Du monde au balcon
A la fin des années 70 va commencer à apparaître une myriade de systèmes de micro-ordinateurs divers, à peu près autant qu'il peut y avoir de fringues dans une boutique à la mode, de quoi faire tourner la tête à n'importe quelle acheteuse, surtout si on sait que le petit top de la marque X ne peut absolument pas se porter avec le chemisier de la marque Y sous peine de se mettre à vous insulter à coups de Disk Error (oui un petit top peut dire ça s'il a un processeur). La conquête des foyers ne sera pas évidente, les machines coûtent cher et les quidams voient mal à quoi tout ce bouzin de circuits pourrait bien leur servir. Il faudra convaincre le public qu'un ordinateur sait faire plein de choses indispensables à l'être humain moderne, comme aider à la compta, au traitement de texte, à faire tourner des jeux ou, surtout, permettre de créer des super programmes qui dessinent tout seuls des ronds à l'écran. Indispensable ça. Ces ordinateurs, nous sommes nombreux à les avoir côtoyés dans nos salles de classes à l'école primaire si ce n'est dans nos propres demeures. Souvenez-vous du TO7 avec son crayon optique qu'on venait écraser sur l'écran. Et en toile de fond à tout ça, se développe le PC chez IBM, peinard dans son coin, pendant que nous pauvres malheureux, recopions des pages et des pages de code en BASIC dans les magazines spécialisés, code qui au bout de nombreuses heures allait se transformer en un jeu presque gratuit et presque bien (message perso : merci maman d'avoir fini à ma place de recopier les DATAS). IF, THEN, GOTO, GOSUB ! Aaarrghhh !!!!
Atari 400 et Commodore VIC 20
En 1979, Atari a lancé son premier micro-ordinateur, l'Atari 400 et son copain, le 800, en réponse à l'Apple 2. Techniquement il s'agit des premiers micro vraiment orientés vers le jeu mais ils seront boudés par le public au profit d'une autre machine produite en 1980 par la firme Commodore, fondée en 1955 et spécialisée dans le matériel de bureau (calculatrices et autres machines à écrire). La machine en question se nomme VIC 20. Il coûte moins cher et se montre plus "user friendly", comme on dit chez Mac, avec son usage plus abordable et son joli mode d'emploi.
De surcroît, Commodore se montre habile dans sa communication, expliquant clairement l'intérêt d'un micro multi-usage comparé à une bête machine à jouer. La bête connaîtra le succès pendant qu'Atari sortira les rames avec son 400. C'est que dans les yeux du public, Atari évoque la VCS. Déjà en ce temps-là, on se plaisait à cloisonner les activités. A cette époque, ces micro grands publics tiennent plus d'une console aux hormones que du PC et il n'est pas encore temps de voler la vedette aux systèmes de jeux de salon. Les soft ludiques qui sont disponibles sont toutefois plus performants, encore que dans le cas du VIC 20, ce ne soit pas vraiment exact. Mais la créativité et surtout la capacité à créer des jeux certes très simples pour ne pas dire basiques mais fun, comblera cette lacune. Un grand nombre de titres sortiront sur la machine de Commodore jusqu'en 1984, en attendant la relève, ou plutôt de se faire supplanter par son grand frère, le Commodore 64. Avant d'en arriver là cependant, assistons à la naissance en 1983, d'une tentative de standardisation qui devrait vous rappeler celle de 3DO bien des années plus tard.
Avant le PC, le MSX
Le but du standard MSX fut de tenter de résoudre une situation qui devenait intenable. Les systèmes informatiques fleurissent à tout va, aucun n'est compatible avec les autres (souvenez-vous, le petit top bleu), et même si le public s'y retrouve dans une certaine mesure, la demande d'un standard existe. ASCII, Sony et Matsushita vont donc s'efforcer d'en imposer un, qui sera introduit en société par un homme, Kazuhiko Nishi , ingénieur chez ASCII. Je rappelle le principe du standard qui consiste à créer une base que n'importe quel constructeur peut adopter pour produire des machines, ce qui induit quelques différences techniques à l'occasion, notamment en matière de mémoire puisque celle des produits MSX variaient de 16 à 64 Ko. Oui les jeunes, à l'époque on parlait en kilo octets et on envisageait le mega comme vous vous pensez au tera octet. Vous verrez quand vous aurez des gosses comment ils regarderont votre disque dur moisi de 160 Go en se demandant où vous colliez les 6 tera octect de Half-Life 6.
Bon, je m'égare là. Dans l'histoire du MSX, on trouve un petit bonhomme à l'air ahuri de taupe égarée en plein jour, maigrelet, associal et blanc comme un linge. Mais non pas moi, c'est Bill Gates, tout joyeux à ce moment-là d'avoir accouché du système d'exploitation MS-DOS dans sa société Microsoft. Billou va se prendre d'intérêt pour le MSX et Microsoft participera à l'aventure pour un temps. Un temps assez bref d'ailleurs car il quittera le navire peu après son lancement en 1983 face aux résultats peu brillants en Amérique. De manière générale, le succès rencontré par les machines MSX est très variable selon les pays, il cartonne à certains endroits et fait un bide ailleurs, lapidé par la presse bien souvent. On lui préfère ses concurrents, Amstrad notamment qui est en vogue dans les années 80. Un sort assez injuste car le MSX avait de quoi en faire voir aux autres supports et se trouve très bien supporté par les éditeurs qui le garniront d'excellents jeux. Mais il sera malgré tout éclipsé par le Commodore 64 ou les CPC sortis en 84. Sa carrière se poursuivra tout de même jusqu'en 1988, après lui avoir fait subir quelques révisions et changements de modèles. Le MSX reste vivace dans de nombreuses mémoires de joueurs de ces temps reculés.