A chaque génération de Gran Turismo son volant officiel. La Playstation 2 avait son GT Force, la Playstation 3 son T500 RS. Quant à la PS4, elle aurait très bien pu se contenter d’un [id:619151 T300 GT Edition] dont les qualités nous avaient largement convaincus. Mais c’était sans compter sur la volonté de Thrustmaster d’utiliser leur partenariat prestigieux pour mettre sur le marché une vitrine technologique. Un modèle dont le prix de lancement s’écarte de l’image grand public de sa licence, mais qui présage clairement de l’avenir radieux que nous prépare le fabricant. Un avenir dans lequel les moteurs brushless se montrent sous leur meilleur jour. Un avenir dans lequel vibrations et forces sont parfaitement différenciées. Mais avec tout de même une question qui subsiste : que vaut cet avenir quand on le conjugue au présent ?
Note de la rédaction
Compatibilité : Playstation 4 / PC Rotation Max : 1080° / Retour de force : Dynamique / Motorisation : 1 moteur Brushless / Palettes : Rotatives / Mémoires internes : Non / Réglage de rotation : Via logiciel / Pédalier : 3 pédales / Levier de vitesses : Optionnel / Poids volant : 5 kg / Poids pédalier: 3 kg / Connexion : filaire USB / Prix (moyen, 11/2017) : 700 €
Surprise, impatience, questionnement, enthousiasme, désillusion, estime, regret, affection. S’il est un point sur lequel le T-GT ne nous a pas déçus, c’est bien sur la gamme d’émotions qu’il nous a permis de ressentir depuis sa première présentation en mai 2016 jusqu’à son test aujourd’hui. Une période durant laquelle tout ou presque a été imaginé sur la technologie que renfermait sa base aux formes exclusives. Les courbes asymétriques qui se prolongeaient jusqu’à son énigmatique grille laissaient même le tout internet espérer un modèle à entraînement direct. Au final il n’en n’est rien. La motorisation de ce T-GT est identique à celle des TS-PC et TS-XW, basée sur un moteur brushless embarquant sa ventilation avec quelques ajustements sur le contrôle et la transmission, pour encore améliorer la précision de ce retour de force et des vibrations qu’il génère. Quant à la nouveauté, celle qui pour le coup différencie grandement ce modèle de ceux qui composent la gamme du fabricant, elle se situe bien à l’arrière de sa base, sous la forme d’un transducteur exclusif. Un générateur de vibrations contrôlées qui décuple avec subtilité le champ des possibles, mais qui limite pour le moment son utilisation à Gran Turismo Sport.
Là où les précédents volants de Thrustmaster, T150 comme T300, proposaient une double compatibilité PS3 / PS4, ce T-GT marque le pas avec un mode classique pour la dernière console de Sony ou les PC Windows, et un mode dédié à Gran Turismo Sport. Avec ce dernier, on profite de l’ajout d’une fonction de vibrations, nommée T-DFB, indépendante du retour de force et capable dans cette simulation (et uniquement dans celle-ci) de vous faire ressentir la perte d’adhérence des pneumatiques comme les débordements du régime moteur. Ces informations, habituellement transmises par la rotation de l’axe de la colonne de direction, gagnent en précision comme en subtilité, et ont surtout le bon goût de libérer le retour de force de cette charge supplémentaire pour qu’il se concentre sur la direction. Le résultat est double. Non seulement on ressent beaucoup mieux son véhicule et ses réactions, avec un véritable avantage sur tout ce qui concerne les pneumatiques, mais on profite en plus d’un retour de force éclairci de tous les petits artefacts que l’on pouvait trouver sur les TS-PC et TS-XW. Les utilisateurs de cockpits apprécieront aussi que ces infras se transmettent assez facilement dans les structures métalliques pour venir offrir un effet comparable à un Buttkicker jusque dans le pédalier.
Mais la question se pose évidemment quant à l’avenir de cette technologie. Si Thrustmaster nous a assuré avoir transmis les outils nécessaires aux différents studios pour l’intégration du T-GT dans les principaux jeux de course PC et PS4, le flou reste total lorsqu’il s’agit d’aborder la question de ces vibrations, qui pourraient rester exclusives à la licence de Sony. En tout cas, à l’heure actuelle, impossible d’en profiter dans Project CARS 2, Assetto Corsa, DiRT Rally, ou tout autre titre. Reste que cette base se montre un petit cran au dessus de ce que proposent les TS-XW et TS-PC RACER, tant en termes de force constante (celle qui vous met la pression dans les virages) que dans sa gestion des informations supplémentaires, avec ou sans l’utilisation du T-DFB. Et comme d’habitude avec le fabricant, on profite d’un design racé et d’une finition qui ne souffre d’aucune comparaison avec la concurrence. Mélange des plastiques de grande qualité avec des pièces de métal parfaitement intégrées, connecteurs accessibles et surtout une intégration totale avec l’écosystème de Thrustmaster, donnant accès à l’ensemble des accessoires et roues de volant du fabricant.
