En voulant placer le joueur en tant qu’omniscient, Cage développe sa formule, tout en privant le gamer d’un attachement fort à son avatar, puisqu'il alterne désormais d’un statut à un autre. De plus, l’intrigue, qui tient de l’intéressant thriller un brin étrange au début, dévie très vite vers un scénario bien moins savoureux et beaucoup moins proche de ses acteurs, impliquant du paranormal à tour de bras et une écriture que je juge moins soignée dès que l’on approche du troisième tiers du soft.
Je n’ai sans doute pas apprécié Fahrenheit à sa juste valeur, mais Fahrenheit ne s’est, selon moi, pas laissé apprécier à sa juste valeur, notamment à cause de ses très longues séquences à QTE, blindées de chorégraphies "matrixiennes" et de plans cinématographiques pourtant réussis. La faute à un système à la Simon (mais oui, le jeu aux quatre couleurs !) qui vous gène complètement, au point où l’on ne peut même plus suivre la scène, de peur de rater des touches et de devoir recommencer la séquence.
Il y avait pourtant de bien belles idées, telles que la jauge de santé mentale, qui jouait avec notre empathie pour le personnage. Si Lucas apprenait trop de mauvaises nouvelles, son moral baissait jusqu'à atteindre dangereusement le point de non-retour débouchant sur un suicide, synonyme de game over. Il nous fallait alors chercher des pensées réconfortantes ou des actions « détente » afin de le doper au bien-être. "Jouons donc un peu de guitare pour oublier cet affreux meurtre"… Loin d’être un parfait exemple de titres à embranchements multiples, Fahrenheit propose tout de même en fin d’aventure un choix crucial qui influencera la destinée des personnages et définira l’un des trois dénouements disponibles en guise d’épilogue. Bref, pour faire simple, le Fahrenheit de Quantic se voulait plus comme un coup d’essai que comme un véritable titre assumé et finement calibré.
https://www.youtube.com/watch?v=EdLPxrQhHfYAvec plus de 700.000 unités vendues, ses 2.000 pages de script, son équipe de 80 personnes, sa collaboration musicale avec monsieur Angelo Badalamenti (qui a notamment travaillé sur pas mal de films de David Lynch), Fahrenheit représente l’entrée dans la cour des grands pour Quantic Dream. Le titre sera également le dernier du studio à sortir sur PC puisque le développeur, fort de son expérience passée (Nomad Soul sur Dreamcast), décide à nouveau de charmer le public console en sortant Fahrenheit sur PS2 et Xbox. Pour éviter de se confronter au fossé graphique qui séparait en 2008 les ordinateurs des consoles, le prochain jeu de Cage sera une exclusivité console, et plus précisément une exclusivité PlayStation 3...