Note de la rédaction
Compatibilité : PC , Multiplateforme via adaptateurs optionnels / Joystick : NC / Type de boutons d’action : NC / Nombre de boutons d’action : 8 + 1 par joueur / Connexion : USB/PS2 sur câble avec connecteur DB9 / Mode Turbo : Non / Mécanisme d'ouverture : Non / Poids :4,0 kg / Dimensions : 61 x 29 x 11 cm (sur pieds, mais sans stick et boutons) / Prix moyen constaté (08/2017) : 179 €
Aurions nous vraiment pu continuer ce comparatif sans aborder un jour la question du Dual Stick de X-Arcade? Ce monument qui perdure depuis une décennie sans se démonter face aux changements, survit aux “NextGen” à coup d’adaptateurs et de très légères mises à jour électroniques, affirmant toujours fièrement sa construction à toute épreuve et son état d’esprit résolument tourné vers le rétro. Mais ce dinosaure de l’arcade est-il vraiment si combatif face aux modèles actuels ou, faute de tenir ses nombreuses promesses, s’approche-t-il inexorablement de son extinction?
Sur le papier, le Dual Tank représente tout ce que le joueur collectionneur peut espérer, à savoir un modèle capable de fonctionner avec un grand nombre de machines, actuelles ou connue comme ayant fait l’histoire du jeu d’arcade. L’intégralité des consoles de salon de Sony ou Microsoft, la Dreamcast de Sega, les Gamecube et Wii de Nintendo, sans oublier le monde des ordinateurs avec Windows, MacOsX ou encore Linux, sont autant de plateformes avec lesquelles ce double joystick s’annonce compatible, à condition de faire l’acquisition des adaptateurs correspondants à vos machines. Et à ce petit jeu, la note peut vite s'avérer salée. Si vous l’achetez en France chez le distributeur officiel, le Dual Stick est fourni avec un câble dédié au PC pour la somme plus que raisonnable de 179€. Mais il faut alors débourser deux fois 89€ pour les adaptateurs PS4 et Xbox One, et deux fois 49€ pour l’ensemble des consoles Old Gen, exception faite de la Xbox 360 dont l’adaptateur est pour le moment tristement absent. Cela représente un investissement de 455€ au total, mais si les prestations étaient à la hauteur, pourquoi pas. Sauf que ce n’est clairement pas le cas ici.
Le concept du Dual Stick n’est pourtant pas à remettre en cause. Au delà de son look résolument Old School, il a cela de particulier qu’il propose d’office les commandes pour deux joueurs sur un seul et même panneau. Deux camarades qui joueront forcément des coudes, à la manière de nos expériences sur les bonnes vieilles bornes d’arcades, puisque la largeur totale n’est “que” d’une soixantaine de centimètres avec un espace d’à peine 28 centimètres entre les deux sticks. Un parti pris qui mise donc sur la convivialité et la chaleur humaine plus que sur le confort réel nécessaire à la compétition de haut niveau. Le Dual Stick est d’ailleurs peu adapté au jeu seul avec l’accessoire sur les genoux, la faute à un compromis difficile entre position de jeu et balance de l’ensemble. Mais à deux, même si l’équilibre n’est pas optimal et dépend de la bonne volonté des deux joueurs, le plaisir est immédiat tant que l’on reste sur du jeu “divertissement”, sans nécessité d’une grande précision dans la réalisation de combos techniques. Parfait pour du Puzzle Bobble, un peu moins pour du Street Fighter II. Evidemment, une fois posé sur un support lisse, il fait alors la démonstration d’une grande stabilité, qu’on s’y adonne seul ou en duo d’ailleurs, et ce grâce à son large empattement couplé à pas moins de 6 pieds de caoutchouc.
