Après avoir résolu quelques problèmes de droits liés à son partenariat avec Magnavox et s'être fait racheté par Warner Communication, Atari finit par avoir les mains libres pour lâcher sur le marché sa VCS2600 en 1977. Le tout faisant suite à une première distribution de machines d'arcade, à commencer par Computer Space en 1970, borne aux formes arrondies et d'un joli jaune (on avait du goût en ce temps-là) ou l'inénarrable Pong en 72. Le Video Computer System, première console 8 bits, repose sur un principe simple : une carte mère qui se charge de calculer les informations qui se trouvent dans la ROM (la mémoire morte dans le jargon). Dans les machines "stand alone", la ROM est enfichée sur la carte mère, dans le VCS elle est externe, interchangeable et logée dans une cartouche. Très vite Atari distribuera sur VCS les hits qu'il a déjà sorti dans les salles d'arcades qui furent sans doute son principal vecteur de renommée à l'époque. L'arrivée de jeux tels que Pong, Tank ou Space Invaders concrétise le désir des joueurs de retrouver des titres familiers chez eux et sans avoir à nourrir de fric une machine à sous. Dès lors, le succès de la machine dépasse les espérances. A l'origine, 10 jeux devaient voir le jour sur ce support, baptisés avec une originalité folle, 01. 02. 03 etc. Mais le succès appelle le succès, à l'image de la Playstation, les fortes ventes (tout est relatif) incitent de nombreux développeurs/éditeurs à sortir pléthore de titres, dont de nombreux ne resteront pas dans les annales, loin s'en faut. Quantités de jeux mythiques viendront gonfler la ludothèque de la VCS, comme le premier titre en vue subjective (Battlezone).
Atari n'est ceci dit pas seul en course. D'autres constructeurs tentent leur chance. Mattel, par exemple, avec son Intellivision qui a fait les beaux jours du camarade Jihem même s'il n'aura jamais joué qu'à Burger Time, ce gros boulet. Elle n'aura en revanche pas fait faire fortune à ses parents. Handicapée par une prise en main assez délicate (un disque faisait office de croix directionnelle), la console n'aura pas fait un grand boum sur le marché malgré le côté high tech que lui conférait son design et surtout son synthétiseur vocal. Chez CBS Electronics, la Colecovision fut elle aussi une sérieuse concurrente à l'Atari VCS2600. Inspirée de l'architecture des ordinateurs MSX, cette bécane sortie en 1983 se permettait carrément de faire tourner les jeux de la VCS via un périphérique spécifique. Atari a apprécié vous vous en doutez. Une tripotée d'accessoires verront le jour sur ce premier PC déguisé en console (comme quoi Infinium Labs n'a rien inventé), pédales, manettes de jeu dédiées à la boxe et bien d'autres.
Mais en cette année se profilent déjà de lourds nuages noirs sur l'horizon de ces pionniers aventureux, nuages qu'ils ont eux-mêmes entretenu. En 1983/84 se produit un crash du marché naissant du jeu de salon. Tout s'effondre et même Atari et sa VCS ne sont pas épargnés. La cause ? Un certain dégoût provoqué par la masse de mauvais titres et le fait que les micro-ordinateurs soient devenus familiaux. Simples d'usage, moins onéreux, ils entrent dans les foyers, capables de faire tourner des jeux d'une bien meilleure qualité technique. Ils vont rapidement éclipser les consoles, compensant leur prix par leur aptitude à rendre de nombreux services annexes. Panique à bord, rien ne va plus. Atari pour sa part saura saisir la balle, il faut dire qu'il fait partie de ceux qui l'ont lancée. Mais de cela on parlera dans la seconde partie, celle dédiée aux micro. En attendant, il faut attendre 1985 pour que soit relancé le marché du jeu de salon. 3 lettres d'or, un constructeur japonais, une conception du jeu qui saura faire la différence : NES.