Modern Warfare constitue un tournant dans l'histoire de la série. Pas seulement car c'est le premier Call of Duty à sortir du contexte de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi car il s'agit de l'épisode unificateur, qui réunit les branches PC et consoles. A partir de CoD 4, toutes les machines auront droit au même jeu, à quelques menues différences près (on fait ici abstraction des versions portables, qui seront traitées séparément). Même si les principes de rotation des studios et de sortie annuelle ont été mis en place auparavant, Modern Warfare marque le début d'une rationalisation à outrance du processus de production des Call of Duty. Une rationalisation dont finira par souffrir l'aspect créatif, et qui n'est sans doute pas étrangère aux secousses qui agiteront la relation entre Activision et Infinity Ward...
Mais restons concentrés sur le jeu pour l'instant. Comme son nom l'indique, Modern Warfare laisse tomber la Seconde Guerre mondiale au profit d'un univers contemporain. Un choix qu'Infinity Ward a eu un mal fou à vendre à Activision, selon son cofondateur Vince Zampella. D'après ses déclarations, le studio désirait changer de contexte historique dès Call of Duty 2, mais l'éditeur ne voulait pas en entendre parler. IW a fini par obtenir gain de cause pour le quatrième épisode, et on ne peut que s'en féliciter : il s'agit sans doute du meilleur. Libérés des contraintes imposées par l'Histoire, les développeurs se sont lâchés en multipliant les scènes mémorables : guérilla urbaine au Moyen-Orient, attaque d'un silo nucléaire en Russie... Même l'habituelle séquence de rail-shooting est réussie, mettant le joueur dans la peau du canonnier d'un AC-130. Le must reste ce flashback où l'on dirige le lieutenant Price : une mission de snipe qui vire au cauchemar dans les ruines de Pripyat. Même s'il est dramatiquement court (5 heures), le solo de Modern Warfare est une réussite totale.
Côté multi, le jeu est aussi une franche réussite. Si les modes de jeu restent relativement classiques, le gameplay profite de plusieurs nouveautés, qui deviendront par la suite des standards de la série. La plus notable est sans doute les killstreaks, ces bonus octroyés aux joueurs enchaînant les frags sans mourir. Après 3 victimes, on peut ainsi déployer un drone pour scanner la position des ennemis. A 5 kills, on peut commander un raid aérien, tandis qu'à 7 c'est carrément un hélicoptère qui viendra en soutien ! Une autre nouveauté est les perks, des avantages qui permettent à chacun de personnaliser sa classe : temps de rechargement réduit, sprint plus efficace... Certains perks doivent être débloqués en montant en grade, le jeu proposant un système d'expérience persistante.
Modern Warfare marque aussi l'apparition du mode Hardcore, qui se veut plus réaliste. Le HUD est épuré et le friendly fire activé, tandis que les joueurs se retrouvent avec 30 misérables points de vie. Le multi a eu droit à un unique map pack, qui marque la fin de l'exclusivité Microsoft (les packs de CoD 3, comme ceux du 2, étaient sortis uniquement sur 360). Notez qu'Activision n'ose pas encore vendre ce DLC aux joueurs PC, qui en profitent donc à l'œil par le biais d'un simple patch. Les choses changeront deux ans plus tard...
Enfin, signalons que le jeu a connu un tardif portage Wii, paru fin 2009, soit en même temps que Modern Warfare 2 qui, pour sa part, n'est pas sorti sur la console. Elle avait pourtant eu droit à World at War en 2008, et Modern Warfare 3 y fera aussi une apparition. Allez comprendre. Les principales différences de cette « édition réflexes » sont des graphismes moins fins et un embryon de mode coopératif : un second joueur peut assister le premier en dégommant des ennemis à la Wiimote, sans pour autant diriger son propre personnage.