La date : 1951. Un ingénieur de 29 ans se voit confié la tache de mettre au point un poste de télé ultra performant, un truc jamais vu. Germe alors dans son esprit prolifique l'idée qu'il soit possible d'interagir avec l'image produite par une télévision, dans le but de jouer avec. La définition la plus basique qui soit du jeu vidéo. Pas de chance, le patron de Ralph Baer ne voit aucun intérêt à cette idée farfelue, le projet ne verra pas le jour, ou en tout cas, pas ici, pas tout de suite. Baer n'abandonnera pas ses ambitions pour si peu, et on le verra revenir en 1966, mais gardons cela pour plus tard. Ce que l'on doit retenir avant tout, c'est le nom de cet homme, considéré ni plus ni moins comme l'inventeur de l'activité vidéo-ludique. Il existe cependant une polémique sur ce sujet, il faut dire que deux idées semblables ont vu le jour dans un laps de temps assez court.
En effet, parallèlement, en 1952 en Angleterre, A.S Douglas, jeune diplômé de Cambridge, trifouille dans son EDSAC - ordinateur ou plutôt calculateur primitif capable d'afficher de gros points verts qui bougent - et trouve le moyen de programmer un morpion à base d'algorithmes qui poussent la machine à réagir aux actes du joueur pour tenter de remporter la partie. Une façon comme une autre de se distraire. C'est avec cet homme que Baer doit partager l'invention du concept du jeu et par la même, la polémique. Pourtant la solution est simple. L'idée revient à Baer, mais la première application concrète fut réalisée par Douglas. Toutefois, il est abusif de prétendre que Douglas ait cherché à créer le jeu vidéo, dans la mesure où son projet visait en réalité à illustrer sa thèse sur les rapports homme/machine alors que de son côté, Raplh Baer avait clairement affiché son intention de concevoir un système de divertissement et de loisirs.
Loin de ces considérations philosophiques (hem), le premier objet qui peut recevoir l'appellation de "système de jeu vidéo" apparaîtra en 1958, sous les mains de Willy Higinbotham, physicien employé chez Brookhaven National Laboratories. Cet homme a l'idée de connecter un ordinateur à un oscilloscope qui fera office d'écran, il conçoit alors le premier Pong (Tennis For Two de son vrai nom), jouable à deux et en utilisant des contrôleurs, des pads en somme. Tragique destinée, la machine restera exposée 2 ans dans le labo de Higinbotham avant de voir ses composants être réutilisés sur d'autres travaux plus sérieux. Qu'à cela ne tienne, la machine est lancée, l'idée poursuit son chemin.
Peu après, Ralph Baer revient dans la danse, en 1966. L'homme n'a pas oublié ses vieilles idées et se met à concevoir divers prototypes de jeux variés, des carrés qui se courent après, un jeu de tir etc. 7 prototypes au total, qui furent présentés en premier lieu à des constructeurs de télévisions. La marque Magnavox signera un contrat avec Baer et lancera sur le marché un nouveau type de machine : un système de jeu vidéo. L'Odyssey sera commercialisée en 1972 et permet de pratiquer quelques jeux surnommés "Balls and Paddles", Ping-Pong, Tennis, Volleyball et Basketball. Malgré de bons débuts (100 000 unités vendues), la machine de Magnavox finit par tomber en disgrâce en 1974 après avoir accueilli 28 titres. L'une des causes de sa fin prématurée fut la confusion des clients et le manque d'information des revendeurs. Magnavox étant un fabricant de télé, on ne tardera pas à penser que la console ne peut-être utilisée que sur une télé de cette marque. Les revendeurs ignorants ne démentiront pas.
C'est véritablement à la suite de cette machine que sont arrivés nombre d'autres systèmes de jeu et de Pongs en tout genre qui vont se mettre à envahir le marché tant américain qu'européen. Dès le lancement de l'Odyssey, un jeune blanc bec, geek parmi les geeks qui avait découvert le jeu avec le Space War de Steve Russel, s'intéresse à la bête et collabore avec Magnavox, au passage il crée la firme Atari. Son nom, vous le connaissez certainement, Nolan Bushnell. Sa société sera l'une des seules à survivre à la rude compétition que se livreront les fabricants durant la seconde moitié des années 70. C'est le début d'une épopée qui mènera à l'arrivée de micro-ordinateurs familiaux, à la guerre contre Amiga etc. Sujet traité plus loin dans ce dossier.
En attentant de nous gaver d'Atari ST, la firme de Bushnell commence par mettre en vente des consoles dédiées, systèmes qui ne peuvent faire tourner qu'une seule jeu embarqué, ou des jeux d'arcade, à commencer par Computer War qui fut cependant un échec Viendra, plus tard et surtout, la première console à cartouches interchangeables qui connaîtra un succès fulgurant : L'Atari VCS.