Voilà que change la donne à présent. Oubliez les faiblesses humaines écrasées par un environnement peu familier, bienvenue dans la peau du maître des lieux, celui qui règne sur Skull Island, Kong. Ces phases, qui représentent moins de la moitié du temps de jeu, prennent le contre-pied des autres et ont été pensées comme des scènes visant uniquement à faire ressentir une grande puissance aux joueurs, sans prise de têtes superfétatoire. Si on pourrait attendre de grandes séquences de plates-formes dans la mesure ou l'on dirige un être simiesque, il n'en n'est rien. Si avec Kong on pourra effectivement se balancer et effectuer quelques sauts de l'ange, il sera impossible de tomber dans un puits mortel par exemple. D'une part parce que c'est la volonté des développeurs d'offrir ces séquences purement défoulantes, mais d'autre part parce que laisser Kong tomber stupidement dans un trou ou se prendre les pieds dans une racine ferait perdre un certain crédit au jeu. Ainsi, le gameplay de Kong n'aura rien d'un ballet aérien, en même temps, la créature n'a rien d'un papillon virevoltant, Kong est un gorille, pas un gibon qui sautille d'arbre en arbre. Lorsqu'il évolue par bond, il aura donc toujours tendance à être vivement ramené au sol par son poids. Plus que sur sa grâce féline, c'est donc sur sa force brute que compte monsieur le singe géant. Une force qu'il mettra à profit lors de combats épiques contre les autres grands prédateurs qui pullulent dans les environs. Vu le caractère bestial et imposant des opposants, inutile de préciser que les combats sont plutôt violents, avec notamment des finish moves assez cruels pour le perdant. Et là encore, on ne trouve aucun affichage à l'écran qui nous permette de juger de notre état de santé ou de celui du dinosaure en face. Seules les attitudes pourront fournir une indication de la vaillance de chacun. Le torse plus ou moins bombé, une patte folle, la bave aux lèvres etc.
Et tous ces efforts pour quoi ? Et bien pour les beaux yeux d'une femme, cela va de soi. Dans le seul et unique but de protéger la belle Ann que Kong tient dans sa petite mimine poilue comme un papillon fragile (c'est la main qui est poilue, pas le papillon). Si fragile qu'il sera d'ailleurs préférable de la déposer au sol afin de pouvoir se fritter tranquillement et disposer de ses deux mains. Si dans les premières heures de l'aventure, la douce mettra systématiquement cette liberté à profit pour tenter de s'enfuir, il viendra un temps où la gourde au gros nez finira par comprendre que Kong, pour bourru qu'il soit, n'en n'est pas pour autant un mauvais bougre. Cet éclair de lucidité permettra alors la mise en place d'une coopération entre les deux personnages, Ann pouvant se faufiler là où Kong ne peut aller et ainsi actionner des leviers inaccessibles à son volumineux et poilu camarade. Ce qui me donne l'occasion de rappeler l'une des originalités du jeu : le fait qu'il n'y ait pas de véritable méchant dans l'histoire mais simplement deux héros dont le but est finalement similaire : garder Ann auprès d'eux. L'un des deux protagonistes souffrant malheureusement de l'incompréhension obtuse des hommes et de leurs tendances destructrices. On ne perdra pas de vue que King Kong, çe n'est pas qu'une sombre histoire de monstres sanguinaires qui kidnappent de pauvres actrices plantureuses. Au diable, manichéisme primaire.
L'approche visuelle choisie par la section artistique opte pour un rendu beaucoup plus sombre et "sale" que ce qu'on a pu voir du film de Peter Jackson jusqu'à présent.
Avant de nous quitter, laissez-moi mentionner quelques détails triviaux relatifs au jeu à commencer par les modes d'affichage qu'il proposera. Les choix de Beyond Good And Evil n'ayant à ce niveau pas satisfait tous les joueurs, King Kong permettra de choisir ses modes d'affichage entre 16:9 ou 4:3. Quelques petites gâteries pas encore fignolées devraient également enjoliver le jeu pour ceux qui le souhaitent, on a ainsi pu voir à l'oeuvre un filtre "vieux film" aux couleurs sépia. Enfin, pour ceux qui ne peuvent s'empêcher de s'interroger sur la durée de vie d'un jeu, sachez qu'on parle d'une douzaine d'heures, mais 12 heures qui paraissent déjà fichtrement bien remplies. Si King Kong au cinéma sera sans nul doute un blockbuster, il le sera tout autant dans le monde du jeu vidéo. C'est en tout cas ce qu'on lui souhaite.