Comme chaque année, il y a un jeu qui se démarque des autres, un titre qui a suffisamment de charisme pour nous faire saliver en pensant au jour où il atterrira enfin dans nos consoles ou nos PC, un titre enfin qui parvient même parfois à faire de l'ombre aux autres. Cette année, le titre en question était bien gardé au milieu du stand Ubisoft et il fallait se taper un peu d'attente avant de pouvoir le découvrir. Pour la cuvée 2005, ce jeu s'appelle King Kong. Tout le monde, ou presque, connaît l'histoire de King Kong, ce gros singe enlevé à son île natale et qui vient faire sa crise d'adolescence en plein New York. Tout le monde a déjà vu au moins une fois cette image mythique du gorille au sommet de l'Empire State Building, tenant fermement la jeune femme dont il est tombé amoureux. Mine de rien, cette séquence fait partie d'un patrimoine cinématographique commun. Pourtant, il est probable qu'elle soit bientôt balayée par Peter Jackson qui prépare un remake pour la fin de l'année. Alors comme tout bon blockbuster prédit à crever l'écran, King Kong se voit logiquement accompagné d'un jeu qui sortira lui aussi à la fin de l'année. Mais n'allez pas croire qu'il s'agisse d'un banal portage fait à la va vite dans l'unique but de nous faire bouffer du singe à toutes les sauces. Pas du tout même, puisque c'est Michel Ancel, le monsieur qui nous avait fait voyager avec Beyond Good & Evil, qui s'occupe de superviser tout ça en étroite collaboration avec Peter Jackson lui-même. Pour la petite histoire, il faut savoir que le cinéaste est allé chercher Michel Ancel après avoir découvert BGE et donc le génie créatif du bonhomme.
Tant qu'à faire un jeu basé autour d'un film, Ancel et son équipe ont souhaité aller plus loin et proposent aux joueurs d'entrer dans le film King Kong. Tout est mis en oeuvre pour qu'on se sente immergé dans l'histoire, et cela même si on passe régulièrement du héros Jack à Kong lui-même. Les phases avec Jack se déroulent comme un FPS tout ce qu'il y a de plus normal, mis à part qu'il n'y a aucune interface à l'écran et que le joueur doit interpreter son environnement pour s'en sortir. Cela signifie entre autre qu'il n'y a pas de jauge de vie, ni même de compteur de munitions, tout doit se faire au feeling, comme si on y était. Les scriptes sont évidemment légion, mais ils servent réellement un intérêt commun : nous mettre dans l'ambiance. On débute alors l'aventure dans le cratère où les indigènes viennent de ligoter Ann, pour l'offrir en sacrifice au singe géant. On verra de nos yeux King Kong venir chercher la demoiselle pour l'emmener avec lui dans la jungle avant que deux de nos compagnons d'expédition n'arrivent pour nous détacher. La fuite du volcan est speed. Sous les jets de lances des indigènes, il faut se protéger tout en suivant le petit chemin escarpé au coeur de la montagne. Plus loin, ce sont carrément des dinosaures qui nous chassent. Coincée sur un radeau de fortune, l'expédition est prise en sandwich par deux tyranosaures affamés. La mise en scène est nerveuse. Notre regard scrute le moindre coin de l'écran pour parer à d'éventuels dangers. Jamais la tension ne retombe. Puis vient l'affrontement direct avec les créatures. Les roseaux font de puissantes lances pour percer la cuirasses des bêtes mais cela ne suffit pas à les arrêter. Heureusement, King Kong sort de ses fourrés et commence à cogner les gros lézards. Sans même s'en être rendu compte, on se trouve maintenant sous la peau velu du singe. Grâce à la force de Kong, le combat contre les dinosaures est déjà plus équilibré, ce qui ne laisse pourtant aucune minute de repis au joueur. Les bestioles à terre, voilà déjà qu'il faut retrouver Ann. S'accrochant aux bords des falaises, le roi des singes progresse rapidement, ne perd pas une seconde pour secourir sa belle, elle aussi en danger. En voyant King Kong, on comprend mieux ce que Michel Ancel veut dire lorsqu'il nous parle de prolonger l'expérience du film. De simple spectateur, le joueur devient un acteur à part entière de l'histoire. Je sais, on a souvent sorti la formule pour un jeu. Mais croyez-moi, il semble qu'il ait fallu attendre un titre comme King Kong pour qu'elle prenne enfin toute sa signification. Vivement la fin de l'année, tiens !