Si Hideo Kojima est la tête de Metal Gear Solid, Yoji Shinkawa en est indubitablement les mains. Cet artiste, né à Hiroshima le 25 décembre 1971, rentre chez Konami en 1994 et oeuvre sur la série depuis ses tous débuts en cumulant les fonctions de Character et Mecha designer. D'ailleurs, Kojima reconnaîtra très rapidement l'immense talent du bonhomme puisqu'après avoir travaillé avec lui sur Policenauts, il lui confiera les rennes graphiques de sa série multi-primée ainsi que celles des deux Zone Of The Enders pour lesquelles Shinkawa dessinera des robots aux formes profilées, esthétiques, gracieuses, bien loin de ce qu'on peut voir, par exemple, dans la série Gundam. Si le trait de l'homme peut sembler hésitant, à l'image de celui de Yoshitaka Amano (bien que ce dernier soit totalement différent) ou d'Ashley Wood, c'est tout le contraire. En effet, le coup de crayon de l'artiste est précis, apporte une vraie vitalité, un vrai dynamisme à ses personnages. De plus, Shinkawa a le mérite de posséder un don lui permettant de dessiner aussi facilement les hommes, femmes ou véhicules. Si cela reste purement subjectif, je ne peux m'empêcher de penser que les personnages de The Boss et Sniper Wolf sont avec Ada, période Resident Evil 4, les femmes "ludriques" les plus belles ayant parcouru notre univers.
Ce qui constitue également la force des travaux de Shinkawa vient de son utilisation du noir et blanc. Ses lignes constituent parfois un maelström de silhouettes qui donne une puissance visuelle au dessin. L'autre point intéressant vient sans doute des ombres d'où émergent littéralement les formes. Elles font corps avec le héros tout en donnant de la densité au dessin. Le plus surprenant vient finalement du fait que les designs de Shinkawa n'ont pas vraiment été altérés en passant à la moulinette numérique (du moins à partir de Metal Gear Solid 2 grâce à la puissance de la PS2) à l'inverse des travaux d'Inoue sur Lost Odyssey. Si le résultat est forcément plus sobre, force est de constater que Metal Gear Solid est une des séries possédant le casting le plus classe du milieu. Derrière cet euphémisme, c'est bel et bien l'histoire qui ne s'en porte que mieux, toute occupée qu'elle est à mettre en avant ces poseurs nés de l'imagination fertile d'un véritable esthète.
Note :
Les scans de cette page proviennent de l'artbook The Art Of Metal Gear Solid 1.5 qui par rapport à la précédente version contient une conversation très intéressante, et traduite en anglais, entre Yoji Shinkawa et Enki Bilal, célèbre auteur français.