Contrairement à une idée reçue, les joueurs dépendants aux jeux vidéo sont relativement rares. Les estimations varient beaucoup en fonction des critères utilisés mais elles ne dépassent généralement pas 1 à 9 % seulement de la population totale des joueurs sauf dans le cas spécifique des joueurs de MMORPG où ce pourcentage peut grimper jusqu'à 27,5 % comme dans l'étude sur World of Warcraft menée par l'INSERM en 2011. L'addiction au jeu vidéo touche encore une majorité d'adolescents et de jeunes adultes de sexe masculin mais tous les publics sont concernés. Bien que les études à ce sujet ne soient pas encore suffisamment nombreuses pour l'affirmer catégoriquement, il semble bien que les joueurs dépendants présentent des traits de personnalité communs évoqués par Laurence Kern dans "La dépendance aux jeux vidéo et à Internet" :
- Introversion : il existe un rapport significatif entre l'addiction aux jeux vidéo et l'introversion. Pour S.Schmit, "les joueurs dépendants, comparés aux non-dépendants, apparaissent comme ayant peu de relations sociales ou appartenant à un milieu social dont la qualité perçue est plutôt faible, notamment concernant les relations familiales. De plus, ces joueurs ont un sentiment de solitude plus important". Idem pour Chak et Leung qui établissent en 2004 un lien entre la timidité et la dépendance aux jeux vidéo. Et même si les joueurs addict aux jeux en ligne communiquent fréquemment entre eux par écrit ou à l'aide d'un micro durant leurs parties, ils ont beaucoup plus de mal à aller vers les autres dans le monde réel.
- Fragilité psychologique : Peters et Malesky ont établi en 2008 une relation significative entre la dépendance aux jeux vidéo et le pessimisme, l'anxiété, la culpabilité et les vulnérabilités psychiques en général. Le joueur qui sombre dans l'addiction a souvent des difficultés d'adaptation et des idées erronées sur le monde comme sur lui-même. Il a tendance à ressentir la réalité comme menaçante et à douter de ses capacités personnelles. En 2010, Charlton et Danforth soulignent aussi une corrélation entre dépendance aux jeux vidéo et instabilité émotionnelle.
- Démotivation : En raison de leur pessimisme et de leur manque de confiance en elles, les personnes vulnérables à l'addiction aux jeux vidéo se désintéressent des tâches quotidiennes et manquent de persévérance dans le monde réel. Selon Rolland (2004), "elles supportent difficilement les contraintes et l'absence de récompenses immédiates liées aux objectifs à long terme". Les jeux vidéo, justement, leur offrent l'occasion inespérée d'obtenir des gratifications à court terme sans forcément avoir à fournir beaucoup d'efforts.
- Egocentrisme : il semblerait d'après les études de Peters et Malesky, ou de Charlton et Danforth, que les personnes dépendantes au jeu vidéo ont tendance à être plus égocentriques, sceptiques et compétitives que les autres. Repliées sur elles-mêmes, habituées à se battre pour gagner, elles manqueraient d'empathie et de bienveillance. Cela ne signifie pas que ces personnes sont plus agressives ou plus méchantes que les autres mais cela suggère une plus grande méfiance vis-à-vis d'autrui et une préoccupation accrue pour leur propre condition.