Afin de permettre à tous les fans de la saga de patienter sagement durant les trois années qui devaient séparer la sortie de Wind Waker et de Twilight Princess, Nintendo développe en parallèle un certain Four Swords Adventure. Calqué sur le principe du mode Four Swords proposé dans la version GBA de Zelda : A Link to the Past, cet opus en marge de la saga voit donc le jour le 7 janvier 2005 en Europe. Adoptant une perspective en vue de dessus rappelant fortement l'épisode Super Nintendo, ce titre n'est certes pas le plus ambitieux de la série, mais il possède un charme indéniable qui ne peut qu'interpeller le coeur des nostalgiques. En parcourant l'aventure de bout en bout, on se rend compte que celle-ci comporte un nombre insensé de clins d'oeil et de références aux autres titres de la saga Zelda, y compris les plus récents, ce qui rend le soft d'autant plus attachant. Sa découverte est d'ailleurs un véritable bonheur pour tout fan qui se respecte, aussi bien en solo qu'en multijoueur.
La particularité de Four Swords Adventure réside effectivement dans sa convivialité. Même s'il est tout à fait possible de parcourir la quête principale en solo, le système de jeu a été conçu de manière à permettre l'aventure en coopération jusqu'à 4 joueurs. Le mode Epopée d'Hyrule (Hyrule Adventure) procure ainsi deux expériences de jeu sensiblement différentes selon que vous optiez pour une partie solo ou multijoueur, mais les deux méritent largement le coup d'oeil. Dans le premier cas de figure, le joueur aura la lourde tâche de contrôler 4 Link à la fois, chose rendue possible grâce à l'efficacité redoutable de l'interface qui permet de recourir facilement à toutes sortes de raccourcis pour gérer les actions conjointes ou individuelles des quatre personnages. Au bout de quelques minutes, on évolue dans le jeu de manière parfaitement naturelle, soit en utilisant directement le pad GameCube, soit en passant par une GBA reliée au port manette. Cette dernière option donne accès à quelques modifications pratiques, en affichant l'action tantôt sur l'écran de la télé, tantôt sur l'écran de la portable, selon que vous évoluiez en extérieur ou dans les bâtiments.
En multijoueur, le recours aux GBA en guise de manettes est une obligation, aussi bien durant les parties à 2, à 3 ou à 4 joueurs. Le problème réside dans les contraintes matérielles et budgétaires que cela implique, puisqu'il vous faudra investir dans l'achat de câbles et réussir à regrouper autant de consoles portables qu'il y a de joueurs. Nintendo nous a donc refait le coup de Final Fantasy Crystal Chronicles, et il est clair que rares sont ceux qui auront pu profiter des joies du multijoueur dans Four Swords Adventure à cause de cet aspect-là. Malgré tout, il faut bien reconnaître que le principe fonctionne réellement bien une fois les conditions réunies, puisque même si la quête reste la même qu'en solo, les astuces de progression se renouvellent un petit peu selon le nombre de participants. D'une manière générale, l'aventure nous fait explorer 8 mondes composés chacun de plusieurs étapes situées dans les différentes contrées d'Hyrule, mais aussi à travers un certain nombre de donjons qui se soldent généralement par la confrontation avec un boss et la libération d'une jeune fille enfermée dans un cristal.
Chaque environnement donne lieu à une pléthore d'énigmes délicates à résoudre, reposant sur l'utilisation astucieuse des armes, mais aussi sur la complémentarité entre les personnages dont les capacités varient en fonction des objets qu'ils ont choisi d'équiper. La progression comporte également son lot de batailles acharnées, parfois contre des tonnes de monstres simultanément, et c'est là qu'on commence à se rendre compte de toute la pertinence du système de jeu à plusieurs. Car même si les joueurs sont contraints de coopérer s'ils veulent avancer dans les niveaux, rien ne les empêche de se mettre des bâtons dans les roues en entravant la progression de leurs partenaires pour leur faire perdre des vies et leur voler leurs Rubis. Chaque fin de niveau se solde d'ailleurs par l'attribution des récompenses et l'élection d'un vainqueur, ce qui ne manque pas d'inciter chacun à délaisser bien souvent l'entraide au profit de la fourberie, ce qui pimente d'autant plus les parties.
Largement mésestimé par le public, Four Swords Adventure est un épisode que l'on peut refaire des dizaines de fois sans que le plaisir de jeu ne perde en intensité. Le soft propose également de s'essayer à des mini-jeux plus ou moins passionnants, ainsi qu'à des sortes de Deathmatchs à travers le mode Bataille de l'Ombre (Shadow Battle). Ce dernier vous projette dans des arènes où l'objectif est de mettre à mal les autres Link en utilisant toutes les ruses possibles et imaginables. La déception viendra finalement de l'absence du mode Navi Trackers dans la version européenne du jeu. Cette chasse aux trésors imprégnée de l'ambiance de Wind Waker rend immédiatement accro, la compétition étant possible aussi bien en solo contre l'infâme Tingle qu'en multijoueur. La raison probable de l'abandon de ce mode de jeu dans la version européenne serait due à un problème relatif à la difficulté d'adapter les voix des personnages en VO qui appelaient les joueurs par leurs prénoms, ceux-ci étant composés nécessairement de deux syllabes juxtaposées, mais ce n'est qu'une hypothèse. Il y a tout de même de quoi se sentir lésé, surtout quand on connaît tout le potentiel ludique que renferme ce mini-jeu. Il y aurait des tonnes de choses à dire sur ce Navi Trackers, c'est pourquoi je préfère vous renvoyer vers la page qui lui est consacrée ici dans le dossier Four Swords Adventure, où vous trouverez également bien plus de détails concernant cet épisode méconnu de la saga Zelda que je vous invite à découvrir au plus vite.