Bien que P. Cuisset et F. Raynal partagent les mêmes valeurs, leurs univers sont trop différents. Si bien que P. de Senneville accepte de financer en 1992 un autre studio de développement, Adeline Software, du prénom de sa deuxième fille. C'est au sein d'Adeline Software que s'effectue la rencontre entre F. Raynal et Michel Ancel. Ce dernier est à la fois fasciné par le talent de F. Raynal et par son refus de corrompre une œuvre artisanale en produit industriel. Le fruit de leur collaboration ne pouvait aboutir qu'à un chef-d'œuvre : Little Big Adventure. Le docteur Funfrock impose à la population un régime dictatorial en clonant sa milice personnelle. Habité par des rêves étranges, le héros fait part de ses inquiétudes. Mais Funfrock veut aussitôt l'enfermer dans un asile pour le faire taire. Little Big Adventure est en 3D isométrique, représentation idéale pour livrer une grande perspective aux décors. F. Raynal en profite pour donner au jeu un agréable aspect de jeu de plates-formes. La presse salue son onirisme, et les joueurs maudissent sa difficulté : lorsque le héros se fait blesser par un ennemi, il se tord de douleur. Il est impossible de bouger pendant ce laps de temps. À peine l'animation finie, le héros peut se faire retoucher en boucle, parfois jusqu'à la mort ! Le jeu connait un certain succès, mais est hélas victime d'une erreur marketing : renommé « Impitoyable » aux États-Unis, le jeu ne fit que 300.000 ventes en 1994.
Si c'est l'entraide qui prime entre Delphine et Adeline Software, une saine rivalité débute entre le maître F. Raynal et l'élève M. Ancel depuis que ce dernier a intégré Ubisoft (société française de développement et d'édition de jeux vidéo depuis 1986). Personnage sans bras, ni jambes, Rayman réussit l'exploit de s'imposer en 1995 comme une mascotte de la PS1 au côté de Crash Bandicoot ! Le jeu battant des records de ventes, Sony et Ubisoft réclament une suite. M. Ancel craint que son œuvre ne lui échappe complètement mais finit par accepter. Rayman 2 est quasiment terminé lorsque sort Little Big Adventure 2 en 1997. F. Raynal réussit encore une fois l'alchimie parfaite entre fantaisie graphique et innovation de gameplay. L'élève décide de dépasser le maître et repousse la sortie du jeu à 1999. Si Rayman 2 parvient à distancer l'œuvre de F. Raynal sur le plan technique avec un moteur 3D inédit, il commence hélas à perdre son âme : l'histoire et l'univers n'ont plus grand-chose en commun avec le premier Rayman.