C'est par le biais de Donkey Kong que Mario a débuté son ascension dans le milieu du jeu vidéo. Sa première apparition en arcade remonte ainsi à 1981. A l'origine, le héros du jeu devait être Popeye, personnage de BD très populaire à l'époque. Mais pour d'obscures raisons, Nintendo n'a pas eu le droit de l'utiliser dans le jeu et il a fallu lui trouver un remplaçant. Shigeru Miyamoto s'est alors attelé à la conception d'un personnage original qu'il avait d'abord baptisé M. Vidéo, puis Jumpman et enfin Mario. A la base, il projetait de le faire apparaître dans chacun de ses titres à venir, un peu comme le faisaient Alfred Hitchcock dans ses films et Osamu Tezuka (Astro Boy, Blackjack) dans ses mangas.
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Mario a donc vu le jour sous la forme d'un simple sprite de 16x16 pixels de haut ! Il faut savoir que les limitations techniques des machines de l'époque permettaient seulement de représenter des personnages très sommaires. Afin de contourner ce problème, Shigeru Miyamoto a eu la brillante idée de réduire la taille de Mario pour affiner son visage. En rendant ses proportions un peu moins réalistes, il a réussi à lui greffer certains signes distinctifs inattendus : une moustache, une casquette et une salopette.
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Malgré son look pas franchement sexy, Mario se rattrapait par la multiplicité des animations résultant de chacun de ses mouvements. On pouvait notamment le voir bouger les bras pendant sa course, ce qui n'était pas rien dans le contexte de l'époque. Sa tenue vestimentaire a fait de lui un ouvrier tout désigné, et plus précisément un charpentier escaladant les échafaudages accidentés des tableaux de Donkey Kong. Par la force des choses, et comme on le verra plus en détail dans la partie suivante, Mario devint ensuite plombier dès l'apparition des tuyaux dans Mario Bros. L'avenir lui offrira tout de même de nombreuses occasions de montrer son caractère polyvalent en touchant à toutes sortes d'activités.
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La sortie de Donkey Kong a tout de même causé quelques désagréments à Nintendo, accusé alors d'avoir plagié honteusement le film King Kong. Pourtant, les inspirations de Nintendo étaient multiples durant la conception du jeu, Shigeru Miyamoto ayant notamment pris modèle sur le principe de Pac-Man qui faisait fureur à l'époque. L'objectif était de concevoir un jeu suffisamment simple pour qu'on en comprenne instantanément le principe. Dans Donkey, le primate avait enlevé une demoiselle nommée Pauline et le rôle de Mario était de gravir un échafaudage piégé pour aller la sauver. Afin de rendre le soft parfaitement intuitif, les possibilités de mouvements de Mario étaient réduites à leur plus simple expression. Le joueur pouvait uniquement sauter pour éviter les tonneaux ou les briser à coups de marteau et grimper aux échelles pour emprunter des raccourcis. D'ailleurs, le saut n'était même pas prévu à l'origine et a été rajouté en cours de route.
Des actions simples mais qui, une fois combinées, rendaient le titre étonnamment prenant. D'après Shigeru Miyamoto, le succès des meilleurs jeux en arcade venait du fait qu'ils parvenaient à faire naître de l'échec la volonté de se surpasser : si le joueur échoue en ayant le sentiment qu'il a été maladroit, il sera tenté de remettre une pièce dans la machine pour essayer de faire mieux la fois d'après. Donkey Kong fonctionne justement sur ce principe-là : le jeu paraît extrêmement facile mais il s'avère en réalité beaucoup plus délicat à maîtriser. Sans compter que la difficulté est progressive à mesure qu'on avance dans les niveaux, et même si le jeu n'est constitué que de simples tableaux, le challenge reste assez corsé pour qui veut le terminer.
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L'agencement du soft en une série de tableaux successifs était d'ailleurs plus une contrainte technique qu'un choix de la part de Nintendo. Durant le processus de développement, Shigeru Miyamoto avait d'ailleurs déjà pensé à faire défiler l'image pour que les tableaux s'étalent sur plusieurs écrans, mais les limitations techniques des machines d'arcade de l'époque n'ont pas permis de mettre en place ce système de scrolling.