Par contre, si la présence de deux boutons sur les côtés est idéale pour jouer aux jeux de flipper, nous avons été franchement déçus par le choix de l’organisation en 6+2 sur le panneau supérieur. Ce schéma s’adapte vraiment mal à la plupart des titres et rivalise difficilement avec ceux des Vewlix et autres dérivés. Dans le cas d’un Street Fighter où l’on utilise deux rangées de trois, on se retrouve gêné d’une part avec les deux boutons qui restent à l’avant, et d’autre part avec l’alignement parfait de chaque rangée, alors qu’une courbe aurait été bienvenue. Dans le cas d’un SoulCalibur ou d’un jeu Neo Geo à 4 boutons, on peine à trouver une position adaptée pour que tout tombe naturellement sous les doigts. Et même pour un jeu ne nécessitant que deux boutons, on se retrouve soit avec un gros décalage vertical avec le stick, soit avec des touches inutilisées qui tombent sous les paumes. A cela s’ajoute un espace trop large entre les boutons qui empêche de trouver une position un tant soit peu confortable à la longue. Sincèrement dommage qu’une révision de ce layer n’ait pas eu lieu pour adopter quelque chose de plus standard et moderne car dans le cas présent, le confort en pâtit énormément, gâchant totalement la qualité pourtant palpable des équipements.
En effet, le Dual Stick propose des éléments exclusifs à la marque qui n’auraient rien à envier à ceux des bornes professionnelles, pour ses sticks comme pour ses boutons. Avec ces derniers, on profite de modèles réactifs, offrant une course à peine plus élevée que celle des Sanwa OBSF-30, mais possédant un point d’accroche plus prononcé et une amplitude après contact assez élevée. La sensation n’est franchement pas désagréable, bien au contraire, et cette solution a l’avantage d’éviter les contacts inopinés sans pour autant baisser la rapidité d'exécution. Idéal pour unifier les joueurs débutants et confirmés autour d'un jeu, ce qui confirme la cible plutôt familiale du Dual Stick. Pour les frappes multiples à deux doigts, il faudra néanmoins un peu plus d’entrainement, les boutons ayant un peu de mal à enchainer les appuis venant d’angles différents.
Côté sticks, on dispose d’un modèle assez proche du Taeyoung Fanta que l’on trouve sur l’Etokki Omni Revision 8, avec des dimensions plus imposantes et une résistance encore plus élevée. Mais comme sur le modèle Coréen, point de réducteur pour limiter les mouvements : le trou de perçage fait office de butée pour la tige, et les ressorts des contacteurs marquent les différentes positions par un léger clic sonore accompagné d’une chute sensible de la résistance. L’amplitude avant contact est plutôt dans la moyenne, plus proche d’un Sanwa JLF-TP-8YT que d’un Hori Hayabusa, et profite d’un retour au centre sacrément rapide. Le format du stick, avec sa poignée en poire, se montre tout de même beaucoup plus imposant que le Taeyoung Fanta ou le Sanwa JLF qui équipe le Razer Panthera. Enfin on note que, dans un soucis de proposer une bonne expérience rétro, X-Arcade a doté ses sticks d’une limitation 4 directions, activable en modifiant la position d’une pièce à l’intérieur du joystick et permettant de jouer à certains des jeux les plus anciens (Pac Man ou Donkey Kong par exemple) dans de bonnes conditions. Juste dommage que l'opération ne puisse se faire à la volée et nécessite plusieurs minutes de bricolage avec outils.
