Même si certains d’entre vous se sont peut-être déjà fait leur propre avis sur les différentes technologies surround, nous nous sommes dits que quelques éléments de clarification ne seraient pas de trop, afin d’aider les éventuels néophytes à y voir plus clair, entre rendu 5.1 et 7.1, réel ou virtuel.
Commençons par les bases. A moins d’être touché par une quelconque déficience auditive, vous êtes censés avoir deux oreilles fonctionnelles. Et c’est avec ces deux organes que votre cerveau interprète l’intégralité de l’espace sonore qui vous entoure (on vous épargnera les subtilités afférant aux vibrations reçues dans les autres parties du corps). Ils vous permettent ainsi de faire parfaitement la différence entre un son qui vient de devant, un autre de derrière, vous autorisant à presque pointer du doigt une source sonore sans même en avoir un visuel clair. En vulgarisant un peu (beaucoup même), le système pourrait se comparer à l’action de deux microphones auxquels on serait branché en direct, l’un pointant vers notre droite, l’autre vers notre gauche. C’est ce que l’on appelle basiquement une écoute stéréophonique. Un principe parfaitement connu et utilisé par la plupart des médias depuis des décennies.
Sauf que ce schéma ne reproduit pas si fidèlement que ça la réalité. D’abord parce qu’il n’explique pas comment nous différencions l’avant de l’arrière, ou le haut du bas. Ensuite parce qu’il oublie que nos oreilles ne se limitent pas à leur partie “vibrante”, à savoir le tympan. En effet, il faut comprendre que le son ne se propage pas de façon uniforme. Et si les basses ont tendance à partir dans toutes les directions en traversant plutôt facilement les matériaux souples, les aigus, eux, sont plutôt du genre directifs et aisément absorbés par ces mêmes matières. Ce sont donc ces dernières fréquences qui vont nous aider, avec l’aide de nos pavillons d’oreilles asymétriques (les fameux matériaux souples), à déterminer la provenance de la source sonore que nous captons. En résumé (et en simplifiant encore), les sons qui viennent de côté (face à nos oreilles) sont chargés d’aigus, ceux qui viennent de devant le sont légèrement moins, ceux qui viennent de derrière sont encore plus “étouffés”, et ce sont ces variations qui nous permettent de positionner les sons dans l’espace.
Le dernier point qu’il convenait de préciser tient à la matière qui sépare nos deux oreilles, ainsi qu'à leur orientation. Ça peut paraître anodin, mais cette quinzaine de centimètres faite de matériaux absorbants (vos cheveux, votre cervelle, votre peau) joue un rôle crucial dans notre perception sonore. Ce que reçoit une oreille n'est donc pas forcément capté par l'autre, ou du moins pas de la même façon. Des différences de phase, de volume, de réverbération ou de fréquences sont donc transmises au cerveau qui, à force d'expériences, a appris à les interpréter en notions d'espace. Si un son arrive plus fort à droite qu’à gauche, c’est qu’il provient de votre côté droit. Il arrive décalé d'un côté, c'est que vous êtes peut être proche d'une surface réfléchissante. Combinez cela avec la gestion des fréquences dont on a parlé au-dessus et vous voilà équipés de super-capteurs sonores.
Alors, virtuel ou pas ?
Maintenant que les bases sont revues, parlons plus spécifiquement du rendu d’un son 3D au sein d’un casque, où toute la difficulté va consister à conserver une distinction claire entre les sources venant de l’avant ou de l’arrière, en plus des classiques droite et gauche, dans un espace de perception réduit à deux oreillettes. A ce jeu-là, on distingue trois grandes orientations technologiques. La première propose un rendu 5.1 ou 7.1 dit réel, en utilisant de multiples transducteurs répartis au sein de chaque oreillette, afin que chaque canal soit diffusé indépendamment. Le signal du jeu part donc en 7.1 vers la carte son, laquelle amplifie le signal et l’adapte au casque en respectant la place de chaque source. Seules les basses et le centre sont identiques pour chaque oreille et doublés pour l’occasion, ceux-ci ne s’exprimant qu’en mono.
Chaque oreille perçoit donc 5 sources et fait son propre mixage, le traitement des fréquences étant dans ce cas plutôt léger. C’est la solution la plus simple et la plus naturelle, mais elle possède évidemment quelques défauts. Avec plus de hauts parleurs, le casque est en effet plus cher à produire, plus lourd à porter, et il nécessite une amplification plus complexe et plus gourmande en puissance. Autre élément qui pousse les constructeurs à se détourner de ce concept : la multiplication des hauts parleurs augmente mécaniquement les risques de pannes, et donc, de retours SAV.
La seconde solution, plus pragmatique, consiste en une émulation du rendu 7.1. On reste sur un signal de base multicanal avec une carte son du même type, mais le mixage est fait en amont de l’amplification, pour qu’au final la diffusion se fasse sur 2 canaux. Bien qu’à première vue, ce concept paraît moins pertinent qu’une vraie expérience 7.1, sachez qu’en théorie, il n’en est rien : les deux technologies ont tout pour être aussi efficaces l’une que l’autre, une bonne gestion dynamique de l’espace sonore étant tout à fait en mesure de « berner notre cerveau ». Cependant, encore faut-il que la couche logicielle en charge du traitement soit performante… C’est à ce niveau que tout va se jouer. Les avantages en contrepartie sont multiples : légèreté du produit, compatibilité avec de nombreuses plateformes, et une configuration d’écoute en général plus polyvalente.
Là-dessus, vous vous demandez sans doute en quoi consiste la troisième solution ? Elle est dérivée de la seconde, mais demeure par essence bien plus problématique. Tout se joue au niveau du signal envoyé par le jeu ou le film, qui n’est plus pris en charge que sur deux canaux, de sa réception jusqu’à son amplification. Dans ce cas, l’effet surround (qui n’est donc ni du 5.1, ni du 7.1, contrairement à ce qui peut être parfois indiqué sur les boîtes), donne une impression de “volume sonore” qui ne correspond pas forcément à ce que l’on a à l’écran. Le cerveau ressent bien les déphasages et les variations de fréquences, et il peut même s’habituer à cette ambiance assez facilement, mais aucune des informations qu’il reçoit ne lui donne d’indication sur la direction sonore, au-delà des rapports droite-gauche. Pire, des artefacts générés par cette technique peuvent totalement brouiller la perception de positionnement des sons.
L’avantage pour les constructeurs d’une telle technique, c’est la simplicité de mise en œuvre et la possibilité de l’appliquer à toute plateforme gérant l’audio stéréo via USB. On est en plus sur une base de casque stéréo classique, potentiellement léger et efficace, avec une couche logicielle qui peut être elle aussi très légère. Le problème, c’est que l’apport d’un tel effet en termes de gameplay ou d’immersion est quasi nul, voire gênant.
Nous avons mis en place pour vous plusieurs indicateurs dans ce comparatif pour que vous puissiez savoir avec précision quel type de technologie est utilisé. En plus de son explication dans le texte du test, vous trouverez l’information en haut de chaque page, dans les caractéristiques du casque testé. “5.1 réel” ou “7.1 réel” correspond à la première technique, “7.1 virtuel” à la seconde et “Simple surround” à la troisième. Nous vous conseillons évidemment de lire attentivement le paragraphe concerné pour savoir si, en plus du choix de technologie, celle-ci est maîtrisée et efficace. Nous pourrons aussi, dans le cas du simple surround, ajouter un encart pour vous alerter de l’absence de véritable signal multicanaux. Il ne tient alors plus qu’à vous de faire votre choix en conséquence. Bon comparatif à tous.