Note de la rédaction
Spécifications | |
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Compatibilité | PS4, Windows 7/10 |
Type de connexion | Bluetooth / Filaire en USB |
Boutons d’action | 4 + 6 + 2 |
Sticks analogiques | 2 |
Croix directionnelle | Oui |
Vibrations | Oui |
Détection de mouvements | Non |
Batterie | Intégrée, non amovible |
Poids | 350g |
Dimensions | 157 x 104 x 58 mm (avec sticks et boutons) |
Si les manettes “Pro” filaires sont légion sur à peu près toutes les plateformes, rares sont les fabricants à avoir tenté l’aventure du sans fil. Entre risques d’interférences ou de déconnexion en pleine partie, connexions radio propriétaires au sein des consoles et légère latence du Bluetooth, c’est bien l’USB qui a toujours eu la préférence des joueurs en tournois. Mais après la démonstration du contrôleur Elite pour Xbox One, modèle premium filaire et sans fil qui a su susciter l’intérêt du grand public, voilà que Razer saute le pas à son tour avec deux modèles, les Raiju Tournament Edition et Raiju Ultimate. Et c’est bien cette dernière que nous mettons aujourd’hui à l'épreuve de notre regard critique.
Si le terme Raiju ne vous est pas inconnu, c’est parce que Razer nous a déjà gratifié en décembre 2016 d’une manette pour Playstation 4 portant ce nom. Pour autant, ce modèle Ultimate ne se présente pas comme une simple évolution de son prédécesseur mais bien comme un contrôleur à part, avec un design, une ergonomie et des particularités techniques qui lui sont propres. Et c’est tout d’abord dans ses courbes que la Razer Ultimate se différencie. Des poignées larges, tout en rondeur, plutôt courtes d’ailleurs, pour une prise en main assez différente de ce que l’on a l’habitude de voir sur ce type de manette. Histoire d’imager ce ressenti, disons qu’on a l’impression de tenir une version épaissie et alourdie de la DualShock 4, avec au programme une bonne préhension pour les mains d’adultes mais un confort tout de même légèrement inférieur à celui que propose la Elite, la faute à un angle des mains imposant une cassure plus importante des poignets. Les mains d’enfants auront, comme c’est souvent le cas avec ce type de matériel, plus de mal à atteindre confortablement les différentes commandes mises à disposition. Reste que le niveau de finition comme la qualité générale des différents éléments forcent le respect. On est bien sur un modèle premium à tous les niveaux.
Sous les pouces, la Razer Ultimate place ses joysticks en symétrie, comme sur la DualShock 4, avec le même entraxe de 53 mm. On aime ou pas, mais cette position favorise évidemment la croix directionnelle au détriment du stick gauche. Néanmoins, il faut reconnaître que ces sticks sont fort agréables à manipuler. Offrant une résistance plutôt élevée, ils se montrent précis tant dans le maintien d’une direction que dans celui d’une valeur intermédiaire, avec une glisse agréable jusque dans les mouvements les plus rapides. La différence avec la Raiju première du nom ou le modèle Wolverine Tournament Edition ? Une demi boule métallique et non plastique, à la base du stick, qui assure une rotation à la fois fluide et stable. Sur ce dernier point, on reconnaît l’influence de la Elite qui utilise exactement la même technique, apparemment efficace.
D’ailleurs, comme sur cette dernière, il est possible de changer la hauteur ou le type de chapeau avec 2 sticks supplémentaires, l’un court et convexe, l’autre plus long et concave, quand les deux modèles montés par défaut sont courts et concaves. Dans tous les cas, la surface offerte aux pouces est supérieure à la moyenne, avec un diamètre de 19 mm contre 18 mm pour la DualShock 4 ou 17 mm pour les manettes Microsoft. Et si cette différence peut paraître anodine, elle se montre tout à fait intéressante en jeu avec un gain de confort indéniable et une accroche plus convaincante, quand bien même la texture de ces chapeaux n’est pas des plus marquées. C’est particulièrement un atout pour le stick convexe, habituellement un peu glissant, mais qui ici montre tout son potentiel. Et alors que nous avions pointé quelques problème de glisse avec la Razer Wolverine TE, laquelle partage les mêmes designs de chapeaux, nous profitons ici d’un très léger ajout de relief et de grip qui suffit à nous convaincre.
