Autant dire qu'après un GTA San Andreas qui mettait la barre extrêmement haut en matière de plaisir ludique et d'immensité, GTA 4, annoncé en 2006, était attendu au tournant. Mais Rockstar Games n'est pas n'importe quel studio et il le prouve en 2008 en sortant GTA 4 sur Xbox 360 et PS3, qui ne déçoit pas le moins du monde, bien au contraire (une version PC sort un peu plus tard, elle ajoute notamment la possibilité d'enregistrer des replays in-game). Les critiques à son égard sont dithyrambiques, les 100 millions de dollars qui furent mobilisés pour son développement sont vite amortis par les 20 millions de boîtes vendues, et cet épisode, qui démontre une fois de plus avec brio que la licence n'a de cesse d'être en constante évolution, hausse plus que jamais la série GTA au sommet de sa réputation.
Dans GTA 4, on abandonne les ghettos de Los Santos pour retrouver notre bonne vieille Liberty City inspirée de New York, au sein de laquelle on incarne un certain Niko Bellic durant la fin des années 2000. Cet immigré d'Europe de l'Est, ancien militaire, vient retrouver son cher cousin Roman, avec la promesse de vivre le «rêve américain». Mais hélas, Niko s'apercevra vite que la réalité est bien moins reluisante qu'il le pense... L'histoire de GTA 4 est une des meilleures surprises du jeu. Car pour la première fois dans la saga, le personnage principal est vraiment profond et sa personnalité évolue au fil de l'aventure. Niko Bellic n'est ni tout blanc ni tout noir. Tiraillé par un désir de vengeance qui remonte à fort longtemps, il se retrouve à plusieurs reprises confronté à des dilemmes, l'occasion d'ailleurs pour le joueur d'effectuer lui-même des choix moraux lors de certaines séquences, qui consisteront à tuer ou ne pas tuer l'individu qui est à notre merci.
Mais si GTA 4 est une telle claque, c'est surtout parce que désormais, l'immersion dans la ville de Liberty City est d'une efficacité affolante. Déjà, le nouveau moteur graphique RAGE tire brillamment parti des ressources des consoles HD et permet un rendu visuel plus réaliste que jamais qui compile entre autres des effets de lumière bluffants, des explosions sublimes et une impression de vitesse décuplée lorsqu'on roule à toute allure en voiture. Sans oublier le fait que le jeu est infiniment moins buggé que GTA San Andreas... La ville elle, est littéralement truffée de détails visuels immersifs qui témoignent d'un vrai travail de modélisation effectué par les développeurs. L'avenue «Star Junction» par exemple, qui reproduit en réalité Times Square, est particulièrement scotchante la première fois qu'on y passe. En sus, les animations procédurales (qui évoluent logiquement en fonction de l'environnement) sont tout aussi impressionnantes, et il suffit de regarder Niko sprinter, descendre les escaliers, enjamber un muret ou se mettre à couvert pour s'en apercevoir.
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Outre le moteur graphique, c'est aussi le moteur physique qui atteint un nouveau palier avec Grand Theft Auto 4. Car le transfert de masse, la gestion des amortisseurs et la gestion des dégâts sur les véhicules sont tous proches de la perfection, et font enfin de la conduite d'un GTA un vrai plaisir de précision. Le souci de réalisme aurait pu s'arrêter là, mais il va pourtant encore plus loin, car à côté de ça, GTA 4 s'apparente même presque à un véritable simulateur de vie urbaine. Et pour cause, on peut assister à des one-man-show, manger dans un restaurant, se saouler dans un bar, participer à des courses de rue, téléphoner à tout moment à ses amis pour sortir avec eux au bowling, au billard, aux fléchettes et au club de strip-tease, ou encore se rendre dans un cybercafé pour surfer sur un faux Net et s'inscrire par exemple sur un site de rencontres, ce qui peut éventuellement donner suite à une relation concrète ! En résumé, on ne cesse de découvrir des tonnes de features dans ce GTA 4 qui a en plus le mérite d'apporter tout un tas d'améliorations par rapport aux volets antérieurs (si l'on excepte le fait que les avions aient disparu). En effet, les fusillades sont enfin convaincantes grâce au système de couverture, au même titre que les combats au corps-à-corps déjà augurés dans GTA San Andreas, qui ont eux aussi été revus. De plus, les missions sont mieux mises en scène et plus variées qu'auparavant, et au contenu solo s'ajoute le mode multijoueur très riche, que l'on n'avait pas revu dans un épisode canonique de GTA depuis GTA 2, et qui inaugure d'ailleurs pour l'occasion le fameux «Rockstar Social Club», une plate-forme communautaire en ligne où sont stockées bon nombre de statistiques. Et enfin, les piétons ont des réactions plus intelligentes ou en tout cas moins bêtes qu'avant, le GPS est irréprochable et rend commode l'orientation dans la ville, et les stations de radio sont plus hétéroclites puisqu'elles balayent à peu près tous les genres musicaux. Jean-Michel Jarre, les ZZ Top, Barry White, Peter Gabriel, Black Sabbath, Bob Marley, The Who, David Bowie, ou même de vrais talk-shows en intégralité... il y en a pour tous les goûts !