Après la prestation remarquée de Castlevania : Lament of Innocence sur PS2, les fans de la série de Konami craignaient beaucoup moins de voir leur saga fétiche subir les foudres de la 3D et la sortie de Castlevania : Curse of Darkness (Akumajô Dracula : Yami no Juin en VO) en février 2006 était donc plutôt attendue. Le soft sort d'ailleurs à la fois sur PS2 et sur Xbox, sauf au Japon où la console de Microsoft est très mal implantée.
[VIDEO 0 INTROUVABLE]
Même s'il emprunte beaucoup à son prédécesseur, y compris certains de ses défauts, Curse of Darkness corrige tout de même quelques écueils et se montre nettement plus ambitieux. Le jeu se recentre sur un héros plus dark que Léon Belmont, le forgeron démoniaque Hector tenant davantage d'Alucard que des classiques chasseurs de vampires. L'accent est mis sur la multiplicité des armes que l'on peut forger via des matériaux, ainsi que sur le contrôle de familiers qui possèdent plusieurs stades d'évolution. Ces ajouts, alliés au retour du gain d'XP, enrichissent considérablement le système de jeu qui profite par ailleurs d'une meilleure réalisation. Car même si la plupart des niveaux ressemblent un peu trop à de larges couloirs assez vides, ils ont le mérite de présenter de nombreux environnements extérieurs, chose rare dans la série, avant de nous conduire aux portes du château de Dracula. Les boss se veulent aussi plus imposants et les cut-scenes ressemblent enfin à quelque chose. Dommage que les développeurs aient cru bon d'inclure des séquences de shoot peu probantes aux commandes de différents canons, car elles ne réussissent qu'à entacher le gameplay.
Le prologue nous raconte comment, en 1476, le chasseur de vampires Trévor Belmont vainquit le comte Dracula dans des circonstances qui sont relatées dans Castlevania III : Dracula's Curse. Malgré sa défaite, Dracula maudit l'humanité toute entière et la précipita dans la misère éternelle. Trois ans plus tard, livrée aux pillages et aux massacres, la Valachie ne survit plus que dans l'angoisse permanente du retour de cet être haï, et c'est par la main d'un forgeron démoniaque dénommé Hector que le salut va finalement venir. Ne pouvant pardonner à Isaac, un être doté du même pouvoir que lui, d'avoir orchestré la condamnation et l'immolation de sa tendre Rosalie, Hector se résout à reconquérir les pouvoirs maudits dont il a hérité. En tant que forgeron du mal, il lui faudra donc mettre sa connaissance mystique au service de la création de démons innocents qui se chargeront de mettre un terme à l'existence méprisable de ce fou furieux d'Isaac.
La première surprise pour le joueur est donc de ne pas contrôler un héritier du clan Belmont, mais un personnage aux origines plus ou moins maléfiques. La chose n'est pas totalement nouvelle puisqu'on avait déjà eu l'occasion de diriger ce genre de protagonistes par le passé, notamment dans Aria of Sorrow / Dawn of Sorrow avec Soma Cruz et bien sûr dans Symphony of the Night avec Alucard. Le jeu comporte d'ailleurs un certain nombre de clins d'oeil et d'idées provenant du fameux épisode PlayStation, ce qui n'est pas pour nous déplaire.
Même si Hector n'est pas un adepte du fouet, contrairement aux Belmont, il manie la plupart des armes blanches à la perfection, et se débrouille aussi bien avec des lances que des haches ou des épées. Les combos mettent à contribution les attaques normales et puissantes qu'il suffit de combiner de différentes façons pour réaliser des enchaînements variés qui diffèrent aussi en fonction de l'arme utilisée. Comme dans Lament of Innocence, une approche réfléchie à base d'esquives et de gardes parfaites est le meilleur moyen de progresser efficacement dans le jeu.
L'aspect RPG est quant à lui de retour à travers la possibilité de gagner de l'expérience et des niveaux en charcutant du monstre. Une évolution permanente qui entraîne l'optimisation des capacités du héros ainsi qu'une tolérance renforcée vis-à-vis des attaques élémentaires. Dans le même ordre d'idées, la gestion de l'équipement est une donnée à prendre en compte, dans la mesure où les armes possèdent également des aptitudes et effets bien spécifiques.
En dehors de ça, on constate que la plupart des choses mises en place dans Lament of Innocence ont été évincées au profit de nouvelles idées. Dans Curse of Darkness, il est possible, par exemple, de contourner l'ennemi pour lui voler de l'argent ou lui subtiliser divers objets. Une excellente idée quand on sait à quel point l'argent est rare dans cet épisode.
Le système de combinaison des objets est également une autre bonne trouvaille dans la mesure où il permet d'utiliser les matériaux obtenus sur les cadavres pour forger des armes, des armures ou des accessoires de toutes sortes. Rien n'est fait au hasard puisqu'on sait exactement quels sont les éléments requis pour créer un nouvel objet, et le résultat dépasse parfois largement nos espérances d'apprenti forgeron du mal.
La principale caractéristique de Curse of Darkness réside toutefois dans la possibilité d'invoquer des Démons Innocents. Concrètement, Hector est épaulé par un certain nombre de démons qui ont un rôle de soutien ou qui agissent de manière offensive en l'aidant à combattre les ennemis. Libre à vous de les laisser agir à leur guise ou de choisir à quel moment vous souhaitez utiliser leurs capacités spéciales, sachant que ces dernières vont être optimisées au fur et à mesure de l'évolution des démons. Car ceux-ci gagnent de l'expérience de la même façon que le héros et peuvent même changer de forme pour libérer tout leur potentiel. Il faut savoir d'ailleurs que ces transformations varient en fonction de l'arme que vous utilisez, ce qui ménage un très grande nombre de possibilités en termes d'évolution.
Un système vraiment appréciable dans la pratique et qui accentue le dynamisme des affrontements, vous permettant même de terrasser vos adversaires en déclenchant des attaques combinées avec votre démon.
L'histoire comporte bien sûr son lot de personnalités marquantes, et même si le scénario ne se dévoile qu'au compte-gouttes, il est là pour rappeler qu'un Castlevania vaut autant pour son atmosphère gothique que pour l'efficacité de son système de jeu. Avec toute l'arborescence d'évolution des démons innocents à explorer, la quête improbable des sièges (!), la présence d'un boss optionnel et surtout la possibilité de faire l'aventure dans la peau de Trévor Belmont, Curse of Darkness ne manque pas d'attraits pour séduire même les fans les plus réfractaires à la 3D.