Tout en restant très semblable à son prédécesseur dans la forme, c'est en creusant un peu qu'on s'aperçoit du fossé creusé par Silent Hill 2. Tout d'abord scénaristiquement, un tournant est établi vers l'aspect psychologique de la trame. Chacun des protagonistes est très charismatique et possède une personnalité si prononcée qu'on pourrait la qualifier d'uniforme. Ils ont tous un rôle à jouer vis-à-vis de la psyché du héros et ne se contentent pas de faire avancer l'intrigue. Chaque monstre du bestiaire aurait également une signification profonde, cachée, en rapport avec le personnage principal. Par exemple Pyramid Head, d'où son apparence de bourreau, serait la projection mentale que James aurait créée suite à sa culpabilité due à la mort de Mary, sa femme. Des centaines d'explications sont possibles, le potentiel du symbolisme du jeu vous laisse une totale liberté d'imagination. De plus, le talent et l'audace des développeurs auront même leur place dans les choix de game design. Dus à l'omniprésence du symbolisme et du figuralisme dans l'épopée, certains passages sont mis en scène de façon extravagante au détriment du ludique. On peut citer en exemple la phase en barque sur le lac, assez longue pour nous faire ressentir la solitude presque oppressante qu'éprouve le héros.
Mais si Silent Hill 2 est devenu un nom indétachable du genre horrifique, c'est aussi pour l'expérience visuelle et sonore proposée. Le mariage du son et de la mise en scène est d'une pertinence surprenante. D'un côté, il y a ces couloirs sombres et glauques qui sont bercés par des bruits de pas, des bruits métalliques et des râles gluants. De l'autre se trouve l'atermoiement des relations entre les personnages, accompagné d'un thème musical véhiculant une tristesse désespérante. Silent Hill 2 cherche sans arrêt l'interaction avec le joueur et met son gameplay au service d'une quête d'émotion. C'est finalement tout ce qu'on demande à un jeu vidéo.
La version Director's Cut de Silent Hill 2 (sortie sur PS2, XBOX et PC) est largement préférable à la version standard car elle comprend entre autres bonus le making-of très complet du jeu.