On l'a vu, Medieval II : Total War s'est caractérisé à la fois par sa qualité et par sa frilosité. Bien que très bon, le soft s'est contenté de faire un copier-coller de la campagne de Medieval premier du nom sans y apporter grand-chose de nouveau. C'était sans compter sur les développeurs de CA, qui pondent en août 2007 ce qui reste probablement l'add-on Total War le plus ambitieux à ce jour, j'ai nommé Medieval II Total War : Kingdoms. Le mystère a plané pendant un certain temps sur cet add-on. Habitués aux fameuses Invasions, les fans s'attendaient à une nouvelle extension centrée autour d'un peuple turbulent dont le passe-temps favori consistait à envahir ses voisins. Pendant un certain temps, on a entendu parler d'un Mongol Invasion à la sauce européenne, voire même d'un Viking Invasion 2. Pourtant, c'est un tout autre chemin qu'ont pris les développeurs, en sortant un add-on ne proposant pas une, mais bel et bien quatre nouvelles campagnes, chacune focalisée sur un conflit important du Moyen Âge. Jetons un coup d'oeil rapide au programme...
La première de ces nouvelles campagnes est celle de Britannie. An de grâce 1258. Le royaume d'Angleterre s'affirme comme une grande puissance européenne, ce qui ne manque pas d'inquiéter les pays voisins. Gallois, écossais et irlandais décident donc de résister à l'impérialisme anglo-saxon. S'ajoute à cette charmante compagnie la Norvège, qui entend maintenir sa souveraineté sur les îles du nord de l'Écosse. Enfin, si la situation de l'Angleterre se détériore trop, l'alliance des Barons peut également apparaître pour mettre son grain de sable et placer un souverain plus efficace sur le trône. Disons-le franchement, cette campagne n'est pas la plus excitante du lot : elle n'apporte quasiment aucun nouvel élément de gameplay et les factions les plus importantes sont déjà présentes dans la campagne de base de Medieval 2.
La campagne des Croisades se montre un peu plus intéressante. Débutant en 1174, elle met en scène les états francs du Levant (Royaume de Jérusalem et Principauté d'Antioche), l'Empire Byzantin, les Turcs et l'Égypte. Là encore, on retrouve des factions connues, même si toutes disposent d'un grand nombre d'unités inédites : chevaliers de Tripoli, Maronites, archers arméniens, milice syrienne, maréchal des hospitaliers, sipahis, archontopoulai... la liste est longue. Notons également la présence d'un héros disposant d'un pouvoir spécial dans chaque faction. Pour les Égyptiens, Saladin peut utiliser la vertu de la foi pour remonter au maximum le moral de son armée. Cela rappelle plus Warcraft III qu'un Total War, mais soit...
La campagne teutonique se focalise sur une autre croisade : celle de l'ordre des Chevaliers Teutoniques en Lituanie et en Russie. Elle y oppose en 1250 les fameux chevaliers germaniques aux Russes de Novgorod, aux païens lituaniens, au Saint-Empire germanique, à la Pologne et au Danemark. Encore une fois, le gameplay ne se trouve pas vraiment chamboulé. Les Teutoniques n'ont pas d'arbre généalogique (les leaders sont élus par les maîtres de l'ordre) et ne peuvent construire que des châteaux et pas de cités. Les lituaniens peuvent eux choisir de se convertir au christianisme pour accéder à de nouvelles unités et technologies. Enfin, le Danemark peut remplir un certain nombre d'objectifs pour former l'Union de Kalmar et fusionner ainsi avec la Norvège. Petit point marrant : l'arrivée de croisés qui rejoignent la faction teutonique le temps de tuer quelques païens, avant de repartir en Europe occidentale en laissant un don en espèces sonnantes et trébuchantes.
Enfin, la dernière campagne prend place en Amérique en 1521. C'est certainement la plus intéressante, d'une part parce qu'elle permet d'incarner un certain nombre de tribus qui tentent de résister à la conquête espagnole (les Aztèques, les Mayas, les Apaches, les Tlaxcaltèques, les Chichimèques ou les Tarasques) et d'autre part parce que jouer avec les Espagnols permet de s'essayer à un gameplay radicalement différent. Les Conquistadores ne reçoivent des renforts que rarement et doivent donc engager des mercenaires locaux pour espérer défaire les immenses armées des empires amérindiens. En contrepartie, les unités espagnoles bénéficient d'un boost incroyable. Tant et si bien qu'il suffit parfois d'une centaine d'hommes pour vaincre un millier de guerriers aztèques. De quoi mettre la pression sur le joueur, qu'il joue avec les envahisseurs européens (chaque perte devient un drame personnel) ou avec les amérindiens (pour qui défaire l'armée espagnole va se révéler être un challenge incroyable).
Medieval 2 : Total War – Kingdoms est sans aucun doute l'extension Total War la plus vaste et offrant le plus de contenu et de rejouabilité. On peut regretter qu'elle n'apporte aucun vrai concept de gameplay phare (comme les hordes nomades de Barbarian Invasion), mais la même chose était vraie pour Viking Invasion en son temps.
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