Après l'ouverture des jeux vidéo au marché de l'occasion dans les années 1990, une autre révolution est désormais en marche avec la dématérialisation des jeux. Bien que la plupart d'entre eux soient encore commercialisés en version boîte comme au siècle dernier, on assiste depuis quelques années à un extraordinaire essor des versions numériques. Une fois de plus, la généralisation du haut débit dans les foyers a joué un rôle déterminant dans le phénomène. Alors qu'il fallait auparavant des heures voire des journées entières pour télécharger un fichier de quelques dizaines de méga-octets, si le serveur tient la route, il suffit aujourd'hui de moins d'une demi-heure environ pour se procurer un jeu d'un giga-octet sur un PC avec une connexion standard de 8 Mega. De plus, toutes les consoles actuelles, de la puissante Playstation 3 à la modeste DSi, peuvent également télécharger et stocker des jeux très facilement.
Si l'on se doute bien que les revendeurs traditionnels ne voient guère la vente numérique d'un très bon oeil, les éditeurs n'en retirent de leur côté que des avantages. En effet, la dématérialisation des softs leur permet d'aller chercher les consommateurs directement chez eux, de faire baisser sensiblement les prix, et d'éviter le piratage. Les petits studios indépendants sont eux aussi ravis de pouvoir créer et faire distribuer facilement des jeux au coût de développement réduit. Bref, la dématérialisation, c'est l'avenir comme ne cessent de le répéter les grands pontes du secteur tels que Peter Moore, le PDG d'EA Sports.
Tous les joueurs ne sont pas pourtant du même avis. En effet, outre la disparition de la boîte et du manuel, l'impossibilité de prêter ou de revendre un soft dématérialisé a de quoi faire grincer des dents. Pire, dans certains cas, le consommateur n'est même pas propriétaire du jeu qu'il a acheté. Par exemple, si votre DSi ou votre Wii venait à expirer, sachez que vous n'aurez aucun moyen de récupérer vous-même vos jeux téléchargés. Sur PC, les plates-formes de téléchargement imposent de plus en plus souvent des DRM qui empêchent l'utilisateur de jouer à certains jeux sans passer par elles. Enfin, alors que la majorité des joueurs plébiscitent la rétrocompatibilité des consoles, il semblerait que constructeurs et éditeurs aient bel et bien l'intention de supprimer purement et simplement les lecteurs optiques des machines à venir. Ainsi, la PSP Go, première console Sony à tout miser sur le numérique, est dépourvue de lecteur UMD afin que les consommateurs soient obligés de se racheter intégralement une nouvelle ludothèque. L'accueil du public comme de la critique a été glacial, preuve que tout le monde n'est décidément pas prêt à entrer dans l'ère du téléchargement numérique...