Après la fondation d'Infinity Ward, les anciens de 2015 commencent le développement de Call of Duty sous la houlette d'Activision, qui possède alors 30% des parts du nouveau studio. Notez que quand l'éditeur fait sa première annonce en avril 2003, il parle déjà de « brand » (marque). Dès le départ, CoD est donc prévu pour être non pas un jeu mais une série ! C'est dire si ses géniteurs croient fort en son potentiel. Il faut avouer qu'ils ne prennent pas grand risque puisqu'ils réutilisent la recette de Medal of Honor, à savoir un FPS militaire scripté situé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le premier Call of Duty ne doit cependant pas être résumé comme un simple clone de Medal of Honor. Le jeu possède plusieurs différences avec son ancêtre, la principale étant les multiples points de vue narratifs, une caractéristique qui deviendra emblématique de la saga. En effet, alors que MoH se contentait de nous faire incarner un unique personnage, Call of Duty en propose pas moins de trois. Cette astuce permet de varier davantage les environnements, puisque chaque héros a droit à sa propre campagne. On suit ainsi le soldat américain depuis la Normandie jusqu'aux Ardennes, tandis que son homologue britannique va jusqu'en Norvège. Quant à la campagne soviétique, elle se termine par la prise du Reichstag dans un Berlin en ruines.
La campagne solo propose de nombreux morceaux de bravoure, comme la bataille de Stalingrad. Renvoyant au débarquement de MoH, cette mission commence sur une barge traversant la Volga sous le feu allemand. Les gradés soviétiques hurlent leur propagande, promettant d'abattre les fuyards. Une fois sur la berge, les soldats se voient remettre un fusil pour deux faute de stock ! Evidemment, c'est votre personnage qui se retrouve à poil ; il doit donc attendre qu'un camarade meure pour lui prendre son arme... Le tout sous un déluge de tirs.
Sorti fin octobre 2003 aux USA, et quelques jours plus tard en Europe, Call of Duty est très bien accueilli par la presse et les joueurs. Ils louent sa mise en scène spectaculaire et même ses graphismes, qui, sans être ahurissants, sont alors très propres et conformes aux standards de l'époque (le jeu utilise une version modifiée du moteur de Quake III). Le pari est donc gagné pour Activision, qui annonce dans la foulée l'achat des 70% restants d'Infinity Ward. Cette réussite ne doit toutefois pas occulter deux défauts qui deviendront les vieux démons de la série : une IA pas franchement au top (alliée comme ennemie), et une durée de vie rachitique en solo. La campagne peut se plier en six heures...
Ce dernier point est heureusement compensé par le multijoueur. Celui-ci n'est pas vraiment innovant, s'appuyant sur les bases de Counter-Strike, avec notamment un mode Search & Destroy similaire au Defuse de CS, en plus des classiques Deathmatch et TDM. On est loin de Battlefield 1942, qui a révolutionné le genre du FPS multi l'année précédente, mais ça reste fun et efficace. Et il y a tout de même une petite originalité : Call of Duty est le premier FPS à implémenter la fameuse « kill cam », qui permet de voir les 5 dernières secondes du joueur vous ayant tué.
Enfin, si le CoD original était sorti en exclusivité sur PC et Mac, il a finalement eu droit a une version console en 2009 : Call of Duty Classic, un remake HD paru en téléchargement sur Xbox 360 et PlayStation 3.