Autre contrôle à profiter d’éléments interchangeables : la croix directionnelle. Au choix, quatre boutons indépendants ou un plateau intégral. Pour ce dernier, notre première impression était que l’angle de bascule, un peu léger, ne laissait qu’une faible réponse tactile à nos mouvements. Avec la surface très lisse de ce plateau, on a en effet plus l’impression que notre pouce glisse, plutôt qu’il appuie véritablement sur les contacteurs, très secs. Ce sentiment fut toutefois démenti dans la pratique : ce système nous permet en vérité d’enchainer les quarts de tours, les changements rapides de directions, avec une vitesse et une précision plus que louables. Ce n’est pas le must du confort qu’on nous propose là, mais un véritable outil de performance. Il faut simplement accepter de changer quelques automatismes.
C’est aussi le cas avec le second module, plus proche de ce que propose la DualShock 4, mais avec une différence de taille : les boutons sont véritablement indépendants et ne sont aucunement liés entre eux. Ainsi il est tout à fait possible d’envoyer simultanément les commandes droite et gauche en même temps, voire même les quatre directions d’un seul coup. Quel intérêt ? Aucun, si ce n’est que le ressenti sous les doigts est assez particulier, très efficace dans les menus, un peu étrange lorsqu’il s’agit de glisser d’une direction à l’autre, avec là encore un besoin de s’y habituer pour en profiter pleinement. En tout cas, on apprécie grandement l’absence de flou de cette croix directionnelle, capable d’enchainer les instructions à toute vitesse, quel que soit votre choix de module.
A l’arrière, on retrouve exactement la même configuration que sur la Razer Wolverine Tournament Edition, avec une vraie amélioration des boutons de tranche L1 et R1. Secs et très rapides à l’exécution, ils sont aussi suffisamment larges et épais pour tomber naturellement sous les doigts. Une vraie réussite qu’ils partagent tout autant avec les gâchettes, précises et offrant une faible résistance, couplé à un retour rapide. Ces dernières sont d’ailleurs verrouillables d’un geste à un tiers de leur parcours, pour une efficacité parfaitement palpable dans les jeux de tir. En effet, la course après verrouillage, bien moins longue que celle de la Elite, offre une cadence de tir beaucoup plus élevée et même la possibilité de pratiquer le double-tap à deux doigts. Néanmoins, si nous avions apprécié les touches M1 et M2 de la Wolverine, placées entre les gâchettes, nous modérons ici un peu notre enthousiasme, la faute à une coque plus épaisse qui rend ces deux touches un peu moins accessibles pour nos mains. Un placement sous les gâchettes aurait certainement été préférable.
A l’inverse, les palettes situées sous la manette, et nommées M3 et M4, profitent de ce nouveau design pour mieux se placer sous nos doigts. Elles sont ici plus faciles d’accès et moins sources d’erreurs que celles de la Elite ou de la Nacon Revolution 2, notamment grâce à une surface large et bien définie dans cette partie du design qui nous est invisible en jouant. Elles devraient en tout cas être plébiscitées par rapport aux M1 et M2, moins bien différenciées, pour remplacer les boutons principaux.
Ces derniers ont d’ailleurs subi un léger lifting par rapport à ceux des modèles Raiju et Wolverine Tournament Edition. Toujours aussi petits comparé à ceux d’une DualShock 4, ils bénéficient désormais d’une épaisseur à peine plus importante, mais suffisamment grande pour que le ressenti soit largement meilleur. Reste que le vide laissé entre chaque bouton nous paraît trop important. Ainsi, si le contacteur “Meca-Tactile” qui se cache derrière est très efficace pour le matraquage à grande vitesse, il reste en termes de confort un petit écart entre cette Raiju Ultimate et une Nacon Revolution 2, particulièrement quand il s’agit d’agir longuement sur une touche ou d’appuyer sur deux boutons simultanément.
La Raiju Ultimate a beau être une manette officielle pour Playstation 4, elle ne possède pourtant pas l’intégralité des fonctions d’une DualShock 4. Si l’ensemble des touches et le pavé tactile sont bien de la partie, il manque d’une part la reconnaissance des mouvements et d’autre part la barre lumineuse, empêchant du coup toute utilisation en VR. De même, la connexion Bluetooth ne se montre pas équivalente à celle, propriétaire, qu’offre Sony à ses propres contrôleurs. Ainsi, si nous n’avons noté aucune latence ni la moindre déconnexion, même minime, durant notre test, il faut savoir que la manette n’a pas pu nous offrir la gestion du micro-casque depuis son port dédié, du moins tant que l’USB restait déconnecté. On apprécie néanmoins que la batterie intégrée permette de jouer pendant près de 15 heures, soit le double d’une DualShock 4, pour une recharge complète en un peu plus de 3 heures. A noter aussi que le long cordon USB/Micro USB de 3 mètres, épais et tressé, possède un format assez spécial côté manette, de telle sorte qu’il sera assez difficile à remplacer en cas de casse.
