Alors qu'on mésestime très facilement le côté ludique de Devil May Cry 2, on a un peu tendance à surestimer Devil May Cry 3, du moins sur certains points. S'il est indéniable que ce jeu est supérieur à ses aînés en termes de graphismes et de gameplay, son histoire en revanche, qui se déroule donc avant celle du premier Devil May Cry, sent un peu la naphtaline. Certes, elle reste mieux écrite que celle de son prédécesseur mais n'atteint jamais les sommets à l'inverse d'une tour érigée par le bad guy de service, Arkham, qui compte s'en servir pour ouvrir un portail entre le monde des humains et des démons tout en s'appropriant les pouvoirs de Sparda pour semer le chaos. Et c'est parti pour une succession de dialogues mal écrits et surtout de grand n'importe quoi légitimé par la "cool attitude" de Dante qui se plaît à surfer sur des missiles ou à envoyer ad patres quelques monstres à l'aide d'une moto lui servant de nunchaku. Pourquoi pas après tout mais entre deux facéties qui irritent presque autant que le doublage américain totalement à l'ouest (avec une mention spéciale pour la voix nasillarde de Vergil), on baille devant les cinématiques vu qu'il est difficile de s'attacher aux personnages.
On retiendra d'ailleurs après le cas "Lucia", une grosse faute de character design avec Lady qui ne ressemble pas à grand-chose elle non plus. A ce sujet, il suffit de la voir dans Devil May Cry 4 pour se rendre compte à quel point le petit canard s'est transformé en cygne majestueux. En parlant de Lady, on retiendra sa relation avec son papounet maléfique qui n'est autre que le méchant précité, Arkham. Malheureusement, ici aussi, cet aspect du scénario tombe rapidement dans le "ridicule" avec des scènes somptueusement niaises ou "surjouées" (voir pour s'en convaincre la fausse mort d'Arkham reposant sur un découpage un peu trop chiadé peu aidé par une musique un rien pompeuse). Dommage que la relation Lady/Dante ne serve pas non plus à grand-chose si ce n'est à introduire quelques belles chorégraphies directement inspirées par le cinéma hong-kongais. Quant à Vergil, ce dernier se montre aussi bien manipulateur que manipulé. On aurait tout de même apprécié que son attachement fraternel à Dante serve plus astucieusement le scénario. Au lieu de ça, on a juste droit à quelques conversations mille fois entendues amenant un combat final réjouissant mais ne découlant sur rien si ce n'est une fin que n'aurait pas renié Uwe Boll. Bref, nous avons clairement affaire à une histoire qui semble solide en apparence mais s'appuyant principalement sur une mise en scène maîtrisée pour faire passer ses nombreuses carences scripturales.