) est considéré par la plupart des fans comme le meilleur représentant de la période pré-Symphony of the Night. Il faut dire que le titre exploite parfaitement bien le support CD en intégrant des cinématiques façon dessin animé doublées en japonais et une introduction en allemand saisissante pour l'immersion. On y apprend que la résurrection du comte Dracula passe cette fois par le sacrifice de quatre jeunes vierges que Richter Belmont va tenter de sauver, sachant que sa promise Annette fait partie des captives.
La qualité sonore optimale de cet épisode met d'ailleurs d'autant mieux en valeur les nombreux remix des plus grands thèmes de la série que l'on peut entendre tout au long du jeu. Ennemis et boss n'hésitent pas à s'exprimer, soit en poussant des hurlements d'agonie, soit en s'adressant directement à nous. Une première qui deviendra une constante par la suite. Si le gameplay s'avère moins innovant que celui de Super Castlevania IV, sorti un peu plus tôt, Chi no Rondo marque surtout pour ses innombrables séquences cultes, à commencer par le prologue dans lequel Richter défie la Mort sur une calèche tractée par des chevaux lancés au grand galop. La traversée du village en ruines qui s'ensuit ne laisse pas de doute sur le fait que le titre est littéralement truffé de secrets et autres chemins optionnels très bien cachés.
Cet opus a en effet la particularité de proposer des stages qui regorgent de passages secrets pouvant déboucher sur des embranchements alternatifs. Aux huit stages de base s'ajoutent ainsi quatre niveaux supplémentaires pas faciles à débloquer et encore moins à terminer. Viser le 100% implique donc de recommencer plusieurs fois l'aventure en fouillant les chapitres de fond en comble. Linéaires et difficiles, les niveaux recèlent de pièges et ce ne sont pas les occasions qui manquent pour faire une chute mortelle ou périr sous les attaques répétées d'ennemis beaucoup plus vifs que vous. En dépit d'une panoplie de mouvements limitée, Richter doit se débrouiller avec son fouet et ses armes secondaires pour déjouer la configuration pernicieuse du level design. On ne s'étonne plus de découvrir des viandes cachées dans des portions de murs ou des coeurs à l'intérieur des torches.
Le maniement du fouet n'a tout de même pas la souplesse de celui de l'épisode Super Nintendo, et chaque coup doit donc être soigneusement calculé en anticipant sur les déplacements parfois très rapides des squelettes, chauves-souris et autres créatures gothiques peuplant les niveaux. La possibilité d'effectuer un saut d'esquive arrière est donc plutôt bienvenue. Les portes scellées ne peuvent s'ouvrir qu'à l'aide d'une clé qui s'utilise comme une arme secondaire et que vous ne devrez donc pas perdre en cours de route. On peut d'ailleurs rappeler que chacune de ces armes secondaires possède une fonction spéciale dite Item Crash qui permet généralement de tout ravager à l'écran. Le titre n'est pas non plus avare en références, à l'image du nécromancien qui invoque à la suite tous les boss du premier Castlevania.
En bonus, et à condition d'avoir trouvé le moyen de la libérer dans le stage 2, Maria Renard peut venir se battre aux côtés de Richter en tant que second personnage jouable. Vous pouvez alors parcourir n'importe quel niveau avec elle, sachant que son double saut, sa glissade, son tir de colombes et sa rapidité facilitent grandement l'exploration du jeu. Maria dispose même d'une attaque spéciale très puissante qui requiert une combinaison de touches à la Street Fighter, ce qui offre une autre approche du gameplay et permet ainsi de redécouvrir le jeu dans de nouvelles conditions. Chose amusante, durant les parties avec Maria, les fameux gigots sont remplacés par des sucreries ! Au final, la présence de Maria apporte une touche de fun bienvenue qui contraste agréablement avec le sérieux de l'aventure aux côtés de Richter.
A noter que le système d'embranchements implique que chaque niveau débouche forcément sur deux boss différents. Des boss qui ont d'ailleurs la fâcheuse habitude de lâcher des coups en traître quand ils agonisent, sortes d'attaques de la dernière chance qui obligent à rester vigilant et qui trahissent le souci du détail permanent caractérisant cet épisode culte. Sa réédition sur Wii (Console Virtuelle) et PSP donnera, bien des années plus tard, l'occasion au monde entier de découvrir ce monument de l'action 2D.