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Page Dossier Le naufrage
Le naufrage

A partir de 2011, la situation financière du groupe GAME devient très délicate. Ses pertes totales se chiffrent à près de 60 millions d'euros, soit le double des pertes de l'année précédente.

Le naufrage
Début 2012, des rumeurs de fermetures de magasins en Europe commencent à circuler au sein de la société. La direction s'empresse de les démentir sans parvenir toutefois à rassurer les salariés qui sentent bien que les conséquences de ce bilan désastreux ne se feront plus attendre bien longtemps. Malheureusement, leurs craintes étaient fondées puisque fin février 2012, GAME UK est officiellement déclaré en faillite. Le fonds d'investissement OpCapita éponge 100 millions d'euros de dettes et rachète les 200 magasins anglais encore rentables sur les 400 existants.

Le naufrage
Peu après, GAME France devient autonome, GAME Australie est mis en vente et GAME Espagne est racheté par Gamestop. Dès lors, les salariés français savent qu'ils seront les prochains sur la liste : "Nous avons compris que le destin de GAME France était scellé lorsque GAME UK a été déclaré en faillite et que nous sommes devenus autonomes. A partir de ce moment-là, il était évident que nous allions au-devant de graves difficultés". Effectivement, courant août, 15 boutiques particulièrement déficitaires ferment en province à Nancy, Amiens, Reims, etc. La direction se veut rassurante et demande aux employés de ne pas s'inquiéter mais elle communique peu et certains d'entre eux, comme cette vendeuse anonyme, vivent très mal leur isolement et le manque de communication du siège : "L'été en France fut long et nous étions seuls en magasins, sans clients, ni collègues, pour nous lamenter". Beaucoup d'entre eux démissionnent.

Le naufrage
En septembre 2012, GAME France est placé en redressement judiciaire pour une durée de 6 mois. Steve Mason, le directeur de GAME France déclare à la presse : "Notre secteur a connu de grands bouleversements ces dernières années. Dans un contexte très concurrentiel, GAME France fait le choix de prendre des mesures fortes pour ajuster son modèle économique et sa stratégie multi-canal, afin de mieux répondre aux attentes de ses clients. La mise sous redressement judiciaire est une mesure technique qui permet de protéger notre société pendant cette période de transition et de mettre en œuvre notre plan de retournement opérationnel dans de bonnes conditions. Notre objectif est de maintenir notre position d'acteur de référence sur le marché français de la distribution de jeux vidéo et assurer l'avenir pérenne de notre groupe en France. Nous remercions nos clients et nos fournisseurs pour leur fidélité et leur confiance en GAME France.". Dans les mois qui viennent, de nouvelles fermetures de magasins sont annoncées. On parle de 80 emplois menacés. Le silence assourdissant, que la direction et le Comité d'Entreprise de GAME France justifient par des clauses de confidentialité, accable les employés qui s'estiment abandonnés par leur hiérarchie.

Le naufrage
Après des fêtes de fin d'année très mal vécues par le personnel, à qui l'on demande d'appliquer une remise de 25% sur les jeux et 5% sur les consoles, la direction de GAME France décide unilatéralement d'écouler massivement les stocks des magasins début janvier 2013 en faisant passer cette liquidation pour "des soldes agressifs destinés à contrer la concurrence". Les boutiques sont littéralement dévalisées par la clientèle mais aussi par les concurrents qui auraient été prévenus à l'avance. Les employés sont choqués. Certains évoquent de véritables scènes de pillage que l'un d'entre eux n'hésite pas à comparer à un "viol collectif". Dans la boutique d'Epinal, un incident inattendu s'est produit : deux clients se sont battus pour bénéficier d'une promotion. Malgré les efforts des salariés de GAME France pour alerter les médias, ils n'ont pas réussi à attirer l'attention comme leurs homologues des Virgin Megastore. Lors de la réunion du 14 janvier, le Comité d'Entreprise se montre impuissant à soutenir les salariés, les syndicats baissent les bras et le 19 janvier, l'ensemble des boutiques françaises de l'enseigne ferme définitivement.

En attente de sa mise à disposition et de sa lettre de licenciement, l'employé concerné a décrit une fin triste et écœurante. Il comprend qu'une grande chaîne de magasins puisse déposer le bilan, mais la façon dont cela s'est passé est tellement indigne selon lui qu'il ne souhaite plus à ce jour travailler dans le commerce de jeux vidéo. D'autres témoins anonymes affirment avoir été "bernés", "pris pour des pigeons" et "manipulés" par GAME et ses actionnaires qu'ils accusent de tous les maux. Contactée à plusieurs reprises par nos soins, la direction de GAME France avait dans un premier temps accepté notre proposition d'interview dans le cadre de ce dossier mais ne nous a finalement plus donné signe de vie depuis le 11 février dernier.

Sources images :

  • Photo 1 : images.nonexiste.net
  • Photo 2 : france.inter.fr
  • Photo 3 : lunion.presse.fr
  • Vidéo : youtube.com
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Sommaire Dossier
  • Il était une fois Score-Games
  • Les premières difficultés
  • Le naufrage
  • Les raisons d'un échec
  • Les repreneurs
  • Les boutiques de jeux vidéo ont-elles encore un avenir ?
La vidéo du moment