Il y avait pourtant de très bonnes idées dans le titre, telles que l'exploitation des différentes périodes de la vie de Jodie, qui nous permet d'alterner entre diverses ambiances, toutes très réussies. De même, le côté « grand public » était à la base une bonne idée récupérée de l'expérience Heavy Rain, malheureusement poussée à son paroxysme ici par une difficulté inexistante et par un guidage constant, encore une fois, vous êtes sur des rails et rien ne pourra vous en sortir, même si le titre vous offre parfois l'illusion d'embranchements, qui au final vous ramènent toujours sur une trame unique et non-chronologique.
On peut par exemple parler de la séquence dans laquelle Jodie est SDF, et doit se nourrir. Plusieurs choix s'offrent à nous, on peut soit jouer de la guitare sur un trottoir, soit pirater avec Aiden un distributeur de billets, soit satisfaire les envies perverses d'un passant louche contre de l'argent. Peu importe la décision, la finalité sera toujours la même et c'est en refaisant la séquence que l'on s'en rend compte, puisque l'illusion tient le temps d'une première partie.
Ce fameux côté « jeu canapé » que nous évoquions plus haut a d'ailleurs poussé Quantic à fournir une application mobile et tablette (Beyond Touch) qui nous offre la possibilité de jouer Aiden. Malheureusement, cet ajout n'est pas essentiel et remplace juste la pression du bouton triangle et le passage de manette. Pas de multijoueur simultané en somme, dommage.
En plus de ça, la trame nous laisse un arrière-goût de melting-pot des genres, allant du 6ème sens au film d'action en passant par le paranormal et le film romantique. Un mix que certains ont trouvé indigeste. Pour ma part, ce fut une réussite, appréciée sur un grand écran, entouré de joueurs et de non-joueurs avec qui j'ai pu terminer l'aventure dans de bonnes conditions. Avec ses superbes séquences et sa musique signée Lorne Balfe et Hans Zimmer (tous deux arrivés après le décès de l'excellent Normand Corbeil qui avait signé la BO d'Heavy Rain), nous sommes plus que jamais dans une "aventure interactive", une impression renforcée par les points cités plus haut. Elle est au final très agréable pour une première partie, mais vite décevante lorsque l'on tente d'explorer les limites du game design. Le néophyte vidéoludique sera sûrement séduit par la formule, mais l’aficionado attendant un Heavy Rain 2 se sentira forcément un peu floué à l'arrivée.
Toutefois, le titre a réussi à trouver son public, avec le cap du million d'unités vendues atteint en janvier 2014, trois mois après sa sortie. Conscient que la formule Quantic Dream, dans sa version la plus simplifiée, ne plaît pas forcément à tout le monde, Cage et son studio doivent désormais aller de l'avant et proposer un concept innovant et marquant. Le prochain titre du studio est logiquement prévu pour la PlayStation 4 et devrait bénéficier d'un visuel toujours plus saisissant. Espérons que le gameplay soit au rendez-vous !