Si le Dual Tank se montre vraiment Plug’n Play sur consoles, avec au pire un mapping des fonctions dans le menu du jeu, on ne peut malheureusement pas en dire autant de la connexion à un ordinateur, qui est la seule option disponible de base, et où le X-Arcade fonctionne comme un clavier et non comme un joystick. Cette limitation empêche donc de jouer à certains titres qui ne permettent pas le jeu à deux sur un seul périphérique, à moins de passer par un adaptateur console (Xbox 360, Xbox One, PS4 ou PS3 par exemple), puis d’ajouter une couche logicielle non officielle pour mapper les différentes actions. L’opération n’est clairement pas à la portée des débutants et se montre assez peu pratique à l’utilisation. Qu’il s’agisse de Steam comme de Mame sous Windows ou de Recalbox sur Raspberry Pi, nous avons dû systématiquement passer par des solutions logicielles alternatives, par des réglages en profondeur, voire par des modifications de lignes de code pour que cela fonctionne correctement. Bien sûr, le site américain du fabricant propose une FAQ des plus cossues pour nous aider dans notre tâche, avec toutes les informations nécessaires, mais l’ensemble est plutôt dédié aux experts qui ont du temps pour la recherche, et en tout cas à ceux pratiquant l’anglais.
Quant à la possibilité de re-mapper le Dual Tank en interne, elle existe mais se montre franchement peu utile et techniquement dépassée. En effet, la carte électronique offre bien 4 slots de mémoire (dont 3 personnalisables) mais demande à l’utilisateur d’utiliser un clavier externe au format PS/2, du genre de ceux qui ont disparu des étalages comme des bureaux depuis de nombreuses années, et qu’il faudra probablement aller chercher le dimanche matin à la brocante du coin. On aurait vraiment préféré profiter de l’interface graphique d’un driver dédié, avec de véritables profils sélectionnables, ou au moins d’une communication dans un format plus moderne comme le X-Input ou le D-Input, tel qu’on le trouve sur la totalité des modèles actuels.
Enfin, en termes de personnalisation, le Dual Tank n’est pas le terrain de jeu qu’on pourrait l’imaginer. Malgré sa grande taille, l’espace à l’intérieur est plutôt exigu et chargé de câbles divers. Difficile d’y trouver la place nécessaire pour ajouter une carte supplémentaire, même si plusieurs moddeurs ont déjà montré qu’il était possible d’y intégrer jusqu’à un raspberry, au prix du retrait de la carte d’origine. De même avec la personnalisation du vinyle qui, aux vues de la qualité du bois sur lequel l'original est collé, devrait poser quelques problèmes. Un bois qui, de part son épaisseur de 15mm, exclut aussi le remplacement des boutons par des modèles clipsables, tout comme avec les joysticks Sanwa ou Hori qui nécessiteront une rallonge de tige pour se retrouver à la bonne hauteur.
Pour résumer, ce Dual Tank est une solution tout terrain à condition de faire l’acquisition d’adaptateurs vendus séparément. Dans ce cas, il permet effectivement de jouer à de nombreuses plateformes en n’utilisant qu’un seul et même accessoire, à condition de mettre la main au portefeuille en acquérant les divers adaptateurs. Sauf qu’au delà des qualités évidentes de ses joysticks comme de ses boutons, son ergonomie est clairement inférieure à ce qui se fait actuellement, la faute à un layer totalement inadapté à la plupart des jeux, qu’ils soient modernes ou rétro. Enfin, nous pointerons son électronique qui date et se limite sur PC à un mode clavier désué et souvent incompatible avec des titres phares sans l’ajout de logiciels tiers. En clair, le concept reste intéressant et se montre toujours autant source de fantasmes, mais on est vite rattrapé par la réalité face à un modèle qui se montre finalement mal pensé et technologiquement dépassé.
Points forts
- Deux joueurs au coude à coude, à l’ancienne
- Compatible avec de nombreuses plateformes
- Le joystick et les boutons se montrent très agréables
- Les boutons de côtés pour jouer au flipper
- Une excellente stabilité sur table
Points faibles
- Organisation en 6+2 inadaptée à tous les styles de jeu
- Espacement des boutons beaucoup trop élevé
- Le prix des adaptateurs en option
- Une utilisation sur PC complètement dépassée
- Ni D-Input ni X-Input en sortie
- Le mapping qui nécessite un clavier PS/2
- Modifications et customisation difficiles
- Peu confortable sur les genoux