On appelle addiction une situation de dépendance vis-à-vis d'une substance ou d'une pratique entraînant une conduite compulsive de nature pathologique et une aliénation de la liberté individuelle. Désignant exclusivement les diverses toxicomanies vers 1950, la notion d'addiction s'est étendue à d'autres catégories cliniques présentant des similitudes comportementales dans les années 90. Outre d'addiction à telle ou telle substance psychoactive, on parle donc désormais d'addiction au sexe, au risque ou à Internet (la cyberaddiction) même si certains spécialistes ne sont pas encore tous d'accord sur l'utilisation de ce terme fortement connoté dans les pays anglo-saxons. C'est peut-être aussi son utilisation abusive dans le langage courant qui explique qu'il a prudemment été retiré de la quatrième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders au profit du terme "dépendance".
Selon le psychiatre et psychanalyste A.Goodman, qui a mené de nombreux travaux largement reconnus sur cette question aux Etats-Unis, une addiction est une condition selon laquelle un comportement susceptible de donner du plaisir et de soulager des affects pénibles est utilisé d'une manière donnant lieu à deux symptômes-clés :
1) échec répété de contrôler ce comportement
2) poursuite de ce comportement malgré ses conséquences négatives
En 1990, A.Goodman a également défini les critères du trouble addictif dans le British Journal of Addiction :
a) impossibilité de résister à l'impulsion d'initier le comportement spécifique
b) tension croissante avant d'engager le comportement
c) plaisir ou soulagement au moment du passage à l'acte
d) perte de contrôle au cours du comportement
e) au moins cinq items dans la liste suivante :
- préoccupation fréquente pour le comportement ou sa préparation
- durée du comportement plus longue que celle envisagée
- efforts répétés pour réduire, contrôler ou arrêter le comportement
- importante perte de temps à préparer le comportement, à le réaliser ou à récupérer de ses effets
- comportement empiétant régulièrement sur les obligations académiques, domestiques ou sociales
- activités occupationelles, sociales ou de loisir abandonnées au profit du comportement
- poursuite du comportement malgré la connaissance des problèmes qu'il engendre
- besoin d'augmenter l'intensité ou la fréquence du comportement pour ressentir l'effet désiré ou l'effet diminué si le comportement est poursuivi avec la même intensité
- agitation ou irritabilité si le comportement ne peut être poursuivi
f) persistance des critères durant au moins un mois