Entre 2003 (sortie de Rayman 3) et 2011 (sortie de Rayman Origins), on aurait tort de penser que la licence avait simplement été oubliée au fond d'un placard. Il faut en effet se rappeler que c'est durant ce break que sont nés les Lapins Crétins, des bestioles envahissantes directement liées à Rayman. D'une certaine manière, la série Rayman était donc encore en vie à travers les Lapins, quand bien même les apparitions directes du héros se faisaient plutôt rares. En réalité, Rayman n'aura finalement sponsorisé que les trois premiers jeux Lapins Crétins avant que la série ne décolle de ses propres… oreilles. Le vrai quatrième épisode de Rayman est donc Rayman Origins, arrivé en 2011 sur PS3, Xbox 360 et Wii. Les versions PC, 3DS et Vita sont quant à elles sorties l'année suivante.
Revenu s'occuper pleinement de Rayman, Michel Ancel souhaite redonner ses lettres de noblesse à son héros, désormais effacé par les lapins idiots. L'annonce de Rayman Origins s'est faite en deux temps. Lorsque Ubisoft a dévoilé le jeu pour la première fois, il s'agissait aussi d'illustrer ce qu'il était possible de faire avec l'outil de création UbiArt Framework. Qualifié comme très simple d'utilisation, l'UbiArt Framework accorde une place prépondérante aux artistes en leur permettant d'intégrer directement et facilement leurs créations. Ubisoft annonce ainsi que seules 5 personnes travaillent initialement sur Rayman Origins et que le titre sera distribué en téléchargement au format épisodique. L'équipe sera toutefois amenée à grossir alors que le jeu prendra de l'ampleur. Les plans sont revus, Rayman Origins sortira en boîte et en un seul morceau.
Rayman Origins porte parfaitement son nom puisque ce volet revient aux sources de la série. Après deux épisodes en 3D, c'est un jeu de plates-formes en 2D qui arrive, certainement inspiré par les succès des jeux New Super Mario Bros. Wii. A l'instar de ces derniers, le choix est aussi fait de laisser jusqu'à quatre joueurs s'amuser en même temps dans une foultitude de niveaux minutieusement calibrés pour offrir un challenge adapté à tous. S'il est possible de courir à toute vitesse dans les niveaux pour les traverser sans trop se poser de questions, le jeu gagne en profondeur lorsque le ou les joueurs se mettent en tête de collecter le plus de Lums possible pour débloquer des versions Contre la Montre de chaque zone. Le défi est de taille puisque, comme le tout premier volet, Rayman et ses amis redeviennent vulnérables au moindre contact ennemi. Il est cependant possible de trouver des cœurs qui officient alors comme des protections. Le cœur se brise toutefois si le personnage est touché. A plusieurs, un héros ne meurt pas immédiatement mais se transforme en bulle. Les autres joueurs peuvent alors éclater la bulle pour ramener à la vie leur camarade. C'est toutefois le game over assuré si tous les joueurs se retrouvent embullés en même temps.
Contrairement aux précédents jeux Rayman, le scénario passe ici clairement au second plan. Pour la petite histoire, il s'agit d'une dispute de voisinage entre le monde des morts et celui des vivants. Les premiers reprochent simplement aux seconds de faire trop bruit... Bref, on oublie rapidement le script pour se lancer directement dans le jeu sachant qu'il sera de toute manière toujours question de sauver le monde en délivrant au passage des Electoons. Sans réelle histoire, Rayman Origins se construit plus comme une succession de niveaux distincts que comme une grande aventure construite en amont. Loin d'être un problème, cela permet de mettre en valeur un gameplay toujours très fun.
L'ensemble du champ lexical du jeu de plates-formes est alors exploité à mesure que Rayman retrouve ses pouvoirs. On enchaîne donc des phases de sauts acrobatiques, des niveaux aquatiques, d'autres plus aériens, des courses-poursuites millimétrées où les réflexes sont rois, et on assiste même au retour des niveaux "shoot'em up" à dos de moustique absents depuis le premier épisode en 1995.
Sans aucun temps mort dans la progression, Rayman Origins multiplie les ambiances à travers des niveaux qui nous font explorer la forêt, les fonds marins, la banquise, des cimes enneigées, des cuisines mexicaines fort épicées ou même les entrailles d'une bestiole peu recommandable. Quelques combats de boss sont comme toujours au programme pour compléter un jeu réellement bien fourni et qui marque un retour en très grande forme du héros démembré !