Présentation
Si Metal Gear Solid 3 est si différent de Metal Gear Solid 2, c'est tout simplement que les deux jeux n'ont quasiment rien à voir du moins d'un point de vue scénaristique. De plus, alors que Sons of Liberty s'était construit autour de l'histoire, Snake Eater revient à quelque chose de plus ludique. Ceci nous donnera alors l'épisode le plus cinématographique de la série, le plus exotique et surtout celui comprenant le plus de petites blagues de la part de Kojima. Si je fais partie de ceux qui l'estiment au plus haut point, nombre de joueurs n'y trouveront pas leur compte, ce ressenti variant finalement en fonction de ce que vous attendez d'un épisode de Metal Gear Solid.
Le premier point important vient du fait que l'histoire se déroule avant les événements narrés dans le tout premier Metal Gear. Ce prologue est donc le moyen de renouer avec les origines de la saga et a fortiori celles des personnages comme Big Boss. En plantant son décor dans les années 60, Kojima s'amuse, se fait plaisir et signe un opus diamétralement opposé à Sons of Liberty. Ici, les cinématiques ne véhiculent pas nécessairement de grands messages et cherchent avant tout à transmettre l'émotion. Ainsi, tout en passant en revue un large éventail de genres cinématographiques (action/western/thriller/SF), le réalisateur japonais enchaîne quantité de références au 7ème art qui deviennent ici autant de points essentiels servant à la structure même du jeu. James Bond, Le fugitif, Predator, Kojima cite à tour de bras tout en réussissant à garder une homogénéité dans sa narration. C'est d'ailleurs une des grandes forces de l'homme qui se permet même de s'amuser au détriment des fans outrés de la présence de Raiden dans Metal Gear Solid 2 en le faisant apparaître en guest star dans Snake Eater ou comment s'auto-parodier tout en légitimant la présence d'un "vilain petit canard". Pour autant, Kojima ne se moque pas de son public puisque sans les retours des joueurs suite à MGS 2, Snake Eater n'aurait peut-être pas eu son visa, du moins sous cette forme. Multipliant les clins d'oeil au cinéma de genre, Kojima va encore plus loin en se servant du personnage de Para-medic, véritable cinéphile n'hésitant pas à questionner notre héros sur des films comme Godzilla, Them, L'étrange créature du lac noir. De délicieux moments, pleins d'humour (Snake étant le plus souvent complètement dépassé) nous donnant l'occasion d'enrichir notre culture cinématographique.
En sus, Hideo Kojima nous livre une histoire poignante, bien plus sensible et intimiste que celle de MGS 2. Se servant des événements de la Guerre froide, le papa de la saga s'attarde à nous conter le combat de Snake (aka Big Boss) et de son mentor The Boss, figure tout aussi matriarcale que létale. En somme, et bien que plusieurs personnages importants (Revoler Ocelot, Eva, Volgin, le Shagohod, l'ancêtre du Metal Gear) viennent se greffer au récit, MGS 3 ne raconte finalement que la quête d'un homme devant éliminer l'être comptant le plus pour lui. Ceci nous vaudra d'ailleurs une des plus belles scènes du jeu vidéo, à la toute fin, celle-ci étant aussi difficile à vivre pour Snake que pour le joueur. Impossible de minimiser l'impact émotionnel de cette scène d'autant qu'on nous oblige à appuyer sur la touche action pour éliminer un personnage central dont on connaîtra les motivations à posteriori. Traumatisant, larmoyant, drôle, Snake Eater peut se targuer de mélanger le rire et les larmes comme bien peu de jeux ont réussi à le faire avant lui.
Note :
Je me permets de vous renvoyer au dossier que j'avais réalisé sur le titre à partir de sa version US si vous désirez de plus amples informations sur l'histoire de Snake Eater.