Difficile d’imaginer qu’un système d’exploitation issu du domaine mobile comme l’est Android puisse rivaliser avec deux acteurs historiques que sont Linux et Windows, lorsqu’il s’agit d’apporter l’expérience PC dans un salon. Et pourtant, force est de constater que le système de Google s’est montré porteur d’espoirs à ce niveau-là, bien plus que ses concurrents.

Pour commencer, précisons une chose : il n’existe pas actuellement de console Android sur le marché, réellement capable de « porter l’univers PC dans un salon ». Razer et NVIDIA ont bien dans leur carton chacun un produit qui entend combler ce vide et par extension, entrer en concurrence directe avec les boitiers de streaming type Steam Link, ou avec les Steam Machine. Mais de la Shield TV ou de la Forge TV, aucune n’est commercialisée en Europe. De fait, nous avons dû ruser un peu pour compléter cette partie de notre dossier, et sommes passés par la Shield Tablet pour nous faire une idée du potentiel d’Android dans un environnement de salon, cette dernière disposant justement d’un mode « Console », qui lui permet de fonctionner comme telle, lorsqu’elle est connectée à une TV.

Résultats des courses : une expérience extrêmement convaincante, quoi qu’encore incomplète sur certains aspects. En effet, grâce au pad sans fil fourni avec la Shield Tablet, c’est un jeu d’enfant de naviguer entre les différentes icônes du système, et de passer d’une activité à une autre, confortablement installé dans son canapé. Le contrôleur dispose en effet d’une bibliothèque de profil pour de nombreuses applications mobiles, et quand bien même ce ne serait pas le cas, il a une solution de secours : une zone tactile, simulant le fonctionnement d’une souris sur l’interface. Quant aux activités que nous mentionnions, le catalogue Android en a évidemment des tonnes à vous proposer : de la simple consultation de vos réseaux sociaux, à la lecture d’un film, ou à l’écoute de musique et en passant par le visionnage des photos de vos dernières vacances au soleil, on peut tout faire. Jusqu’à regarder directement ses chaînes TV si par exemple, on dispose d’un abonnement Canal Satellite et que l’on a installé préalablement l’application adéquate. De ce point de vue, Android nous a donné la même satisfaction que le système Windows que nous vous décrivions précédemment : du confort, de la variété dans les usages possibles, et de la stabilité…

Un catalogue de jeux encore un peu jeune

Et l’aspect vidéoludique, nous direz-vous ? Disons que sur cet argument, il convient de séparer les fonctionnalités que l’on est en droit d’espérer globalement sur cet OS, des qualités intrinsèques de notre support de test, la Shield Tablet. En effet, le produit de NVIDIA propose diverses solutions pour enrichir ses possibilités vidéoludiques, solutions qui ne seront par exemple pas disponibles sur la Razer Forge TV. Pour commencer, la Shield permet de jouer en local à des jeux Android, dont certains sont "exclusifs" aux produits intégrant un SoC NVIDIA Tegra. Cela permet à l’utilisateur de profiter d’un catalogue Android un poil plus fourni, et notamment, d’avoir accès en local à des titres plus à même d’être apprécié dans un environnement de salon, qu’un Angry Birds ou qu'un Terra Battle : Soldats Inconnus, Half-Life 2, ou Trine 2, pour n’en citer que quelques-uns.

Seconde solution propre à la Shield Tablet : le service GRID. En deux mots, NVIDIA héberge sur ses serveurs un catalogue d’une cinquantaine de jeux (au moment où nous rédigeons ce dossier), auquel il vous donne accès à volonté, en streaming, et sans installation préalable. Evidemment, il faudra une connexion à internet solide pour en profiter (En gros, la fibre), mais si cette condition est remplie, l’expérience est largement concluante, et même des jeux exigeants en termes de réactivité comme GRID 2 ou Ultra Street Fighter IV se sont montrés très agréables à pratiquer, quoi que l'on notera que nos références en la matière sont plutôt celles de "monsieur tout le monde". Il est probable que les spécialistes de jeux de combat aient d'autres exigences niveau latence, et préféreront amplement une expérience plus classique. Précisions pour terminer sur ce point que le service GRID est pour l'instant gratuit car en bêta, mais sera payant d'ici quelques semaines, selon des modalités qui restent à définir.

Enfin, le streaming de jeu PC via le réseau local sera évidemment de la partie. Et même si la tablette utilise un système propriétaire pour ce faire, il recoupe cette fois ce qui sera proposé par la Razer Forge TV, le boitier Steam Link ou les Steam Machine, à savoir, la possibilité d’accéder à son catalogue Steam installé sur un autre PC et d’en profiter via une fonction de streaming vidéo. Cette fonctionnalité est aujourd’hui rodée, et si vous disposez d’un réseau local solide (Wifi 5GHz, connexion filaire ou CPL), l’expérience est aussi fluide que variée.

Une solution complète... Et abordable

Au final, Android a su nous offrir exactement ce que l’on attendait d’un système de salon : durant une semaine, il a permis à la Shield Tablet de remplacer au pied levé la totalité de nos appareils hifi, et nous a offert un panel d’options vidéoludiques intéressantes. Même la partie rétrogaming a comblé nos attentes, puisque le système de Google regorge d’applications dédiées à cette thématique. Toutefois, on notera que l’expérience proposée restera moins complète que celle que nous avions trouvée sous Windows. Et notamment, sans le service GRID, ou le bonus de jeux proposé par la Tegra Zone, Android ne devrait finalement pas disposer d’un catalogue de titres beaucoup plus sexy que celui de SteamOS. En revanche, il a un avantage conséquent sur ce dernier : tandis qu’une machine équipée de SteamOS se négociera au minimum autour des 500€, Les Razer Forge TV et NVIDIA Shield TV seront commercialisés autour des 150-200€. Pour des appareils qui feront aussi bien office de centres multimédia, que de plateformes retrogaming, ou de vraies plateformes de jeu (avec les limites que nous venons d’exposer), le compromis semble particulièrement attractif.