Ce qui ternit l'éclat de Silmeria, c'est avant tout la disparition de certaines composantes narratives essentielles à la mise en place de cet univers empreint de mythes nordiques. L'abandon de ces fameuses séquences dédiées à l'analyse du passé des Einherjar, ces héros choisis par les Valkyries pour assurer la défense du royaume d'Odin, porte un coup terrible à cette pauvre Silmeria qui ne méritait pas un tel châtiment. A croire que les développeurs ont réussi à oublier que toute l'immersion et la richesse scénaristique de Lenneth résidaient bel et bien dans ce traitement audacieux du background des personnages auxquels on nous force à nous attacher pour mieux nous en séparer par la suite. Dans Silmeria, le recrutement des Einherjar n'est plus qu'une formalité qui implique simplement la matérialisation de ces héros déchus à partir d'une arme plantée dans le sol et trouvée au hasard d'un donjon.
[VIDEO 0 INTROUVABLE]
Leur rencontre survient donc aussi peu élégamment que l'ouverture d'un coffre piégé et ne génère guère plus d'émotion. Et si vous ne prenez pas la peine de fouiller dans le sous-écran pour découvrir les bribes de leur histoire et savoir à quoi ils ressemblent, vous finirez même par oublier complètement quels sont les membres de votre vaste clan.
[VIDEO 0 INTROUVABLE]
Car même si l'enrôlement de ces braves guerriers est un passage obligé de la saga, son exploitation se traduit finalement assez mal dans Silmeria où l'on peut difficilement se permettre de modifier son groupe entre chaque donjon. Outre le problème de la répartition de l'expérience, c'est surtout le système d'apprentissage des compétences qui deviendrait totalement ingérable si l'on voulait mettre tous ses personnages à niveau.
[VIDEO 0 INTROUVABLE]
Concrètement, cet apprentissage passe par un damier propre à chaque protagoniste, sur lequel on va placer des runes relatives à chaque pièce d'équipement portée. Toute la complexité du système réside dans le fait qu'il faut s'arranger pour faire ressortir un maximum de runes dont la combinaison va permettre au héros d'apprendre une compétence précise, ce qui est certes intéressant mais finit par alourdir un peu trop l'apprentissage de techniques pourtant essentielles au bon déroulement de la progression. Autrement dit, plus question de s'équiper uniquement en fonction des statistiques de telle ou telle armure, mieux vaut perdre en efficacité et se donner l'opportunité d'assimiler une compétence passive qui vous sauvera la mise bien plus souvent par la suite.
[VIDEO 0 INTROUVABLE]
Avec Silmeria, il faut également dire adieu à la notion de périodes au terme desquelles il fallait se séparer de ses plus précieux guerriers. Freya n'est plus là pour nous superviser, et l'aventure prend des airs de simple voyage d'errance entre compagnons de route. La teneur un peu légère du scénario a donc de quoi décevoir les habitués de la série, même si les choses s'arrangent une fois passés les premiers chapitres, et la rencontre avec des figures emblématiques comme Arngrim ou Lezard Valeth permet de garder intact le lien narratif entre les deux opus. En contrepartie, le joueur aura tendance à conserver dans son équipe ces personnages charismatiques qui jouent un rôle dans le scénario plutôt que des Einherjar quasiment anonymes dont on ne connaît le passif que grâce aux résumés textuels qui nous les présentent et qui tiennent sur un post-it.
[VIDEO 0 INTROUVABLE]
On pardonne donc difficilement à tri-Ace d'avoir laissé tomber tout ce qui faisait l'émotion du premier volet en refusant de s'attarder sur l'histoire des Einherjar qui se retrouvent totalement dépourvus de personnalité, et ce au détriment de l'efficacité du scénario et de l'immersion dans l'univers du jeu. Par ailleurs, il faut attendre plus de 25 heures avant que le périple entre compagnons de route ne prenne vraiment des allures de quête...