A ce sujet, la roue de ce T-GT se montre elle aussi exclusive, affichant fièrement le gros logo de la licence en son centre. Et ce que l’on peut dire de prime abord, c’est qu’elle offre un grand nombre de fonctionnalités. Si l’on excepte le pavé tactile de la Dualshock 4, c’est l’ensemble de la manette qui est présent ici, y compris les deux sticks analogiques. Une première qui permet enfin de profiter totalement du mode photo directement depuis son volant, mais aussi de se balader plus rapidement dans certains menus intégrant un pointeur de souris. A celà s’ajoutent 4 boutons rotatifs cliquables, un complément idéal pour le réglage en temps réel des paramètres de la voiture, et là encore parfaitement intégrés dans Gran Turismo Sport. Globalement, le placement de l’ensemble de ces boutons se montre efficace et leur qualité de fabrication est indéniable. On retrouve le toucher typique des manettes pour les touches Playstation, sec et rapide, mais aussi des surfaces plus larges et plus douces pour les fonctions L2, R2, Option et Share. Quant aux palettes, elles sont au niveau habituel chez Thrustmaster, avec une course plutôt longue mais un retour nerveux, parfaitement compatible avec les changements de rapport rapides.
L’ergonomie serait donc une totale réussite si elle n’était pas plombée par quelques choix assez étranges de la part du fabricant. Alors que la plupart des roues qui sortent actuellement présentent un diamètre de 30 cm, celle du T-GT se limite à 28 cm. Une paille nous direz vous ? Sauf que cela se ressent clairement en course. On ne pourra pas reprocher à cette roue de manquer de vivacité, mais le confort comme la précision pâtissent de ces dimensions réduites. La comparaison avec celle du TS-XW, magnifique réalisation en partenariat avec Sparco, n’est clairement pas à l’avantage du T-GT. Surtout qu’à la finition cuir et métal de haut vol vient s’ajouter un revêtement en plastique sur la partie basse du volant, pour un effet visuel plutôt réussi mais qui a tendance à glisser avec la sudation après plusieurs tours. En clair, la roue du T-GT oscille entre grand public et joueurs de haut niveau, avec des fonctions bien pensées pour ces derniers, mais une volonté de plaire visuellement au plus grand nombre qui se répercute sur ses performances.
Du côté du pédalier, on se retrouve face à une légère évolution de celui du T300 GT Edition, lui même très proche du T3PA. Une large plaque métallique rectangulaire surmontée d’un carénage en plastique dur et anti-dérapant, avec 3 pédales qui, cette fois, profitent de bras et de larges plaques en métal, pour un ensemble parfaitement rigide. Sous le frein, un petit cône en caoutchouc peut venir se placer pour simuler la dureté de fin de course, ce dernier rendant la fixation du pédalier obligatoire pour ne pas avoir à supporter de bascule vers l’arrière lorsque l’appui est trop fort. Les sensations sont correctes, agréables même, mais bien loin de ce que Fanatec propose à ce tarif. Disons que pour un prix de lancement avoisinant les 800€, on aurait aimé voir une vraie évolution du côté des mécanismes de pédales, avec notamment un capteur de pression sous celle du frein, eut-il seulement été optionnel. L’effort de Thrustmaster aurait même pu se faire en intégrant un T3PA Pro, capable de fonctionner en mode GT justement (avec les pédales prises par le haut), pour limiter l’impression de déséquilibre entre la base, sa roue et son pédalier.
Ce T-GT, du moins le bundle auquel nous avons affaire, nous apparaît donc en demi teinte à plusieurs niveaux, oscillant entre émerveillements et déceptions. La motorisation se montre exceptionnelle et silencieuse, mais son système de vibrations a beau être convaincant il est, pour l’heure, exclusif à Gran Turismo Sport. Il nous manque aussi ces réglages supplémentaires et profils accessibles depuis la base comme depuis le pilote PC, à l’instar de ce que propose Fanatec, pour en faire un véritable atout multi-plateformes. Côté roue, les fonctions accessibles sont formidables, mais le diamètre réduit nous paraît en décalage avec la puissance de la base et le public auquel il s’adresse. Enfin, le pédalier se montre agréable mais là encore un cran en dessous de ce que Fanatec propose à ce niveau de prix. On sent bien la progression de Thrustmaster sur de nombreux points, mais aussi quelques errances qui tirent cet ensemble vers la gamme inférieure. Ainsi, le T-GT fait systématiquement mieux que le T300 GT Edition, sans que la différence de sensations ne justifie tout à fait l’écart de prix qui les sépare, du simple au double tout de même.
Points forts
- Une excellente maîtrise de la puissance
- L’ajout de vibrations qui décuplent les sensations
- Artefacts quasiment imperceptibles
- Un ensemble particulièrement silencieux
- Une base à la finition irréprochable
- De nombreuses fonctions sous les doigts
- Dureté et sensibilité des boutons bien réglées
Points faibles
- Prix de lancement trop élevé pour cet ensemble
- La roue de volant trop petite
- Les vibrations supplémentaires exclusives à GT Sport
- Le pédalier qui n’est pas au niveau de la concurrence
- Pas de réglage du volant en direct ni gestion des profils