Sorti en 1986, ce jeu basé sur les règles de Donjons & Dragons est réalisé sur Apple II, en trois ans, par Jon Van Caneghem, qui le distribue tout d’abord par ses propres moyens, le plus souvent sous le manteau, avant de fonder New World Computing et de signer un contrat d'édition avec Activision.
Dans cet épisode, vous êtes embauché par le Roi Alamar (Sheltem) pour découvrir le Secret du Sanctuaire Intérieur du monde de VARN, une vaste supercherie qu’un mystérieux individu du nom de Corak va vous aider à démasquer.
L'univers qui nous est proposé est gigantesque et varié, c'est la marque de fabrique de la saga, l'exploration est libre et propose d'immenses parties en extérieur. Le jeu se joue à la première personne et apporte un lot d'innovations majeures comme les "spell points" (points de mana) permettant de disposer à loisir des sorts de ses personnages, a contrario des autres titres de l’époque qui ne proposaient qu’un nombre de sorts journaliers.
Le système de jeu est fluide, notamment grâce à un moteur graphique simplifié, et la gestion de la magie est bien pensée, bref le jeu comporte de nombreux atouts pour se démarquer de ses concurrents. Cependant, c'est un premier jeu créé par une seule personne et il comporte forcément un grand nombre de bugs et d'imperfections. La carte du monde est trop vaste et l’absence de boussole ou de plan vous impose de tracer vos trajets sur papier. Les monstres réapparaissent si vous sortez d’un donjon, ce qui vous oblige à les finir en une seule fois, les rencontres aléatoires sont mal dosées, les combats sont enfantins, on ne sait pas vraiment comment évoluent nos personnages à moins de retourner voir un instructeur en ville, le tout est très mal équilibré. Il n’en demeure pas moins que la prouesse est remarquable.
Vous incarnez une équipe de six héros et avez le choix entre 5 races, 6 classes, 7 caractéristiques vitales, 3 alignements, et 94 sorts répartis en deux classes de 7 niveaux chacune, réservées aux Sorciers et aux Clercs. La partie se joue en tour par tour, à la manière d’un dungeon crawler, dans un environnement immense et ouvert. Cependant rien n’est réellement prévu pour les voyages rapides, en dehors de quelques téléporteurs difficiles d’accès, ce qui impose de repasser souvent aux mêmes endroits, une progression lente et laborieuse quand on connaît l’étendue de la surface à couvrir. C'est en définitive un jeu difficile et extrêmement long, si on survit à l’armée de bugs en tous genres qui nous attendent au tournant.
L’histoire est intéressante à suivre même si elle est uniquement en anglais et en mode texte, n’oublions pas que le jeu est sorti en 1986 et qu’à cette époque les machines affichaient un grand maximum de 16 couleurs à l’écran. Le jeu a été entièrement écrit par un seul homme, on peut donc lui pardonner ces quelques défauts qui ne rebuteront pas le vrai puriste.