Un épilogue bâclé, une honte pour BioWare d’avoir ainsi maltraité la fin de sa saga épique. Contrôle / Synthèse / Destruction, on s’est tous posés la question de savoir comment l’histoire de Mass Effect se terminerait. Et ce choix n’est pas une simple étape dans l’aventure, c’est la dernière. L’ultime réponse à donner pour entériner le sort d’un monde, d’un jeu, d’une épopée qui nous aura portés pendant de longues années. Il ne s’agit pas simplement d’une histoire d’amour, mais d’une tranche de vie qui est en passe de se refermer. Cette histoire que l’on a façonnée de ses mains, au prix parfois trop cher tant certains sacrifices ont pu paraître cruels, une odyssée qui a vu couler le sang d’innocents va se terminer. Les sentiments ressentis n’ont rien d’égal avec ce que l’on a pu vivre à travers d’autres jeux. Mass Effect n’a pas voulu emprunter le chemin du manichéisme facile, où la distinction entre bien et mal est trop évidente, pour être ignoré. Mass Effect s’est écrit en reflétant la personnalité de chacun de nous, et c’est ce qui le rend unique. Dès lors, comment peut-on supposer que la fin du jeu puisse se terminer ainsi ? Comment BioWare peut nous laisser entendre que tous les choix que nous avons faits depuis le début ne riment finalement pas à grand-chose, que Shepard, notre compagnon de route, notre alter ego, va devoir se sacrifier (le seul moyen de le faire survivre est de choisir la destruction des races synthétiques et obtenir une force militaire conséquente). Aussi attristant que cela puisse paraître, ces trois choix qui se dressent devant lui sont finalement dans la logique du jeu. Le bien et le mal ne se distinguent pas, préférant danser main dans la main à travers des choix cornéliens qui nous ont suivis tout au long de l’histoire. Alors oui, les développeurs auraient pu offrir une fin heureuse, mais pour quelle satisfaction ? Celle de voir un Shepard hissé au rang de héros national, avec une statue érigée à son effigie et un poste de président au sein du Conseil ? Trop banal, même si beaucoup d’entre nous aurions apprécié ce genre de dénouement, il n’en demeure pas moins assez classique et trop « happy end ».
Mass Effect n’est pas Independance Day. Un héros, un véritable héros, c’est celui qui n’hésitera pas à se sacrifier pour la survie des autres. En réalité, ce n’est pas tant le sacrifice de Shepard qui choque, c’est surtout de ne pas avoir le choix, et ce goût amer insistant quant à l’inutilité des décisions prises ultérieurement. Une tendance qui va à l’encontre de ce qu’a déclaré Drew Karpyshyn affirmant que « le joueur doit avoir l’impression d’avoir servi à quelque chose, d’avoir changé le monde qui l’entoure par ses actions et ses choix ». Ce libre arbitre totalement bafoué dans l’épilogue n’est malheureusement pas la seule erreur que commettra BioWare. Que dire de cette fin expédiée en quelques minutes ? Comment peut-on, après avoir passé une centaine d’heures sur la Citadelle et ses environs, nous renvoyer dans la réalité en nous balançant une cinématique de deux minutes et des questions restées en suspens ? Qui a créé le catalyseur ? Qui est réellement ce gamin qui prétend avoir conçu les Moissonneurs pour soi-disant mettre un terme au conflit entre organiques et synthétiques ? Pourquoi soudainement faire passer les Moissonneurs pour les sauveurs des races existantes alors qu’ils les exterminent ? Quelle est cette planète où le Normandy se pose ? Comment BioWare a-t-il pu fabriquer un jeu débordant de superlatifs pour tomber dans la facilité et une telle médiocrité finale ? Face à ces incohérences scénaristiques, et au manque de détails de la fin de Mass Effect 3, les fans ont lancé une pétition « obligeant » le studio à donner plus d’informations et retravailler sa sortie. « Final Enrichi », le DLC ultime était donc censé apporter son lot de révélations, d’ajustements et d’éclaircissements, ainsi qu’une « vraie fin » avec son bagage d’émotions et tutti quanti. Résultat, une fin supplémentaire apparaît, celle de refuser les trois premières et laisser les Moissonneurs continuer leur carnage, autrement dit, finir la saga sur un statu quo. Mouais. Quant aux fins connues (destruction, contrôle, synthèse), BioWare les enrichira par des séquences plus étoffées et les conséquences que chacune d’elles entraîneront.
Comme un hommage à ces compagnons de route, des scènes dévoileront le combat des Krogans, Quariennes et autres races, luttant une dernière fois contre les Moissonneurs sur leur planète respective. Plus qu’une révolution, ce DLC s’apparente plus à une berceuse que l’on chante à un enfant pour s’endormir. Une manière de calmer les fans, encore crispés par l’abrupt épilogue de ME3. Entendus, ils ont été écoutés. Et c’est ce que l’on retiendra au final.