Si Red Dead Revolver avait séduit, sans plus, ce n'est pas du tout la même affaire pour sa suite spirituelle, qui atteint elle les 13 millions de ventes, et envers qui les louanges de la presse spécialisée sont cosmiques. C'est en 2010 que paraît donc Red Dead Redemption sur Xbox 360 et PS3, suite à un développement long et houleux réalisé par Rockstar San Diego aidé par Rockstar North. Autant le dire dès maintenant : Red Dead Redemption n'a strictement rien à voir avec Red Dead Revolver. Hormis son titre et son contexte qui prend place lui aussi dans l'Ouest américain (avec la frontière mexicaine aussi accessible), Red Dead Redemption est à de telles lieues de son aîné qu'on peut parler de lui comme d'un véritable reboot pour la licence.
Déjà, on a affaire à une ambiance western beaucoup plus sérieuse, plus en retenue, ainsi qu'à une écriture scénaristique bien plus sophistiquée. C'est au début du XXe siècle, alors que des révolutions s'organisent et que l'électricité et les véhicules à moteur se démocratisent doucement dans les villes les plus avancées, que l'histoire de John Marston se déroule. Ce dernier, jadis membre d'un gang de hors-la-loi, a raccroché ses activités peu scrupuleuses depuis maintenant bon nombre d'années, pour fonder une famille et vivre paisiblement en tant que cow-boy gérant de ferme et marchand de bétail. Mais son lourd passé le rattrape, car sa femme et son fils se font kidnapper par les forces de l'ordre, afin de servir de monnaie d'échange pour passer un marché : s'il veut retrouver sa famille, John est forcé de partir en chasse de ses anciens compagnons d'arme, et de les ramener morts ou vifs aux autorités... Plus que jamais dans un jeu Rockstar, l'histoire est véritablement passionnante, les protagonistes secondaires sont hauts en couleur, les dialogues sont finement écrits. Et le personnage de John Marston, en plus d'avoir la classe, tranche largement avec ce qu'on a l'habitude de voir dans les jeux vidéo, car il se trouve être un vrai gentleman qui sait garder une certaine retenue, tout en conservant ses bonnes manières notamment auprès de la gente féminine.
Le plus gros chamboulement par rapport à Red Dead Revolver est sans conteste le fait qu'on ait à présent affaire à un jeu en monde ouvert gigantesque, et surtout très dense car fourmillant d'une multitude de petits détails. Outre les villes dont l'architecture témoigne d'un vrai travail de recherche sur l'époque de la part des développeurs, c'est clairement la nature sauvage qui fait office de terrain de jeu. Canyons arides, marais boueux, forêts enneigées, plaines qui s'étendent à perte de vue, sans oublier le coucher du soleil vers lequel on cavale cheveux au vent... Les environnements de Red Dead Redemption sont vastes, variés et qui plus est rendus sublimes par la grande qualité graphique du jeu et la profondeur de champ à tomber. Jamais jeu ne nous aura procuré tel sentiment de liberté... En plus d'être beaux, les environnements sont immersifs, hébergeant même tout un écosystème crédible. Cette vie sauvage comprend tant une flore que l'on peut cueillir (sauge du désert, camomille sauvage, etc.), qu'une faune que l'on peut chasser (ours, aigle, loup, coyote, serpent, castor, etc.). Il est même possible de capturer des chevaux sauvages grâce à notre lasso ! Se balader dans Red Dead Redemption est donc une expérience hors normes, d'autant que le soin accordé aux sifflements et aux notes discrètes qui constituent la bande-son, nous immerge encore davantage dans un trip à la «Into the Wild».
Au niveau du gameplay, Red Dead Redemption marche sur les pas de GTA 4. Et pour cause, l'exploration et l'accès aux missions s'y font de la même façon, en dépit du fait qu'on soit évidemment en selle plutôt que derrière un volant. La course à cheval (cheval très bien animé au passage) se fait d'ailleurs de manière plutôt fluide, et seule la gestion de sa jauge de fatigue implique une certaine attention de la part du joueur. Les fusillades, quant à elles, exploitent le même système de visée et de couverture que Grand Theft Auto 4 et l'arsenal est on ne peut plus fourni. En outre, le Dead Eye de Red Dead Revolver fait son retour, de même que les duels en un contre un, même s'ils sont rares. Mais c'est avant tout en termes de contenu et de richesse que Red Dead Redemption est impressionnant. Car entre les tonnes de quêtes annexes, les événements aléatoires qui surviennent lors de nos voyages, les défis de chasse et de cueillette, les mini-jeux (lancer de fer à cheval, black-jack, jeu du couteau, etc.) et le job de chasseur de primes (qui nous laisse le choix de capturer les cibles mortes ou vives), il y a vraiment de quoi faire ! Sans oublier le génial multijoueur qui offre des montagnes de modes à découvrir à plusieurs... En somme, bien peu de joueurs ont dû avoir le temps de s'ennuyer avec Red Dead Redemption, la preuve en est qu'on pourrait encore en parler pendant des heures.