S'il y a bien un point sur lequel Devil May Cry ne supporte aucune critique, c'est bel et bien sur son architecture et le level-design associé. Pourtant, le jeu s'articule autour d'une figure imposée par son ambiance gothique et baroque : le château. Malgré cette évidence, Capcom réussit à nous surprendre à travers un vaste dédale nous faisant traverser des lieux éclectiques allant de l'inévitable forêt brumeuse en passant par des endroits plus atypiques à l'image d'un galion englouti.
Le plus incroyable reste que tous ces environnements se marient fort bien et que par un habile truchement (un univers altéré), nous sommes amenés à traverser à nouveau les lieux par lesquels nous sommes arrivés, ces derniers ayant subi des modifications de tout ordre. Le haut devient alors bas, la netteté de l'image se dérobe face à une sorte de flou déstabilisant, les couleurs chaudes cèdent leur place à des teintes plus agressives, rouge sang, etc. On retiendra également le passage au coeur même de la bâtisse et ce au sens propre comme figuré puisque d'un décor tangible, on descend littéralement dans un enfer organique. Finalement, le seul regret est qu'après nous avoir offert la coupe transversale du château (de la plus haute tour jusqu'au sous-sol humide), le réalisateur nous apporte une douce quiétude à travers un dernier décor d'une surprenante beauté qu'il nous est simplement permis d'admirer qu'un fugace instant.
Notez enfin que les équipes de Capcom se sont déplacées en Espagne et en Angleterre pour y puiser leur inspiration, ce qui n'est pas surprenant tant on sent l'influence européenne suinter à travers chaque pierre. A ce propos, la musique elle-même est influencée par l'Europe, même si les thèmes orchestraux s'effacent au profit de morceaux rythmés, plus hard-rock, lors des phases d'action. Ce sera d'ailleurs une constante dans la série, Devil May Cry 4 n'échappant pas à cette règle. Musicalement parlant, il faut aussi savoir que les pistolets de Dante, Ebony & Ivory, sont un hommage direct à une chanson du même nom de Paul McCartney.