Ecrit et réalisé par Paul W. S. Anderson, à qui l'on doit un mésestimé Mortal Kombat et surtout un suffocant Event Horizon, Resident Evil nous fait regretter que le grand George A. Romero ait été écarté du projet à cause de divergences scénaristiques. Si Paulo est un honnête artisan et sait tenir une caméra, la mise en scène très classique de Resident Evil ne parvient pas à limiter les dégâts.
Bien que de courte durée (le tout n'excédant pas 1h30), le rythme du film est terriblement lent. Paradoxal quand on y pense puisque les événements s'enchaînent sans discontinuer. Toutefois, cette lenteur intrinsèque est directement liée au scénario du film qui s'éloigne beaucoup trop de celui du jeu. Si le fait d'y inclure un personnage inédit en la personne d'Alice n'est pas une mauvaise idée en soi, ce qui l'est plus en revanche est d'avoir opté pour des seconds couteaux tous plus caricaturaux les uns que les autres. Alors que le film débute par la contamination du Hive, un immense laboratoire construit sous un manoir aux abords de Raccoon City, nous sommes projetés dans le temps, quelques heures plus tard, lorsque ladite Alice se réveille, complètement amnésique, dans la bâtisse. Suite à ça, un commando de soldats surgit, malmène la jeune femme et s'engouffre dans le complexe pour on ne sait quelle raison.
Si divers éléments du jeu sont bel et bien présents (le virus T, les zombies, les chiens, un Licker en CG plutôt convaincant, une retranscription de la scène finale de Resident Evil 2), il est déplorable que le long-métrage ait essayé de toucher un trop large public. Cette volonté, synonyme d'un gore propre, ne parvient jamais à la hauteur de l'ambiance du soft autant dans ses débordements de violence que dans son aspect ouvertement gothique. De plus, le casting s'avère maladroit avec une Michelle Rodriguez cabotinant encore plus que de coutume (c'est dire !) ou des acteurs ne croyant pas une seule seconde à ce qui leur arrive. Cependant, la divine Milla Jovovich s'en sort convenablement, aidée par la caméra d'Anderson qui sait la mettre en valeur. Ce n'est malheureusement pas le cas des SFX avec des morts-vivants jamais flippants, aux maquillages aussi convaincants que ceux de Zombie ou des chiens ayant pris un affreux coup de soleil.
De plus, le scénario esquisse ses personnages principaux en ne nous expliquant jamais de façon convaincante quelles sont les motivations d'Alice et ce qui l'a poussée à trahir Umbrella. A côté de ça, le personnage de Matt, frère d'une scientifique infectée, se montre encore plus insipide et inutile hormis à la toute fin où il amène le prochain épisode en servant de cobaye au projet Nemesis. La fin justement, contient sans doute un des rares plans vraiment réussis du film lorsque la caméra recule lentement pour nous montrer une Alice traumatisée, perdue au milieu de la ville de Raccoon City complètement dévastée. Une amorce en quelque sorte pour une série qui compte déjà trois longs-métrages.