Le studio leader
Avec près de 2.400 employés (55 nationalités dont 85 % de Canadiens et 15 % d’expatriés comprenant beaucoup de Français), Ubisoft Montréal est réparti sur cinq sites, dont une ancienne usine de textile bâtie dans les années 1900 et un studio de Motion Capture, pour un total comptabilisant près de 50.000 m2. Montréal représente le plus important studio d’Ubisoft. « Aujourd’hui, le studio Ubisoft Montréal, en partenariat avec les autres studios qui nous supportent, est en mesure de mener de front, avec toutes les complexités que cela implique, la production d’un Watch Dogs, d’un Far Cry et d’un Assassin's Creed. Ce qui représente un « achievement » humain, technologique et créatif que personne ne fait dans l’industrie » remarque Cédric Orvoine, vice-président des ressources humaines et de la communication chez Ubisoft.
Mais pourquoi avoir ouvert un studio en 1997 à Montréal plutôt qu’ailleurs ? « En plus du contexte de l’époque où le gouvernement canadien voulait développer le domaine du multimédia, existait déjà à Montréal un bassin de connaissances avec les sociétés Soft Image et Discreet Logic qui ont inventé les logiciels de modélisation et d’animation 2D et 3D, aujourd’hui utilisés dans l’industrie du film, du jeu vidéo ou encore de l’animation » précise Cédric. « Montréal représentait aussi un potentiel de croissance intéressant pour Ubisoft dans la mesure où on y trouve quatre universités où recruter et former des gens afin de développer l’industrie du jeu vidéo. Enfin, Montréal représentait en quelque sorte un pont francophone très créatif dans une Amérique essentiellement anglophone ».
Mais l’étape la plus importante dans le développement du studio fut sans conteste l’année 2000, comme l’indique Cédric : « En 2000, le groupe Ubisoft a fait l’acquisition du studio Red Storm aux USA, ce qui nous a donné accès pour la première fois au moteur Unreal. Cela a constitué pour nous la possibilité, d’un point de vue technologique, d’entrer dans la cour des grands ». Inutile de préciser que, depuis, le studio a su prendre une place incontournable sur le marché du jeu vidéo. D’ailleurs, 30 % de la main-d’œuvre en jeu vidéo au Québec travaille pour Ubisoft !
Un passé vidéoludique prestigieux
Pas moins de 79 jeux ont été développés par Ubisoft Montréal, dont tout au début des jeux destinés aux enfants (Donald Duck Goin’Quackers, Tonic Trouble…) et même des softs adaptés des figurines Playmobil (Alex à la ferme…). On trouve d’ailleurs encore d’énormes figurines Playmobil dans les locaux et la tradition veut d’ailleurs que tout nouvel arrivant embrasse la tête d’une de ces énormes figurines. En 2000, le studio achète les droits de la marque Tom Clancy et une année plus tard sort Tom Clancy’s Rainbow Six Rogue Spear Black Thorn.
Mais c’est le tout premier Splinter Cell en 2002 qui représente incontestablement LE moment clé dans l’histoire du studio. Puisqu’outre le succès commercial (près de 6 millions de copies vendues toutes plates-formes confondues – source VGChartz), le titre a vraiment confirmé le potentiel créatif et technologique de l’équipe de Montréal. Ensuite, en 2003, le studio a enchaîné sur un autre succès avec Tom Clancy’s Rainbow Six 3 (la première fois que Rainbow Six déboulait sur consoles), puis quelques mois plus tard Prince of Persia : The Sands of Time, nouveau hit au box-office vidéoludique. Les succès s’enchaînent ensuite avec, dans le désordre, Prince of Persia Warrior Within, Rainbow Six Black Arrow puis, en 2005, Splinter Cell Chaos Theory ou encore Prince of Persia The Two Thrones.
C’est en 2007, avec Assassin's Creed, que le studio connaît le même impact qu’avec Splinter Cell. Les séries Rainbow Six, Far Cry, Prince of Persia et Assassin’s Creed continuent alors chacune leur important bonhomme de chemin jusqu’à l’année dernière où Ubisoft Montréal sort coup sur coup, à quelques mois près, deux énormes blockbusters avec Far Cry 3 et Assassin's Creed III. Ce dernier devient même le jeu le plus vite vendu de la société avec presque 7 millions de copies en un seul mois. Ubisoft Montréal demeure le studio leader sur Assassin's Creed IV et c’est à son équipe (dont le game director Ashraf Ismail) qu’appartient toujours la décision finale. Le studio s’occupe de la majeure partie de l’aventure solo de Black Flag, excepté l’aspect maritime laissé au studio de Singapour.