Pour prendre la main sur les fonctions de la Raiju Ultimate, Razer propose deux méthodes complémentaires. La première s’appuie simplement sur les 4 boutons de façade de la manette, lesquels offrent une panoplie plutôt complète : Changement de profil, réattribution des touches M, réglage de luminosité de la zone RGB entourant le pavé tactile, lock des touches PS, Share et Option, mais aussi accès à une connexion indépendante vers votre mobile. Ainsi, si vous possédez un appareil iOS ou Android, vous pouvez télécharger gratuitement l’application Razer Raiju, laquelle donne le contrôle à toutes les options déjà citées, plus un réglage de l’effet RGB de chaque profil et une fonction de changement de sensibilité des sticks à attribuer à l’une des touches M. C’est simple, très visuel et plutôt complet, même s’il manque le changement de courbe des sticks que propose la Nacon Revolution 2, ou la réattribution totale des touches comme pour la Elite. On apprécie néanmoins que la Raiju ultimate propose 4 profils dans sa mémoire interne et une infinité de profils supplémentaires dans l’application, pour peu que vous ayez créé un compte Razer. Profils qu’il est possible d’utiliser dans toutes les conditions de connexion, sur PS4 comme sur Windows.
Car la Razer se présente aussi comme un contrôleur PC, sous Windows 7 à 10 uniquement pour le moment, avec une reconnaissance immédiate sous Steam en tant que contrôleur générique, mais aussi avec le soutien d’un pilote pour les jeux non-Steam. On regrettera néanmoins que dans les conditions actuelles du test, on ait droit seulement à un pilote invisible, sans fenêtre de réglage, ne permettant pas d’utiliser le pad tactile tant en surface de contrôle qu’avec ses deux boutons indépendants, et n’offrant pas non plus l’utilisation indépendante des touches M, l’intégration se limitant à une imitation de la manette pour Xbox One. Dommage par exemple que Razer n'ait pas eu la bonne idée d'utiliser son logiciel Synapse pour nous donner accès à son interface.
Pour conclure, nous sommes face à une manette qui inspire confiance quant à son niveau de fabrication avec des plastiques de qualité, des contacteurs très réactifs et des éléments qui, d’un point de vue mécanique, ne souffrent d’aucun défaut notable et profitent réellement au joueur en quête de performance. On apprécie tout particulièrement le toucher des sticks, les possibilités de la croix directionnelle, tout en regrettant que les deux ne soient pas interchangeables pour permettre un design asymétrique. La partie software sur smartphone n’est pas en reste puisqu’elle se montre pratique, assez complète et facile d’accès. Enfin, si nous avons vraiment apprécié d’avoir enfin une manette premium sans fil pour Playstation 4, on ne peut que déplorer que la prise casque ne fonctionne que lorsque l’USB est branché et qu’il manque la reconnaissance des mouvements ou la barre lumineuse pour l’utilisation en VR. A près de 200 euros la manette tout de même, dommage que ces quelques défauts viennent entâcher un tableau quasi-idyllique .
Points forts
- La finition premium à tous les niveaux
- Une manette agréable pour les mains d’adultes
- Le lock des gachettes, super efficace
- Des sticks larges exceptionnels
- La réactivité de l’ensemble des commandes
- Une croix directionnelle nerveuse et étonnante
- Paramétrable directement depuis la manette
- L’application smartphone très convaincante
- La possibilité de contrôler la sensibilité des sticks en temps réel
- 4 mémoires intégrées à emporter partout
- Des touches M3 et M4 qui tombent juste sous les doigts
- Une housse rigide efficace
Points faibles
- Les touches de façade encore trop petites et trop écartées
- Le port micro casque limité au filaire
- M1 et M2 auraient pu être mieux placées
- Un câble USB difficile à remplacer
- Mapping qui ne gère que les touches M1 à M4
- Pas de barre lumineuse pour la VR ni reconnaissance des mouvements
- Intégration sous Windows un peu limitée
Voilà une manette taillée pour la compétition. Avec ses contacteurs plus réactifs que la moyenne, sa croix comme ses sticks interchangeables et ses touches ajoutées à l'arrière, la Raiju Ultimate vient prendre la place d'un modèle Elite sur console Sony. Reste quelques absences comme la détection de mouvements ou la barre lumineuse qui la rendent notamment incompatible avec la réalité virtuelle, des éléments qui l'on pardonnera toutefois aisément devant la qualité générale des prestations.