Petite parenthèse pour vous lâcher quelques mots sur Metal Gear Solid Digital Graphic Novel, titré Metal Gear Solid : Bande Dessinée au Japon. Ce produit multimédia reprend l'intégrale du comics décrit dans la partie précédente, ceci permettant à tous d'apprécier la fin de la BD de Wood. Le graphisme de l'homme, très européen dans son approche (son trait rappelant quelque peu celui de l'auteur de Corto Maltese, Hugo Pratt), est ici transcendé par l'approche interactive du produit, synonyme de travellings à l'intérieur des pages, d'incrustations d'onomatopées, d'une bande-son, de bulles apparaissant à la volée. De fait, le résultat n'est pas seulement le pâle reflet de ce qu'on trouve dans la BD, l'expérience proposée par Metal Gear Solid Digital Graphic Novel étant complémentaire de celle procurée par la lecture du comics.
Le plus surprenant dans l'histoire vient du fait que Konami a eu la bonne idée de proposer trois types de lecture pour pleinement apprécier le poème graphique de l'artiste. Ainsi, s'il est possible d'opter pour une lecture toute simple composée d'une succession de 271 planches, vous pourrez à tout moment passer en mode Exploration mentale. Ceci se traduira alors par une pause durant laquelle vous aurez la possibilité de déplacer un curseur pour "capturer" des Souvenirs liés aux personnages ou situations affichés, en zoomant ou dézoomant pour apprécier le coup de crayon du dessinateur. Enfin, une fois que vous aurez acquis ces fameux Souvenirs, le mode Simulation de création de mémoire vous transportera dans une sorte de dôme en 3 dimensions recelant tous les Souvenirs que vous aurez débloqués. C'est à cet endroit que vous pourrez relier lesdits Souvenirs pour reconstituer la mémoire de l'incident de Shadow Moses. Si ces idées sont totalement dans l'esprit high-tech de la série, on déplorera malgré tout une navigation peu instinctive dans le dernier mode cité. Cependant, on appréciera d'avoir une aussi grande banque d'informations à sa disposition, surtout que tous les textes ont été traduits en français. De plus, chaque page de la bande dessinée est directement accessible et une sauvegarde permet de conserver tous les Souvenirs acquis.
Bien entendu, si le prix de 20 euros est aussi un argument de poids pour l'acquisition de ce produit d'exception, on pourra déplorer que Konami n'ait pas réitéré l'essai The Silent Hill Experience en y incluant des interviews de Kojima et de son équipe, des trailers des différents MGS, etc. On peut aussi regretter que certains passages soient beaucoup moins puissants que dans le jeu (notamment la séquence avec Psycho Mantis) ou peu compréhensibles par ceux qui n'y ont jamais touché, surtout quand les questions politiques ou éthiques soulevées par Kojima sont mises en avant. Pourtant, en marge de cette semi-déception, c'est bel et bien le sentiment de satisfaction qui s'impose à la lecture de ce MGS Digital Graphic Novel qui synthétise d'une bien belle façon la fusion entre le jeu vidéo, le 7ème art et la bande dessinée.