Avant de parler de ce fameux projet, abordons tout d'abord la question du Danmaku. Traduit du japonais, cela signifie « rideau », « barrage ». Pour désigner les pluies de projectiles qui s'abattent sur vous. Les anglophones parlent alors de bullet hell, ou plus généralement de manic shooter. Certains puristes insistent pourtant pour différencier le Danmaku/bullet hell – dans lequel l'abondance de tirs ennemis oblige à jouer de manière posée et méthodique – du manic, où la part belle est donnée aux réflexes et à l'intensité de l'action. D'autres vont plus loin en comptant pas loin d'une demi-douzaine de mots différents pour désigner des variations dans ces jeux. Nous ne nous encombrerons pas de tous ces vocables et utiliserons simplement le terme générique de manic shooter pour définir le Danmaku.
Ce chaos lexical démontre tout à fait l'impact qu'a eu le Danmaku dans l'univers du shoot'em up. Ce fut un bouleversement sans pareil dans l'approche de ce genre, autant dans la façon de le concevoir que de le pratiquer. Au point de déconcerter de la sorte les esprits !
Différences fondamentales
En chamboulant les codes initiaux du genre, le manic a bien évidemment instauré de nouvelles règles. Jusqu'ici, les assaillants se focalisaient sur le protagoniste principal. Les attaques étaient plutôt limitées et les esquives se faisaient de manière naturelle. Il fallait surtout se concentrer sur l'élimination des adversaires. Dorénavant, les ennemis ne visent plus spécialement le joueur mais arrosent littéralement l'écran de projectiles, ne laissant que peu de marge de manœuvre. Le placement – souvent au millimètre près - prend ici le pas sur l'attaque pure.
Dans ce style de jeu requérant une précision chirurgicale, la hitbox (masque de collision ou zone sensible de votre avatar ou de votre vaisseau) est réduite. Seul le centre de l'appareil, de l'ordre de quelques pixels – en général, le cockpit bien visible -, ne peut encaisser de chocs. Nombre de schémas de tirs sont si alambiqués qu'il faut parvenir à faire fi du visuel et ne pas hésiter à volontairement « toucher », à « traverser » les salves voire les engins adverses (hormis la hitbox bien évidemment) en vue de valider les passages les plus ardus. Vous l'aurez compris, le Danmaku est un shoot'em up poussé à l'extrême.
Image 1 : Shikigami no Shiro II d'Alpha Systems, un manic qui a sévi sur plusieurs machines : Dreamcast, Gamecube, PS2, Xbox et Windows.
Image 2 : A l'origine un mini-jeu dans Project Gotham Racing 2 sur Xbox, à l'arrivée une série à succès, Geometry Wars.