Ayant prouvé, avec les derniers épisodes portables, que la formule « metroidvania » pouvait encore donner matière à de très bonnes surprises, Konami embraye dès 2007 (fin 2006 au Japon) avec la sortie de Castlevania : Portrait of Ruin (« Gallery of Labyrinth » en VO) sur DS. Sur le plan narratif, cet épisode n'a aucun lien avec son prédécesseur mais il fait référence, à travers ses personnages, au background de l'opus Megadrive, The New Generation (Bloodlines).

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Nous sommes en 1944 et le chaos de la Seconde Guerre mondiale a fait resurgir le château de Dracula, qu'un certain Brauner tente de s'approprier. Son pouvoir occulte demeure à l'intérieur de ses tableaux, de sombres peintures dans lesquelles le voyageur imprudent peut pénétrer pour atteindre des univers parallèles au monde réel. Pour l'en empêcher, deux nouveaux héros vont devoir se glisser dans ces fameux tableaux, s'aventurant « de l'autre côté du miroir » dans des mondes aussi inattendus qu'une pyramide égyptienne ou un cirque de monstres.

L'une des particularités du jeu réside donc dans le fait que l'exploration des lieux ne se limite plus au château de Dracula, mais qu'elle se prolonge à travers les tableaux pour nous faire découvrir des mondes aux atmosphères très variées. Le dépaysement est garanti et le contexte ne défigure en rien l'ambiance de ce nouveau Castlevania. La période n'est là que pour insérer cet opus dans la chronologie complexe de la saga, en tissant des liens nouveaux entre les protagonistes de Portrait of Ruin et ceux de Bloodlines. Nous découvrons donc deux personnages inédits dont les noms renvoient aux héros de l'épisode Megadrive.

Principal acteur du jeu, Jonathan Morris n'est autre que le nouveau détenteur du Vampire Killer, le fouet légendaire transmis de génération en génération au sein de la famille Belmont. Comment Jonathan, qui ne fait pas partie du clan Belmont, peut-il se retrouver en possession de cette relique sacrée ? On peut déjà trouver un élément de réponse dans Castlevania Bloodlines, puisque c'est dans cet épisode que s'était illustré son père John Morris. Quoi qu'il en soit, le jeune homme n'est pas en mesure de maîtriser la véritable puissance du Vampire Killer au début du jeu, et l'un de vos objectifs sera donc de trouver le moyen de le rendre apte à l'utiliser.

Véritable rat de bibliothèque, Charlotte Aulin est l'amie d'enfance de Jonathan. A l'âge de 16 ans, elle se passionne plus que jamais pour la lecture d'anciens grimoires qui lui apportent la connaissance de la magie. Cette aventure sera l'occasion pour elle de mettre la main sur des parchemins perdus qu'il lui suffira de déchiffrer pour apprendre de nouveaux sortilèges et aider ainsi son compagnon à sortir vivant du château de Dracula.

En toile de fond, on découvrira progressivement d'autres informations concernant les « filles » de Brauner (Stella et Loretta), ou encore le personnage de Wind, présent aussi pour nous confier des quêtes permettant de développer les capacités physiques et magiques de nos héros. L'occasion de laisser momentanément de côté l'aventure principale pour mener à bien des missions de toutes sortes.

La récupération des âmes de Dawn of Sorrow laisse ici la place à des techniques propres à chacun des deux personnages. Charlotte peut ainsi récupérer des parchemins qui lui permettront ensuite d'invoquer certains ennemis, de lancer des sorts d'attaque ou d'utiliser des magies de soutien. Etant spécialisée dans les arts occultes, ses techniques d'attaque se limitent à des armes blanches qui sortent des pages de ses grimoires. Des capacités qui se complètent parfaitement avec celles de Jonathan, capable d'équiper des armes de toutes sortes telles que les épées, les fouets ou les poings américains, et d'accomplir des mouvements qui facilitent grandement les déplacements.

A cela s'ajoute toute une panoplie d'armes secondaires, dans des styles très différents. Si certaines s'avèrent plutôt classiques, d'autres se révèlent aussi ridicules qu'étrangement efficaces, comme les avions en papier ou les tartes à la crème. Le jeu assume parfaitement ces changements de ton, du sérieux à l'absurde, du terrifiant au ridicule. Pas étonnant, dans ces conditions, de voir les béhémoths et les dragons zombies côtoyer les squelettes barmans qui vous balancent des verres en pleine figure ou des servantes passant l'aspirateur dans les couloirs !

Premier épisode de la série à articuler son gameplay autour de la gestion de deux protagonistes en simultané, Portrait of Ruin autorise bon nombre de possibilités inédites. Certains mouvements ne peuvent être effectués que si les deux héros interagissent ensemble à l'écran, aussi bien pour stopper un train en marche que pour se faire la courte échelle. Le duo peut toutefois se séparer quelques instants, soit pour éviter que le second ne se fasse toucher, ce qui se traduirait par une perte de MP, soit pour activer des mécanismes particuliers.

Si la gestion des deux protagonistes apporte un réel intérêt à l'aventure, on regrettera surtout de ne pas pouvoir parcourir le jeu avec un autre joueur humain. Le mode coopératif se contente de proposer seulement quelques parcours prédéfinis, ou d'ouvrir une boutique pour partager ses objets avec ceux de ses amis. Il y avait pourtant une bonne carte à jouer de ce côté-là, même si l'IA est suffisamment bonne pour ne pas avoir à se plaindre de son compagnon en mode solo. A noter bien sûr la présence de techniques combinées très impressionnantes, qui mettent à contribution les deux personnages pour lancer des attaques spectaculaires et souvent dévastatrices.

Avec la présence des portraits et la progression en duo, ces quêtes font partie des éléments qui démarquent vraiment cet épisode de ses prédécesseurs. Portrait of Ruin est également bourré de clins d'oeil aux anciens volets de la saga, comme ce donjon optionnel surprenant dans lequel on retrouve de vieilles connaissances, ou ce combat final mémorable que l'on ne peut voir qu'en se dirigeant vers la vraie fin du jeu.

Le jeu bénéficie aussi d'un bestiaire complètement renouvelé, les monstres étant dotés d'animations plus fun et plus travaillées, et de décors truffés d'interactions et de secrets en tous genres. Côté bonus, on apprécie la possibilité de jouer avec de nouveaux duos (Richter et Maria, Stella et Loretta) pour redécouvrir l'aventure avec un gameplay totalement différent, à l'ancienne ou au stylet.