C’est au Canadien Drew Karpyshyn que l’on doit Mass Effect qui, au départ rappelons-le, devait s’appeler sobrement SFX. En 2005, cet auteur-scénariste, déjà à l’origine de Jade Empire et de Star Wars : Knights of the Old Republic, travaille sur un projet pour BioWare, une histoire SF qu’il veut différente des modèles existants. Loin des clivages entre ethnies se déchirant dans des affrontements atroces, l’écrivain souhaite explorer les méandres de la race humaine et dessiner son futur proche. Plutôt que placer l’homme dans un rôle de colonialiste trop souvent emprunté, la vision de Karpyshyn imagine un monde où la Terre ne serait qu’une petite région de l’univers et l’homme, un citoyen de la galaxie. Soucieux de rester fidèle à l’histoire de l’humanité et d’offrir une dimension sociologique à Mass Effect, l’auteur n’a pas hésité à insuffler des phénomènes que notre société a conçus, que ce soit l’esclavage ou la xénophobie, obligeant le joueur à prendre des décisions qui auront une incidence parfois capitale sur la suite des événements.
Que ce soit à l’échelle raciale ou plus personnelle, Shepard, le soldat que le joueur incarne dans cette aventure intergalactique, aura ainsi la possibilité d’écrire sa propre histoire tout en dessinant les contours du scénario en temps réel. Vœu cher à Karpyshyn, le thème de la moralité est omniprésent dans la série. Il voulait absolument que Mass Effect mette le joueur devant des choix parfois évidents, parfois cornéliens : « Est-ce une bonne chose de faire ceci pour de mauvaises raisons ou est-ce une mauvaise chose de faire cela pour de bonnes raisons ? Est-ce vraiment justifié ? C’est cette voie que nous avons tenté d’explorer avec ces réponses multiples. Le joueur doit décider seul de la manière dont il doit résoudre telle ou telle situation et d’en assumer les conséquences ». Ainsi, chaque joueur vivra une expérience quasi unique grâce aux innombrables arborescences. Un scénario fouillé et travaillé, fabuleusement mis en scène par BioWare, qui fait de la trilogie Mass Effect le plus remarquable space opera sur consoles. Et de Shepard, le héros unique d’un casting de personnages inoubliables.